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Pirlo va-t-il rester à la Juve ?
Annoncé en MLS et en Australie, Pirlo pourrait quitter le navire bianconero sur cette saison exceptionnelle et ces larmes de crocodile versées samedi soir en finale de Ligue des champions. À moins qu'il ne rempile pour une année supplémentaire à la Juve, histoire de passer le témoin tout en douceur à ses successeurs.
Samedi 6 juin 2015, Olympiastadion, 22h30 et des brouettes. Sur une ultime transversale de Claudio Marchisio, Piqué intercepte le cuir du haut du crâne, ressort vers Messi qui lance Neymar en première intention. Resté aux avant-postes pendant que toute la Juve campait devant les cages de Ter Stegen en espérant égaliser, le Brésilien combine avec Pedro, efface Pogba et Marchisio d’un une-deux parfait et fusille Buffon du pied gauche. Fin du match, le Barça est champion d’Europe pour la quatrième fois en neuf ans. Dans les minutes qui suivent le coup de sifflet de M. Cakir, les caméras de télévision se braquent sur le visage d’Andrea Pirlo. Aux abords du rond central, le numéro 21 turinois fond en larmes. Comme après la finale de l’Euro 2012. L’étreinte de Paul Pogba a beau être touchante, elle ne console pas le beau barbu. À cet instant, Andrea vient sans doute de comprendre qu’il ne disputera plus jamais de finale de Ligue des champions, lui qui en a remporté deux avec le Milan AC. À 36 ans, le maestro ne sait même pas s’il jouera encore à la Juve la saison prochaine. Mais d’ailleurs, en a-t-il encore les moyens ?
Gloire adieux
À ces pleurs qui ont beaucoup ému la planète football, l’intéressé a répondu, après coup, qu’il ne s’agissait pas de larmes d’adieux, mais bien de larmes de tristesse. « Mes larmes de samedi soir pour l’adieu à la Juve ? Non, ces larmes étaient pour une défaite en finale de Ligue des champions, pour quelque chose qui ne se reproduira peut-être plus. La tristesse était normale. » Normal… Toujours est-il que depuis quelques jours, tout le monde envoie Andrea vers la Major League Soccer ou l’Australie. Or, s’il n’a jamais réfuté l’hypothèse d’un départ en cas de victoire face à Barcelone, ces rumeurs persistantes en ont surpris plus d’un ce week-end. À commencer par les tifosi qui ne s’étaient absolument pas préparés à ce que cette finale berlinoise soit le tout dernier match de Pirlo avec la Vieille Dame. À l’heure actuelle, personne (pas même lui) ne semble en mesure de dire si l’Italien sera, oui ou non, un joueur de la Juventus en août prochain. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le poids des années commence à se faire sentir.
S’asseoir sur le banc ou regarder vers l’avant ?
Au-delà de savoir si Pirlo sera toujours bianconero l’année prochaine, il convient de s’interroger sur son impact réel au sein de l’équipe. En grandes difficultés physiques sur la double confrontation face au Real Madrid, le métronome a encore montré ses limites samedi soir devant la vitesse des Blaugrana. Contrairement à Gigi Buffon, sur qui le temps ne semble pas avoir d’emprise, Andrea commence sérieusement à accuser le coup dans les gros matchs. Samedi, pendant que Marchisio frappait au but, que Pogba faisait parler sa supériorité technique et que Vidal se battait (au sens premier du temps) sur tous les ballons, Pirlo, lui, les perdait. Moins inspiré dans ses ouvertures, parfois en retard, souvent à l’arrêt, le bel Andrea a souvent semblé perdu. Comme face au Real en demies. Et comme à plusieurs reprises cette saison. Si les blessures ne l’ont certes pas épargné, le maître à jouer turinois fut rarement à son meilleur niveau en 2015. À l’heure où Claudio Marchisio – qui n’a jamais été aussi indispensable que maintenant – s’impose semaine après semaine comme son digne successeur, la question de la place d’Andrea Pirlo au sein de l’effectif turinois commence à se poser.
Les temps modernes
Après une saison comme celle-ci, la Vieille Dame doit s’attendre à de profonds bouleversements. Ses fondations vieillissent (Buffon 37 ans, Barzagli 34, Storari 38, Pirlo 36), certains de ses meilleurs éléments sont annoncés sur le départ (Tévez, Pogba, Vidal) et d’autres, tout frais, ne demandent qu’à pousser les anciens vers la sortie (Pereyra, Morata, Dybala, Sturaro). Alors oui, cet été, il faut se préparer à ce que cette Juventus vice-championne d’Europe change de visage. Pour apporter de nouvelles idées, déjà, et pour se projeter vers l’avenir, ensuite. Selon ce principe, pas sûr qu’Andrea Pirlo – qui doit également avoir envie de lever le pied après une saison aussi exceptionnelle qu’éprouvante – ne fasse toujours partie des plans d’Allegri la saison prochaine. Si, pour le plus grand plaisir des tifosi, il décide de rester, les dirigeants devraient logiquement lui confier un rôle à la Xavi. Si, en revanche, il décide de partir, cela voudra dire qu’une page se tourne et que le club piémontais a entamé pour de bon ses travaux de rénovation. Avec cette première finale de Ligue des champions décrochée depuis 2003, la Juve post-Calciopoli est entrée dans une dimension nouvelle. Une dimension à l’intérieur de laquelle Andrea Pirlo relève peut-être plus du président d’honneur que du chef de parti.
Par Morgan Henry