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Pléa, c’est doux

Par Maxime Feuillet
Pléa, c’est doux

À vingt-trois ans, Alassane Pléa s’impose comme l’un des meilleurs artificiers du championnat de France. Doublure de luxe de Mario Balotelli, le joueur formé à Lyon pourrait bien être la locomotive du collectif niçois dans les mois à venir.

Les joueurs de l’OGC Nice peuvent lever les bras au ciel. Victorieux du FC Metz à Saint-Symphorien, ils conservent leur fauteuil de leader et gardent une avance confortable sur leur dauphin et rival monégasque. Calé au fond de son siège sur le banc de touche, Alassane Pléa serre les poings et court arracher le ballon des mains de l’arbitre de la rencontre. L’attaquant niçois vient de signer le premier triplé de sa carrière chez les professionnels et offre une fois encore la victoire au Gym après ses buts décisifs à Nancy et Salzbourg. Auteur de six pions en dix matchs de Ligue 1, le buteur de vingt-trois ans a déjà égalé son record de buts sur une saison, établi l’année passée. Utilisé comme doublure de Mario Balotelli sur le front de l’attaque niçoise, le joueur formé à Lyon profite à merveille de la confiance accordée par son entraîneur Lucien Favre pour briller sur la scène hexagonale. S’il saisit pleinement sa chance sur la Côte d’Azur aujourd’hui, les dirigeants lyonnais peuvent regretter de ne pas lui avoir laissé le temps de faire ses preuves entre Rhône et Saône.

« Venez, on fait notre équipe, on joue en pro »

L’histoire entre Alassane Pléa et l’Olympique lyonnais débute en 2009. Âgé de seize ans, le natif de Lille quitte Wasquehal et le 59, et passe un essai chez les Gones. Harry Novillo, pur produit de la formation lyonnaise, se souvient : « On regardait le match depuis le bord du terrain et il ne se passait pas grand-chose. Mais dès qu’Alassane a pris le ballon, il a mis le feu dans la défense et tous ses adversaires ont eu le tournis. Un vrai phénomène. On s’est dit avec les gars : « Si ce mec signe ici, il va exploser ! » » Phénoménal sur le terrain, le garçon est plutôt timide et réservé hors des pelouses. Toujours à l’écoute de ses coéquipiers, Pléa se lie rapidement d’amitié avec les jeunes du centre de formation de la génération 92-93 menée par Umtiti, Lacazette, Lopes, Sarr, Le Pogam, Novillo ou Abenzoar. « C’était un peu le petit frère de la bande. Pas celui qui faisait les blagues, mais il était toujours à l’écoute, avec le sourire, à rigoler » , explique le défenseur Naby Sarr, aujourd’hui au Red Star.

Arrivé comme avant-centre, mais rapidement repositionné ailier droit, Pléa fait ses preuves avec ses potes sur les terrains de la Plaine des jeux à quelques mètres du stade de Gerland. « En CFA, quand tu jouais avec Lacaz et Pléa devant, tu prenais un plaisir fou, avance Harry Novillo, aujourd’hui à Manisaspor (D2 turque) après une belle expérience avec Melbourne City. Alassane était toujours dans la percussion. Si son défenseur ne le serrait pas d’emblée, qu’il laissait deux-trois mètres, tu n’avais qu’à aller au centre, attendre le ballon et le pousser au fond. » Champions de CFA (groupe B) en 2011-2012, Pléa et les siens toquent à la porte du groupe professionnel, alors dirigé par Rémi Garde, l’ancien directeur du centre de formation de l’OL. « On était tous contents d’approcher le monde professionnel. Et puis on vivait ça avec nos potes avec qui on avait grandi » , témoigne Naby Sarr, aujourd’hui au Red Star. « On avait tous le même objectif, c’était : « Venez les gars, on fait notre équipe, on joue en pro » » , complète Novillo.

Couvé par Gomis et Briand à ses débuts

La récompense arrive fin 2012, en Ligue Europa contre Kiryat Shmona. L’OL déjà qualifié pour les seizièmes de finale de la compétition, Rémi Garde fait tourner et donne sa chance à Lopes, Zeffane, Sarr, Ferri, Pléa, Novillo ou Martial. La classe biberon de l’OL l’emporte 2-0 face au champion d’Israël. Mais contrairement à Umtiti, Ferri et d’autres, Pléa ne parvient pas à s’imposer dans le groupe pro et retourne avec l’équipe réserve pour le reste de la saison. Régulièrement appelé en équipe de France U20, il manque cependant le Mondial en 2013 et suit la victoire finale de ses potes Pogba, Umtiti et Kondogbia depuis son canapé. Passé cet épisode douloureux, Pléa fait son retour chez les professionnels à l’automne 2013. « Il a peut-être été à un moment moins mature que d’autres dans son jeu et dans sa vie. Mais il a avancé en franchissant les étapes en étant à l’écoute et en travaillant. Il est conscient de tout ce qui lui reste à faire, mais également de l’opportunité qu’il a de le réussir ici » , avance Rémi Garde à son sujet en conférence de presse.

