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Plongée dans les zones rouge d’Europe

par Arnaud Clément
Plongée dans les zones rouge d’Europe

À mi-parcours des championnats européens, on en sait un peu plus sur l'identité probable des futurs européens, voire champions des ligues majeures. Mais qu'en est-il de ceux qu'on pourrait ne plus voir au CFC ou à L'Équipe du dimanche l'an prochain ?

La tête presque hors de l’eau

Seulement un point derrière Cardiff City, dix-septième, Crystal Palace a sans doute fait le plus dur à mi-saison : remonter des abysses. Les Eagles ont presque attendu novembre pour savoir se servir de leurs palmes. Les partenaires de Marouane Chamakh ont en effet compté jusqu’à six points de retard sur le premier relégable. Aujourd’hui, non seulement ils sont capables de gagner – quatre succès et un nul sur les neuf dernières journées – mais ils s’avèrent aussi aptes à titiller les gros poissons. Un nul contre Everton par-ci, des revers avec un seul but d’écart contre Tottenham, Chelsea ou City par-là, il y a matière à espérer. D’autant que leur public est l’un des plus fidèles d’Angleterre. À moyen égaux, nul doute qu’ils seraient déjà six longueurs devant ces ânes de Fulham, intermittents au possible.

Plus au sud, Osasuna est peu ou prou dans la même situation, à égalité avec le premier hors de l’eau, Valladolid, et une unité derrière Almería. En cause cette fois ? Un début de saison catastrophe ponctué par quatre défaites de rang. Jordan Lotiès et consorts ne cessent de courir après. Le club de Pampelune s’est tout de même rassuré avant les fêtes, avec une qualif’ en coupe face à Málaga et deux nuls intéressants face au Real et chez le Celta.

Tout le contraire de Sassuolo dans le Calcio, qui a replongé en décembre, après avoir connu un spectaculaire redressement à l’automne suite à son départ coton : aucune victoire pour cinq défaites et deux nuls. La doublette Berardi-Zaza ne sera en tout cas pas de trop pour que cette équipe imprévisible dans ses résultats, capable d’accrocher Naples, la Roma ou la Lazio, non sans avoir été mené de deux buts, mais aussi d’en prendre sept contre l’Inter ou quatre contre Livourne, s’en sorte…

Enfin, le mieux loti de tous ces mauvais nageurs reste Fribourg. D’abord parce que le club le plus français de Bundesliga (Schmidt, Coquelin et Jullien) s’est enfin débarrassé de tout le poids de l’Europa League, trop encombrant après les départs l’été dernier des cadres qu’étaient Kruse, Flum ou Makiadi. Et aussi car il occupe la seizième place, cette position un peu bâtarde qui réserve le droit à un barrage contre le troisième de 2. Bundesliga. Dernier motif d’espoir, l’équipe de Christian Streich a battu ou accroché quasiment tous ses concurrents directs lors de la phase aller.

Piège en eaux troubles ?

Coulés, non, mais touchés, ces cinq-là le sont assurément. Les parois de leurs navires semblent bien peu étanches, leur capitaine respectif au départ ont dû céder la barre, on voit mal par quelles chaloupes pourraient-il échapper aux requins, mais tant qu’il y a de la vie… Prenez d’abord Valenciennes. Au vu de la chienlit affichée avant l’arrivée d’Ariel Jacobs, peu auraient misé sur un maintien des Nordistes. D’ailleurs, déjà relégable sur la deuxième partie de saison 2012-2013, c’est comme s’ils avaient envoyé un signe aux bookmakers de la terre entière avant même que l’actuel exercice ne débute. Mais la venue du technicien belge a quelque peu changé la donne, en témoignent quelques nuls bien sentis contre Lyon ou Guingamp et le coup réalisé à Monaco avant Noël. Seul hic, le petit écart qu’il y a avec Montpellier et Évian, respectivement trois et six bouées devant.

