Tu joues depuis l’année dernière au Portland Timbers, comment es-tu arrivé là-bas ?
Je suis arrivé ici parce que j’étais en grande difficulté à West Ham où je ne jouais vraiment pas beaucoup. C’est Mikaël Silvestre qui m’a quasiment fait venir aux Portland Timbers. Un attaquant de Portland venait de se blesser et il m’a conseillé auprès du coach. Les dirigeants m’ont appelé, j’ai fait un essai de quelques jours et ils m’ont pris.
Le fait qu’un autre Français était déjà dans l’équipe t’a-t-il motivé dans ton choix ?
Mikaël était là depuis quelques jours seulement. Il n’était donc pas en position de faciliter mon adaptation, mais tout s’est très bien passé. J’ai mis un peu de temps à retrouver une bonne condition physique, je ne jouais donc pas beaucoup au début. Mais ça a assez vite changé et je me suis petit à petit acclimaté. Et puis le fait d’avoir réalisé une très bonne saison collectivement a forcément facilité l’adaptation.
Comment tu as vécu son départ ?
Ça me chagrine un peu, mais c’est le foot. Ça marche comme ça. J’espère simplement qu’il va rebondir parce que c’est vraiment un bon gars. Il ne mérite pas de quitter le foot de cette façon (Mikaël Silvestre a résilié son contrat fin janvier, ndlr).
Niveau foot, ça donne quoi la MLS ?
C’est un championnat très physique où tout se joue sur de longs ballons. On sent que c’est encore en plein développement, mais il y a déjà quelques équipes très performantes. Je pense d’ailleurs que la MLS tend à se rapprocher de la Premier League où tout est basé sur le fitness. C’est beaucoup moins tactique qu’en Italie ou en France, même si ça commence également à changer de ce côté-là. L’arrivée de plus en plus conséquente de footballeurs sud-américains encourage ce genre d’approche tactique, plus technique que physique.
L’engouement pour le football est-il comparable à la France ?
À Portland, le football est vraiment très important. Le stade est plein toute l’année. On a 23 000 fans qui nous suivent en permanence. Tous les prochains matchs sont déjà sold out d’ailleurs. Il y a un réel engouement pour notre équipe : entre 8 000 et 15 000 supporters nous accompagnent régulièrement pour nos matchs à l’extérieur. C’est admirable quand on sait les distances qu’il peut y avoir entre les villes aux États-Unis.
Aujourd’hui, c’est quoi ton quotidien ?
Mon quotidien est assez simple : je dois arriver à 9h pour commencer l’entraînement à 10h et le terminer à 12h30. Ensuite j’ai tout l’après-midi pour mes différentes occupations. Étant en fin de carrière, je commence sérieusement à réfléchir à la suite. J’ai déjà un projet en tête, mais je préfère ne pas encore en parler tant qu’il n’est pas complètement abouti.
Tu connaissais déjà les États-Unis avant d’arriver ici ?
Pas vraiment. J’étais déjà venu en vacances, mais sans plus. En tout cas, c’est un pays très agréable à vivre où tout est fait pour être bien et donner le meilleur de soi-même. Il y a beaucoup de règles, tout est carré et tout le monde respecte ces règles. Même s’il y a des crises, bien entendu.
En parlant de crise, comment est la vie à Portland ?
C’est une ville super avec pas mal de verdures. Il y a aussi beaucoup de montagnes et de chutes d’eau aux alentours. D’ailleurs, on est à une heure en voiture de la montagne et de la plage, c’est parfait ! L’inconvénient, c’est qu’il pleut beaucoup, d’où la verdure. Mais à part ça, Portland a plein davantage : ce n’est pas une très grande ville, l’ambiance y est bonne et il y a deux grosses entreprises, dont Nike, qui lui permettent de s’en sortir économiquement. C’est donc une ville parfaite quand tu as une famille et des enfants.
Et côté population, ça donne quoi ?
Tout le monde est vraiment très sympa. Mais j’ai l’impression que c’est pareil dans tous les États-Unis, où les gens sont très gentils et toujours souriants. J’ai l’impression qu’il y a toujours quelqu’un pour t’aider. On est très loin du cliché américain véhiculé en France.
D’un point de vue personnel et financier, c’est quand même une sacrée aventure de vivre la MLS, non ?
Pour tout te dire, je ne suis pas venu ici pour l’argent. J’aurai touché la même somme, voire plus si j’étais resté au chômage en Angleterre. Après, c’est sûr que Portland étant dans l’Oregon, il n’y a pas de taxes ici. Mais si j’ai signé dans ce club, c’est parce que j’adore le foot et que je peux encore y jouer. Dernièrement, on m’a même dit que je courais comme un mec de 28 ans. Ça encourage (rires) ! Et puis l’Amérique me permet d’avoir une qualité de vie excellente, de renforcer mon anglais et, pourquoi pas, d’envisager l’après-carrière.
Tu as des regrets sur ta carrière en France ? Ou simplement sur les dernières années en Angleterre ?
Non, aucun regret. Il faut savoir que je suis parti de loin et que je n’ai jamais été en centre de formation. Je ne savais pas du tout que je serai professionnel. Après, tout ce que j’ai fait, je l’assume complètement, même les mauvaises décisions. Mais ce n’est pas dans mes habitudes de regretter ou de m’attacher au passé, je préfère croquer la vie à pleines dents.
À travers les différents clubs que tu as connus en France, lesquels te restent particulièrement en mémoire ?
Je pense que mes meilleurs souvenirs viennent de St-Étienne. J’étais dans une équipe super agréable et les résultats suivaient. Monaco aussi reste assez spéciale, c’est là-bas que j’ai connu ma première sélection nationale.
Tu continues de suivre la Ligue 1 ? La transformation de Paris, le retour de Monaco, tu en penses quoi ?
En tant que grand supporter de Paris, je suis très fier de l’équipe actuelle. Et puis, je reste en contact avec Nicolas Douchez, avec qui j’ai joué au Paris FC il y a de ça de plusieurs années. J’ai pas mal de potes en France, je continue donc de suivre.
Tu as 35 ans maintenant, tu songerais à revenir en France ?
Je ne pense pas. À mon âge, c’est très dur de jouer dans un championnat européen. Je tire donc mon chapeau à Olivier Sorlin (rires) ! Plus sérieusement, je reviendrai peut-être en France pour le projet dont je parlais tout à l’heure, les règles dans le football y semblent plus souples qu’en MLS.
Petit pronostic pour le Mondial, tu vois comment le parcours de la France et des États-Unis ?
Ce serait beau de retrouver la France en finale contre le Brésil, comme en 1998. On a une équipe qui est très jeune et qui peut vraiment soulever des montagnes. On l’a vu contre l’Ukraine. En revanche, j’aurais beaucoup de mal à juger l’équipe des États-Unis. C’est une formation très physique, mais je ne connais pas vraiment leur capacité.
Nicolò Barella, le 10 que l’Italie attendait ?