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Pity mais vaillant
Exceptionnel tout au long de la Copa Libertadores avec River Plate et buteur en finale contre Boca, Pity Martínez va rejoindre Atlanta. Juste une étape avant l'Europe ?
C’était en février 2016. En plein doute, mais avec le soutien de Gallardo, qui a tout fait pour le recruter dès son arrivée, Gonzalo Martínez envoie un missile dans la lucarne du gardien de Quilmes. Mais ce n’est pas ce geste qui reste dans les mémoires. Pour célébrer son but, Pity met son doigt sur la bouche pour faire taire un Monumental qui en avait marre de ses centres au troisième poteau et de ses dribbles inutiles. Vangioni essaie de l’arrêter, Ponzio semble lui mettre un coup de pression, mais l’ailier argentin s’en tape. Dans sa tête, c’est simple. Il s’imposera à River, numéro 10 dans le dos (qu’il refuse de léguer à D’Alessandro quand il revient en Argentine) et malgré des critiques incessantes sur son niveau. Plus de deux ans plus tard, le natif de Guaymallén est devenu l’un des meilleurs joueurs continentaux et international argentin depuis la prise de pouvoir de Lionel Scaloni. Et il a surtout offert au peuple millonario sa plus belle joie. Une victoire en finale de la Copa Libertadores contre Boca Juniors, avec le troisième but, dans les cages laissées vides par Rossi à la dernière minute de la prolongation.
Le cauchemar de Boca
Pour entrer dans les cœurs des supporters de River Plate, Gonzalo Martínez a bien galéré. Mais s’amuser avec les défenseurs et gardiens de Boca l’a bien aidé.
Souvent absent dans les grands matchs, le joueur qui a débuté à Huracán a tout fait basculer avec cette reprise de volée à la Bombonera. Surtout, il peut remercier l’exigence et l’insistance de Marcelo Gallardo, certain qu’il tenait un crack quand tous les observateurs et hinchas de River commençaient à fatiguer. Formé dans les potreros de la région de Mendoza, Pity Martínez s’est habitué à jouer avec les doutes et le murmure du public. Sur les terrains boueux de la deuxième division avec Huracán, l’ailier est largement au-dessus, même s’il semble trop docile pour supporter les coups d’un football rugueux.
Javier Pastore prend le gamin sous son aile et vit avec lui pendant trois ans, comme le racontait Martínez dans le Gráfico. Rapidement, le club de Parque Patricios comprend que ce joueur ne s’éternisera pas ici. Après son transfert à River en janvier 2015 pour 4 millions d’euros, le Muñeco lui apprend à lâcher le ballon quand il faut. Sa progression est impressionnante et aujourd’hui, il est avec Maidana, Ponzio ou Mora, l’un des joueurs majeurs du cycle Gallardo à River. Les supporters de River lui ont même dédié une chanson que le groupe entier a repris après la victoire contre Boca à Madrid. Après ce match historique, l’international argentin a annoncé son départ en janvier. Rien n’est encore officiel, mais il devrait se diriger vers Atlanta, qui va payer sa clause de 15 millions d’euros.
Une MLS trop petite pour lui ?
Aux États-Unis, il remplacera Miguel Almirón, courtisé par quelques clubs anglais. Dans les couloirs de Santiago Bernabéu, Marcelo Gallardo a rendu hommage à son numéro 10 : « J’ai énormément d’affection pour Pity. Il a eu une personnalité incroyable pour surmonter des situations difficiles, il a gagné le cœur des supporters de River, avec un travail incessant. Il s’en va par la grande porte de cette institution. On va profiter pour les derniers matchs qu’il nous reste avec lui. Et on lui souhaite le meilleur pour la suite de sa carrière. Je pense que l’endroit où il va sera trop petit pour lui, parce qu’il a tout pour réussir à un niveau supérieur. »
Difficile de faire plus clair. En attendant, Pity Martínez se trouve à un tournant de sa carrière. La sélection argentine a été confiée à Scaloni et il pourrait faire partie de la liste pour les prochains matchs amicaux. Avant de peut-être voir le Brésil pour la Copa América. En MLS, il rejoint le champion en titre et pourrait être entraîné par un coach qu’il a fait pleurer récemment, Guillermo Barros Schelotto. Sans rancune, on l’espère.
Par Ruben Curiel