- Ligue Europa
- 8e de finale retour
- Fiorentina/Juventus Turin (0-1)
Pirlo qualifie la Vieille Dame
Pendant les trois quarts du match italo-italien, la Fiorentina a géré son but à l'extérieur au match aller. Puis vint la 69e minute où un magnifique coup franc de Pirlo aura suffi à la Juve pour passer, et sortir la Fio.
Fiorentina – Juve (0–1) A. Pirlo (71′) pour Juventus Turin.
On joue la 69e minute. La Fiorentina, solide, appliquée, a pour l’instant parfaitement réussi à contenir la Juve, et tient toujours sa qualification pour les quarts de finale de cette Europa League. Sur un bon mouvement, Llorente parvient à se retourner et Gonzalo Rodríguez, déjà averti, n’a d’autre choix que de faucher l’Espagnol qui se présente face au but. Carton rouge direct. Coup franc. Et là surgit le maître, l’artiste. Si les grands clubs ne meurent jamais, les grands joueurs non plus. Après le récital de Giggs, hier soir à Old Trafford, Pirlo est la nouvelle preuve que le football des années 2000 n’est pas complètement mort. Concentré, l’Italien pose son ballon, attend que Webb se fasse respecter par le mur florentin et s’élance. Comme souvent, cela fait mouche. Lucarne droite, 1-0, ciao, arrivederci. La Juve, sans jamais briller, tient sa qualification et continue de tracer sa route jusqu’à sa finale, au Juventus Stadium. A contrario, la Viola peut nourrir des regrets. Appliquée et sérieuse, l’équipe de Montella est passée tout près d’un gros coup, mais conserve ainsi sa place, et son titre. Celui d’équipe la plus romantique du football italien.
Gómez, à deux doigts
Malgré l’horaire avancé de la rencontre, les deux formations se retrouvent pour la quatrième fois de l’année dans un Artemio Franchi loin d’être plein, mais bouillant et prêt à en découdre. Et pour cause, plus qu’un quart de finale, c’est l’occasion d’humilier la Juve et de la priver de « sa » finale. Et ça, Antonio Conte l’a bien compris. Alors qu’il avait fait tourner son effectif à l’aller et au stade précédent face à Trabzonspor, cette fois, le technicien ne fait plus dans la surprise. La Juve n’a pas le choix, et doit faire parler la poudre. Le tandem Llorente-Tévez retrouve sa place à la pointe de l’attaque, tandis que Pogba, remplaçant à l’aller, s’installe au milieu, aux côtés de Vidal et Pirlo. En face, Montella a également compris que ce match avait tout d’une finale, et réinstalle Cuadrado et Gómez, héros du premier acte, dans son onze type. Et d’entrée, la Viola veut montrer ses biceps. Les Florentins posent le pied sur le ballon et après une belle frappe d’Iličić, Gómez, bien lancé en profondeur, voit son ballon rater le cadre d’un cheveu (2e). Si l’entame de match est poussive côté bianconeri, l’équipe ne plie pas et va peu à peu rééquilibrer les débats. Le bloc remonte, et Tévez, malin, manque tout juste de récupérer une passe en retrait de Rodriguez, mais Neto avait bien anticipé. Dans la foulée, Pogba se procure la plus grosse occasion de cette première mi-temps en piquant parfaitement sa tête, mais le gardien brésilien fait preuve d’un réflexe incroyable, avant que l’arbitre ne siffle une position de hors-jeu du Français (23′). Si la Juve reprend peu à peu le contrôle du match, la tension est bien présente, et les 22 acteurs souhaitent avant tout ne pas commettre d’erreurs. Pizarro, sur une belle demi-volée, et Iličić font trembler Buffon (23′,39′) tandis que Pirlo, sur un coup franc (déjà) qui passe au-dessus et Tévez, d’une demi-volée sur une belle remise de Vidal (31e, 38e), tente de retourner la situation. Howard Webb et sa dégaine de hooligan repenti sifflent la fin d’un première mi-temps (trop) équilibrée, et assez pauvre en occasions franches.
Pirlo, le clutch player
Au retour des vestiaires, les hommes de Montella connaissent leur premier coup dur. Pizarro doit quitter les siens sur blessure, et il est remplacé par le vétéran Massimo Ambrosini (47e). Pas de quoi annihiler les ambitions fiorentines. Sur un coup franc, Valero a l’occasion de donner l’avantage aux siens, mais sa frappe est bien captée par le champion du monde 2006 (51e). Puis le Colombien Cuadrado, déjà auteur de 9 buts cette saison, envoie un missile que Buffon détourne tant bien que mal (58e). Malgré les efforts de Tévez, très percutant, la Juve peine à réellement s’approcher du but de Neto. Dans ces moments-là, c’est souvent le destin qui se charge de faire la différence. En une minute, le match bascule. C’est d’abord Llorente, bien trouvé à l’entrée de la surface, qui se retourne astucieusement, et provoque l’expulsion, logique, du capitaine Rodriguez (69e). Le stade frémit, car aux 18 mètres, ce n’est pas n’importe qui qui se présente avec le ballon en main. Pirlo s’avance et exécute la sentence. Forte, précise, dans la lucarne droite de Neto, impuissant (0-1, 70e). Le train est passé pour la Viola. Lichsteiner, entré en jeu, sert bien Llorente, puis tente une frappe après un petit slalom, mais ne parvient pas à doubler la mise. Un carton jaune de chaque côté et Webb signe l’arrêt de mort de la Viola, en portant son sifflet à ses lèvres. La Juve peut souffler, et les tifosis bianconeri peuvent déjà commencer à envisager la construction d’une statue. Bon courage pour la barbe.
Par Paul Piquard