En Premier League, West Ham et Sunderland en sont un peu au même point, dans des dynamiques toutefois bien différentes. Même à trois points de la ligne de flottaison, les Hammers rament comme des galériens depuis août, la faute à de longues blessures frappant les cadres ou recrues que sont Carroll, Downing, désormais remis, ou Vaz Te. Pour ne pas attendre des jours meilleurs comme l’Arche de Noé, le board londonien va sûrement vendre la pépite Ravel Morrison dès cet hiver pour recruter. Sur les bords de la Tamise, on entend les noms de Nikica Jelavić ou Demba Ba revenir avec insistance. Pour les Black Cats, la catastrophe Di Canio est bel et bien derrière et l’effet Gustavo Poyet parle de lui-même au vu des résultats. Le succès à Everton (1-0) ou le nul arraché à Cardiff (2-2) dans les dix dernières minutes sont autant de preuves du visage transfiguré de ses hommes. Depuis octobre et sa nomination, ils n’ont perdu que six fois en quinze sorties, toutes compétitions confondues. Ils regretteront sans doute cet écart à domicile contre Aston Villa (0-1) le 1er janvier, venu stopper une série de cinq matchs sans défaite, les laissant ainsi à quatre miles nautiques de Cardiff City.

En Italie, c’est Livourne qui figure dans cette catégorie. Après une entame ensoleillée, la houle s’est abattue sur la Toscane, pour une formation dont le bilan depuis septembre et la troisième journée est d’un seul succès pour quatre nuls et dix revers, soit moins d’un demi-point par rencontre sur la période. Heureusement que Bologne et le Chievo n’avancent guère plus vite et ne figurent que deux points au-dessus… À noter que lors des cinq dernières journées, Livourne devra se coltiner Milan, la Lazio, la Fiorentina, Udinese et Parme. Pas simple.

Soit l’exact inverse du Rayo Vallecano, qui, s’il peut encore se sauver d’ici là, jouera une chiée de confrontations directes au printemps. Deux points derrière Valladolid, les pensionnaires du Vallecas ne sont plus aussi craints dans leur enceinte coupe-gorge. La preuve, ils ont glané sept de leurs treize unités au compteur loin de leurs bases. Pour le reste, beaucoup trop de portes sont ouvertes, à commencer par celle de l’arrière-garde, pire d’Europe, la seule à avoir franchi la barre des quarante pions dans la musette des cinq grandes ligues..

La noyade est proche

Comme Isabelle Adjani dans son petit pull marine, il en est quelques-uns qui auront de grandes chances de toucher le fond de la piscine en mai. Et franchement, on ne voit pas comment ces six-là pourraient remonter. Quand un entraîneur dit de son équipe qu’elle n’a rien à faire en L1 et fait étalage de toute la faiblesse de ses hommes comme l’a fait Hervé Renard, c’est à en piquer du nez sous la flotte directement après avoir sucé du chlore. Certes, Sochaux peut en vouloir à l’arbitrage cette saison – contre Bastia et à Marseille pour les cas les plus frappants. Certes, Sochaux a battu Rennes juste avant les fêtes, sa deuxième victoire sous l’ère Renard. Mais au vu des carences affichées par les Doubistes et le petit matelas de six points qui les sépare de Montpellier, difficile d’imaginer les Lionceaux refaire le coup des trois dernières années.

Ajaccio a pourtant réussi à ramener une pêche encore plus maigre. Le seul club des cinq grands championnats à ne pas avoir dépassé la barre des dix points à pareille époque prépare d’ailleurs déjà l’après. Alain Orsoni n’a pas remplacé par un autre nom ronflant Fabrizio Ravanelli. Le président a aussi annoncé sa volonté de dégraisser l’effectif pléthorique de 30 joueurs cet hiver, pour ne pas être dans le rouge la saison prochaine. Une promesse illustrée par la fraiche signature du capitaine Pierazzi en MLS. Tallo, Crescenzi, Mutu, Popescu et probablement Zubar, Pedretti ou Ochoa pourraient en faire de même. Les jeunes devraient voir leurs contrats blindés pour l’avenir. Bref, sur l’ile de beauté, on sait déjà que les derbys en L1, c’est bientôt fini.