Le Nordiste grignote du temps de jeu en championnat, marque son premier but en pro en C3 contre les Croates de Rijeka et apprend aux côtés des plus anciens du vestiaire comme Jimmy Briand ou Bafé Gomis. La tête sur les épaules, Alassane Pléa évite de se mettre trop de pression : « Quand tu es jeune et que tu entres sur le terrain avec les pros, tu as toujours un peu de pression, affirme pourtant Harry Novillo. Tu es au milieu de grands joueurs comme Lisandro, Gomis, Gourcuff, tu n’as pas le droit de te louper. Tu sais que si tu laisses passer ta première chance, la seconde ne viendra peut-être pas. Alassane, lui, il s’en foutait. Il pouvait avoir Materazzi en face de lui, s’il avait le ballon dans les pieds, il tentait le dribble. » Ses débuts en Ligue 1 sont plutôt réussis, mais lors du mercato hivernal, les dirigeants lyonnais le poussent en prêt à l’AJ Auxerre pour gagner en expérience et en maturité.

Il n’entre pas dans les plans d’Hubert Fournier

« Ce n’était pas un profil de joueur que je recherchais, avance aujourd’hui Bernard Casoni, qui l’a coaché à l’AJA. Je souhaitais un joueur d’expérience et on me donne un joueur qui sortait de CFA avec très peu de matchs en pro. Mais j’ai tout de suite vu ses qualités, il avait toujours la volonté d’aller vers l’avant, de prendre la profondeur et dévorer les espaces. Il s’est imposé naturellement par ses qualités, ses performances. » Pléa se rapproche de Donovan Léon et Fred Sammaritano dans le vestiaire et participe au maintien de l’AJ Auxerre en deuxième division. Un prêt bénéfique aux yeux de Novillo, ancien joueur du Havre et de Clermont : « La Ligue 2, c’est une très bonne expérience quand tu es jeune. Ça te permet d’aller te confronter à des mecs qui en veulent, des morts de faim qui veulent atteindre l’étage du dessus. C’est l’un des championnats les plus difficiles. Le temps que tu contrôles et que tu lèves la tête, t’as déjà huit joueurs sur toi. C’est un jeu différent de la Ligue 1 où le jeu est plus posé. Cette expérience, ça l’a forgé et ça l’a endurci. »

Alassane Pléa revient dans le Rhône à l’été 2014 sous la houlette d’un nouvel entraîneur. Rémi Garde a laissé son siège à Hubert Fournier et l’ancien technicien de Reims fait comprendre au jeune attaquant qu’il n’entre pas véritablement dans ses plans. Pléa rejoint l’OGC Nice dans les derniers jours du mercato contre seulement 500 000 euros. « C’est le choix à faire. À vingt et un ans, j’ai besoin de temps de jeu. Je ne peux plus me contenter du banc ou de la réserve. Je quitte Lyon avec beaucoup de bons souvenirs. J’y garde de nombreux amis, le souvenir de bons entraîneurs. J’ai passé six saisons là-bas ; ce n’est pas rien. Mais il faut savoir faire sa route. Maintenant, je suis niçois. Et c’est la seule chose qui compte » , affirme-t-il sur le site officiel du Gym. Une étape par laquelle Harry Novillo était lui aussi passé en 2013 au moment de partir pour Mons, en Belgique : « Quitter son club formateur, c’est toujours dur. Tu quittes toute ta bande de potes. Ce n’est pas comme un prêt, là, il n’y a pas de retour, donc oui, ça a dû lui faire mal. »

« Il a appris de Ben Arfa et il apprend de Balotelli »

Et sur la Promenade des Anglais, Alassane Pléa s’impose peu à peu dans le collectif de Claude Puel. Titularisé à vingt-sept reprises en championnat, il inscrit trois buts, mais pèche trop souvent dans la finition. Touché au genou et opéré du ménisque, l’attaquant niçois manque la moitié de la saison 2015-2016, mais sa belle entente avec Valère Germain et Hatem Ben Arfa en fin de championnat convainc pleinement les dirigeants niçois. Alors quand ses deux partenaires d’attaque filent à Monaco et Paris, Pléa reste à l’Allianz Riviera et voit débarquer Mario Balotelli sur les terrains d’entraînement de Charles-Ehrmann. « Dès qu’il côtoie quelqu’un, il apprend de lui. Il a appris d’Hatem Ben Arfa et il apprend de Mario Balotelli » , explique Novillo. Et si Lucien Favre ne préfère pas aligner ses deux attaquants simultanément, Pléa endosse à merveille son costume de doublure lorsque l’international italien rechigne à s’aventurer hors des frontières de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

« Alassane a un potentiel extraordinaire à développer, mais il faut encore du travail » , selon les dires de son entraîneur à Nice en conférence de presse après la victoire à Metz. Un avis partagé par son ancien coach Bernard Casoni : « C’est quelqu’un de très agréable, qui a la tête sur les épaules. Humainement et footballistiquement, c’est du pain béni pour un entraîneur. Qu’il s’éclate, qu’il continue, qu’il profite de tout ça, il a toutes les qualités pour devenir un grand attaquant. Après, cela va aussi dépendre de sa qualité à être plus tueur devant le but. » Harry Novillo imagine lui aussi un grand futur pour son pote : « Je sais qu’il a toujours bien aimé Arsenal et Thierry Henry. Et si je ne me trompe pas, Walcott approche de la trentaine et ne sera probablement plus là dans deux-trois ans. Alors si vous avez le numéro d’Arsène, contactez-le pour moi. »

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Par Maxime Feuillet

Propos de Bernard Casoni, Naby Sarr et Harry Novillo recueillis par MF

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