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Pirlo et Verratti, un fantasme et une équation

Par Markus Kaufmann
Pirlo et Verratti, un fantasme et une équation

Andrea Pirlo et Marco Verratti parviendront-ils à écrire ensemble un bout de l'histoire de la Nazionale d'Antonio Conte ? C'est ce qu'a affirmé le sévère sélectionneur italien lors du dernier rassemblement des siens, il y a un mois. Seulement, le terrain a montré que le chemin pour arriver à une combinaison naturelle père-fils sera périlleux.

Lors de la saison 2011-2012, le football italien est plongé dans la préparation de l’Euro polonais-ukrainien lorsqu’il voit émerger deux étoiles au centre de deux galaxies différentes. En Serie A, Andrea Pirlo illumine la Juventus en réveillant un rythme évanoui et des trajectoires oubliées. En Serie B, les courbes et la voracité de Marco Verratti font briller Pescara et ses flèches Immobile et Insigne. Si l’Italie hallucine, c’est parce que les deux étoiles connaissent des ascensions curieusement similaires. Les deux meneurs occupent la même position sur le terrain, dans l’axe devant la défense et souvent entre les deux centraux. Ils partagent le même goût pour les longues paraboles décisives. Et ils démontrent surtout la même capacité de gestion du temps et de l’espace. Lors de l’été 2012, Pirlo charme le monde entier à l’Euro, et Verratti fait chavirer le cœur de Leonardo à Paris. Alors que l’Espagne remporte une dernière compétition internationale en s’appuyant sur ses cerveaux Busquets, Alonso, Iniesta et Xavi, une prophétie italienne semble enfin toute tracée : la Botte est enfin armée pour rivaliser sur le terrain du ballon et du jeu.

Conte, une attente et des questions

Deux ans plus tard, au Mondial brésilien, Prandelli tâtonne entre différents styles de jeu et finit par ne pas choisir. Verratti est parfois titulaire, mais toujours remplacé. Pirlo reste indéboulonnable malgré un déclin de forme évident. Entre les deux, Motta est sur le banc, De Rossi joue sans convaincre, et Marchisio s’efforce de donner tout ce que les autres n’ont pas entre les lignes, au prix d’un carton rouge fatal contre l’Uruguay. Devant, Balotelli est placé en sauveur sans soutien, ni tactique ni moral. Antonio Cassano n’est plus là pour transformer des cailloux en bijoux. Et au pays du dribble, la Nazionale tombe dans le piège de la possession stérile. L’Italie gère le ballon (58% contre le Costa Rica, 55% en infériorité numérique contre l’Uruguay), mais concentre son contrôle du jeu sur la relation Bonucci-Pirlo. Le lien avec les mouvements des latéraux et la création des offensifs, autrefois pris en charge par la vision de Pirlo et les talents de Cassano, disparaît petit à petit. Et l’Italie chute.

C’est dans ce contexte que Conte devait apporter sa science du mouvement et mettre en place un système de jeu où les nombreux « coureurs » italiens sauraient transformer leurs courses en créations. C’était le plan initial : une Italie intense, physique, constante et dure à jouer pour ses adversaires. Mais en octobre 2015, plus de trois ans après l’Euro 2012, Conte semble avoir encore envie d’insister sur les beaux pieds. Au nom du talent, pour l’histoire, ou peut-être plus simplement par loyauté envers Pirlo. Alors que l’ex-Juventino avait déjà montré des signes inquiétants de déclin en fin de saison dernière et qu’il est entre-temps parti à New York, Conte ne se fait pas de raison : « Tant qu’Andrea a cet enthousiasme et cette envie pour jouer et donner l’exemple sous ces couleurs, il a une place fixe en équipe nationale » , avait-il dit en conférence de presse. Et Marco ? Le génie parisien serait destiné à jouer un second rôle, étant encore « en plein apprentissage » : « Marco s’améliore, il devient un joueur complet : il récupère des ballons, il donne de l’intensité, il gagne en maturité. Mais je ne le vois pas devant la défense, d’après moi sa position idéale est celle de milieu intérieur. (…) Avec Pirlo, ils peuvent évoluer ensemble, oui. » Le constat est clair : non seulement les deux joueurs peuvent évoluer ensemble, mais en plus, ils sont complémentaires. Contre Malte, le 3 septembre dernier, Conte a ainsi lancé son 4-3-3 avec Pirlo en sentinelle, Verratti en milieu intérieur droit et Bertolacci dans un rôle similaire à gauche. Devant, le trident était composé de Gabbiadini, Pellè et Eder.