Le plus latino des clubs italiens, Catane, devrait probablement en faire de même l’été prochain avec sa colonie d’Argentins. Le problème des Siciliens ? Une faiblesse face au but digne du rendement en poisson des chalutiers en eaux profondes. Bergessio, longtemps blessé, Maxi López plus occupé à gérer le cas Wanda Nara, des jeunes encore tendres et voilà comment on arrive à claquer seulement dix pions en une demi-saison. Enfin douze avec la victoire importante contre Bologne hier après-midi.

Que la saison dernière doit sembler lointaine au Betis Séville, européen l’an passé et encore en lice en C3, où l’attend désormais le Rubin Kazan. Seulement, en championnat, l’affaire est beaucoup moins drôle. Les Sévillans n’ont plus lancé le cri de la victoire depuis le 29 septembre et même l’éviction de la figure de la remontée en 2010, l’entraîneur Pepe Mel, n’a pas fait grand-chose aux troupes. Le changement doit être maintenant car, comme le Rayo Vallecano, le Betis affrontera une ribambelle d’adversaires directs en fin de saison et pourrait alors s’en sortir.

Enfin, on en plaindrait presque les deux derniers challengers à ce titre convoité, Brunswick et Nuremberg. À égalité au classement quatre points derrière Francfort, quinzième, les deux équipes n’ont toutefois pas affiché les mêmes états de service durant les premiers mois de compétition. L’Eintracht Brunswick souffre d’un déficit d’expérience évident à ce niveau et, comme Catane, n’a claqué qu’une petite dizaine de buts durant la phase aller. Trop peu quand on en prend plus de trente dans le même temps… Comme Greuther Furth l’an passé, les Jaune et Bleu devraient vite retourner à leurs chères études. Tout comme Nuremberg, déjà gagnant de l’oscar du plus poissard d’Europe. En 17 matchs, le 1. FC Nürnberg, pas franchement ridicule, a récolté onze nuls pour six revers… et aucune victoire, chose que n’a su faire aucune autre équipe des trois premières divisions des cinq grands championnats s’il vous plaît ! Quand ça veut pas…

Dans le reste de l’Europe

Ailleurs en Europe, la galère touche d’autres noms renommés du ballon rond. Troisièmes l’an passé de Superliga et passés par le tour préliminaire de la C1, les Portugais de Paços de Ferreira sont aujourd’hui en rade. Lanterne rouge du championnat portugais avec neuf points, les Castors zonent à trois points de l’air libre. Eux sont aussi bons derniers, sans aucune victoire au compteur et à cinq points d’un bon bol d’oxygène : les Russes de l’Anji Makhatchkala. Depuis que Kerimov a retiré ses billes du club du Daguestan, toutes les étoiles sont parties et voilà les moins aguerris se retrouver à jouer l’Europa League et le championnat. C’est trop et ça se voit. En Turquie, c’est le club de Youssouf Hadji, Elazığspor, qui occupe la place moins enviable, détaché six unités derrière le premier sauvé. Elazığspor, dans lequel Pascal Feindouno a débuté la saison, avant de rallier Lausanne Sport, club entraîné par Laurent Roussey qui ferme la marche en D1 suisse. Quel visionnaire ce Pascal… Enfin, le gros big up de l’hiver est dédié aux Écossais d’Heart of Midlothian, là encore derniers avec la bagatelle de… -2 poins ! Placé sous curatelle et endetté à hauteur de 25 millions de livres (29.277.500 €), le club propriété d’un Russe a dû débuter la saison avec quinze points en moins de pénalité. Ou comment préparer l’après avant même d’avoir commencé à se battre.

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par Arnaud Clément

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