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Pizzi, l’Espagnol d’Argentine

Par Léo Ruiz, à Buenos Aires
4 minutes
Pizzi, l’Espagnol d’Argentine

Après « El Cholo » Simeone et « El Tata » Martino, voilà « Macanudo » Pizzi. Le troisième Argentin en deux ans à faire le grand saut des meilleurs bancs de touche d’Argentine à ceux de la Liga. Peu connu en France, l’homme de Santa Fe est un véritable personnage du foot espagnol. Qu’il retrouve avec bonheur.

Des résultats corrects (trois victoires, trois nuls et une défaite en Liga) et une victoire de prestige au Camp Nou, les débuts de Juan Antonio Pizzi comme entraîneur du FC Valence sont encourageants. Et ce n’est pas rien de le dire. Car le tout récent champion d’Argentine avec San Lorenzo n’est pas un homme de premier coup. Pour son premier match en professionnel avec Rosario Central, en 1988, contre le grand River Plate de Ruggeri, Pizzi reçoit un gros coup de coude dans la pommette et sort sur K.O. À peine deux ans plus tôt, un choc aérien à l’entraînement lui avait déjà valu l’ablation d’un rein. « C’est avec les coups qu’on s’aguerrit » , dit-il. Des années plus tard, en 2005, le natif de Santa Fe fait ses grands débuts au poste d’entraîneur, sur le banc de l’équipe de sa ville natale, Colón, dont il était fan petit. Trois matchs et trois défaites plus tard, il est viré comme un malpropre. « Ça m’a couté très cher, ma carrière de coach a pris beaucoup de retard à cause de ça. À chaque opportunité, on me ressortait cette sale expérience. J’ai dû m’exiler au Pérou, puis au Chili pour effacer ça… » , expliquait-il dans El Grafico.

Le cauchemar du Real Madrid

Depuis, Pizzigol a refait son retard. Un titre de champion avec la Universidad Católica au Chili, une montée en première division ratée de peu avec son Rosario Central chéri et ce titre avec le San Lorenzo du pape. Suffisamment de bons résultats pour être rappelé par son second pays, l’Espagne. L’ancien buteur a beau être argentin jusqu’à l’os, c’est au pays de Juan Carlos qu’il a vécu les plus grands moments de sa carrière. Les anecdotes ne manquent pas. À Valence, Pizzi n’a joué qu’une seule saison, mais il en a profité pour inscrire le 3000e but de l’histoire du club en Liga. À Tenerife, où il a joué avec Martino et où il reste aujourd’hui le deuxième meilleur buteur de l’histoire du club avec 89 pions, il a laissé son empreinte à différentes occasions. En envoyant le club en UEFA, en terminant Pichichi en 1996 et en plantant deux gros couteaux dans le dos du Real Madrid. Fin de la saison 91-92, le Real n’a qu’à battre un Tenerife qui joue son maintien lors de la dernière journée pour être sacré champion. Après avoir mené 2-0, les Merengue prennent la foudre, perdent 3-2 et voient le Barça leur passer devant. Rebelote la saison suivante. Un 2-0 sec cette fois-ci. Au Real, Pizzi n’a pas beaucoup d’amis.

Pichichi, remuntada catalane et France 98

Mais à Barcelone, si. Son titre de Pichichi lui a ouvert les portes du Barça, où il débarque en 1996 pour épauler Ronaldo. Joker de luxe, il marque des buts décisifs et gagne l’affection du public catalan. Un match en particulier, disputé le 12 mars 1997, l’élève au rang des joueurs les plus appréciés du Camp Nou. Ce soir-là, le Barça accueille l’Atlético Madrid pour la demi-finale retour de la Coupe du Roi. « À l’aller, j’avais mis deux buts et on avait fait 2-2 au Calderón. Au Camp Nou, je suis remplaçant, et on perd 3-0 au bout de 30 minutes de jeu, un triplé de Milinko Pantić. Bobby Robson me fait entrer peu avant la mi-temps avec Stoichkov, à la place de Blanc et Popescu. On revient à 3-2, puis 4-2, puis Figo marque et Ronaldo égalise. Il reste 8 minutes de jeu, Guardiola centre pour la tête d’Abelardo, le gardien repousse et je la reprends de volée. C’était du délire. On finira par gagner la Coupe, et ce match fait encore partie aujourd’hui des 3 ou 4 plus célèbres du Barça. » C’est à cette époque que Pizzi, désespéré de porter le maillot de l’Albiceleste, fait le choix de la Roja, qui lui permettra de vivre un Euro (celui de 96) et une Coupe du monde (France 98).

L’école Van Gaal

En Espagne, et principalement à Barcelone, le nouvel entraîneur de Valence rencontre du beau monde. Et prépare sa reconversion. D’abord en tant qu’agent, mais ça ne lui plaît guère. Pizzi s’inscrit alors aux cours d’entraîneur, qu’il suit avec ses deux amis Guardiola et Luis Enrique. Admirateur des travaux du Pep, il est toutefois plutôt de l’école Van Gaal, l’entraîneur qui l’a le plus marqué. « J’ai eu du lourd : Hiddink, Heynckes, Valdano, El Patón Bauza en Argentine (qui l’a remplacé à San Lorenzo, ndlr). Mais c’est de Louis dont je me sers le plus aujourd’hui. La clarté de ses explications, les conseils spécifiques à chaque joueur, l’anticipation face à chaque possibilité de situation de match. C’était impressionnant. » Comme Martino avec Newell’s, Pizzi a fait parler de lui en transformant un San Lorenzo en sale état en un séduisant champion. De quoi convaincre le FC Valence de lui confier les rênes de l’équipe, engluée en milieu de tableau à Noël. Un Argentin de plus pour un nom ronflant de la Liga.

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