L’échec contre Malte

Seulement, Verratti est déjà plus qu’un milieu intérieur à la Vidal, Pogba ou Marchisio. Et sauf s’il parvient à réaliser un ultime spectacle en juin prochain, Pirlo semble dramatiquement destiné à devenir moins qu’une sentinelle. Avec l’Italie cette année comme avec la Juventus l’an passé, le meneur fait plus souvent la différence sur phase arrêtée que dans le jeu, et devient une charge défensive permanente pour ses coéquipiers. Contre Malte, le triangle italien s’est ainsi mis en place au milieu dès les premières minutes. Bonucci donne à Pirlo, qui sert Verratti, qui décale sur le côté. Parfois, le ballon finit par être centré. Parfois, il revient dans les pieds de Marco, puis Andrea, puis Bertolacci. Mais cette Italie semble paradoxalement coupée en deux. D’un côté, Conte met en place une paire Pirlo-Verratti pleine de contrôle, réflexion et gestion du ballon. De l’autre, il aligne une attaque plus habile en conquête des seconds ballons qu’en échange de passes courtes. Dans ce contexte, il suffit que le troisième milieu soit plus un gestionnaire qu’un accélérateur – Bertolacci puis Parolo – et la Squadra Azzurra retombe dans les travers avalés sous Prandelli. Ici, la candidature de Bonaventura est intéressante.

Au bout de plusieurs longues séquences de stérilité en première période, Pirlo doit demander à Verratti de s’avancer d’une dizaine de mètres, peut-être à contrecœur. Il y a quinze ans, déjà, lui-même jouait plus haut que son jeu ne l’aurait voulu. Cette fois, c’est le barbu qui demande à son héritier d’aller faire le trequartista pour pouvoir mener l’opéra tout seul. Mais Pirlo n’en a plus les jambes. Alors que Malte s’est rapidement regroupé autour de sa surface dans un 5-3-2 très compact, l’Italie tombe dans la surproduction de centres : 36, au total. Graziano Pellè ne peut lutter tout seul dans la surface. Signe de l’impatience italienne ou du manque de cohérence tactique du système mis en place, c’est finalement Pirlo lui-même qui lance le plus grand nombre de centres : 8 (dont 2 réussis). Dans ce contexte, la spontanéité de Candreva (entré en jeu en seconde période) et Darmian brille logiquement parce qu’elle fait la différence. Mais le plus inquiétant est ailleurs : sans le but de Pellè (sur un centre de Candreva), Alfred Effiong aurait pu faire les gros titres en profitant de l’absence de couverture défensive.

Italie, père et fils

Le lendemain, la Gazzetta dello Sport sanctionne : « Pirlo ressemble bel et bien à un joueur qui finit sa carrière aux États-Unis » et « Verratti ne transforme pas les bonnes actions en actions décisives : il est possible qu’il ait son meilleur rendement lorsqu’il est entouré des stars du PSG, mais qu’il n’ait pas encore la stature pour porter sur ses épaules une équipe peu excellente. » Mais Conte peut aussi compter sur le talent de Motta et de Pastore : Motta lui-même, qu’il n’a pas appelé, et Franco Vázquez, laissé sur le banc. Au-delà des questions tactiques, l’Italie semble incapable de faire confiance au fils avant d’avoir vraiment tué le père.

Quelques jours plus tard contre la Bulgarie, Conte remplace Pirlo par De Rossi pour renforcer l’autorité défensive de l’escouade. Le Romain marque sur penalty avant de se faire expulser, Verratti (sans Pirlo) suffit pour maintenir la possession avec dix hommes, et l’Italie reproduit une performance jumelle : 1-0. Un argument de plus pour une théorie : un grand joueur n’en est plus un lorsqu’il arrête de simplifier le travail de son entraîneur. Et l’équation de Conte se complique avec Pirlo : comment donner à la fois plus de responsabilités à Verratti et plus de garanties défensives tout en maintenant Pirlo ? Aujourd’hui, il est probable que le New-Yorkais vienne à l’Euro français dans le costume d’un joker de luxe. La question est de savoir si l’Italie acceptera que Verratti porte celui de maestro.

France-Israël : personne ne veut prendre sa place

Par Markus Kaufmann

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