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Pirlo-Verratti, de père en fils
Andrea Pirlo entame ce soir son baroud d'honneur avec la sélection italienne, qu'il quittera à l'issue du Mondial. Pour son entrée dans sa dernière Coupe du monde, il devrait être associé au milieu de terrain avec son jeune héritier, Marco Verratti. Une association aussi inédite qu'excitante aux airs d'adoubement.
La vie est un drôle de voyage. Cela fait maintenant six ans que Marco Verratti a commencé sa carrière de footballeur, et six ans qu’il apporte les mêmes réponses quand on lui pose les mêmes questions. Son modèle ? « Andrea Pirlo » . Son idole ? « Andrea Pirlo » . Marco Verratti, beaux yeux bleus, sourire ingénu et allure un peu crétine, n’avait pas perdu toutes ses dents de lait que son joueur favori distillait déjà des passes décisives à Roberto Baggio sous le maillot de Brescia. Cette nuit, pour sa première Coupe du monde, il épaulera Andrea Pirlo au milieu de terrain dans la moiteur de Manaus.
Roulette à l’entrée de la surface
L’association peut sembler naturelle. Pour Cesare Prandelli, le sélectionneur italien, elle n’est pourtant pas évidente. L’ancien entraîneur de la Fiorentina a longtemps considéré Marco Verratti comme ce type trop jeune, trop fou. Celui qui prend un carton jaune bêtement en invectivant l’arbitre de façon gratuite. Celui qui tente une roulette à l’entrée de sa surface de réparation. Celui qui ressemble tellement à Andrea Pirlo dans son jeu qu’on ne sait pas trop quoi en faire lorsqu’Andrea Pirlo est là. Et puis, patatra : Riccardo Montolivo s’est blessé. Une place se libérait à l’entrejeu. Depuis le début de la préparation, Verratti impressionnait le staff lors des entraînements, lui qui venait d’enchaîner une 2e campagne européenne d’affilée avec le PSG. Il fallait tenter quelque chose. Il fallait au moins voir ce que ça donnait. Mercredi 4 juin, pour la première fois, les deux meneurs de jeu ont été associé ensemble, lors du match amical contre le Luxembourg. Placés devant la défense, au sein d’un triangle complété par Daniele De Rossi, Pirlo et Verratti ont beaucoup combiné et se sont fait beaucoup de passes redoublées, dans des petits espaces. Voilà comment les grands champions font connaissance. Pirlo, 35 ans, était plus en retrait, cherchant ici ou là l’ouverture lumineuse pour Balotelli. Verratti, 23 ans, était plus en avant, tentant à l’occasion de pénétrer la défense adverse. Le résultat final (1-1) a déçu, pas les deux hommes, tout deux sortis avant l’égalisation luxembourgeoise.
« Il est encore très jeune, et peut devenir très grand »
Les observateurs se sont montrés sévères après cette contre-performance des quadruples champions du monde. Tout le monde sait pourtant bien qu’Andrea Pirlo n’a plus beaucoup de forces, qu’il a autre chose à faire que de trop transpirer à dix jours d’un Mondial au Brésil, et qu’il ne faut pas juger l’équipe nationale italienne sur des matchs sans enjeux. Prandelli, pour sa part, a vu ce qu’il voulait voir : « Pirlo et Verratti peuvent jouer ensemble. Verratti est prêt, y compris mentalement. Il est dans une grande condition physique. » Ne restait qu’à savoir comment le christique meneur de jeu de la Juventus avait vécu l’affaire. Sa vérité, Pirlo l’a livrée mercredi dernier en conférence de presse, à voix basse, comme toujours. Alors Andrea, cette association inédite avec ton jeune vassal ? « Aucun problème. Quand quelqu’un sait bien jouer au football, le reste ne compte pas. Il est encore très jeune, et peut devenir très grand. » Ensuite ? Ensuite, Andrea Pirlo a confirmé qu’il quitterait la Nazionale après la Coupe du monde au Brésil : « Il est temps de laisser de la place pour les autres. » Dans le meilleur des mondes, Andrea Pirlo a maintenant un mois de compétition devant lui pour former son héritier.
Par Lucas Duvernet-Coppola