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Piqué de business
Après avoir investi dans le développement de nouvelles entreprises et activités en tous genres, notamment via sa société Kosmos, Gerard Piqué a donc racheté le FC Andorra fin décembre. Un club andorran évoluant en cinquième division espagnole, pour lequel il aurait de grandes ambitions. Peut-être une étape de plus pour valoriser sa potentielle candidature pour la présidence du Barça, en 2021.
Il paraît que Gerard Piqué est un homme riche. Ce qui n’est pas tout à fait surprenant, quand on se pose comme l’un des meilleurs défenseurs de la décennie. Tout ça n’empêche pas le Catalan de naissance de conserver une part de mystère. Notamment autour de ses émoluments, alors que le montant des revenus fixés par son nouveau contrat signé avec le Barça en 2018 n’a pas été dévoilé. On n’en sait franchement pas plus sur l’argent que ce dernier touche grâce aux entreprises dans lesquelles il a investi ces dernières années. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que Piqué commence très concrètement à lorgner sur le football. En atteste le rachat effectué par sa firme d’investissement, Kosmos, du FC Andorra, un club de cinquième division espagnole.
Renaissance
Kosmos et Piqué ont commencé par éponger les 200 000 euros de dettes du FC Andorra, avant d’annoncer vouloir faire du club de la principauté une formation professionnelle compétitive dans un futur proche. Pour l’heure, le club végète en cinquième division, et une question se pose. Pourquoi Piqué irait donc fourrer son museau en Andorre ? Certaines mauvaises langues avancent déjà qu’il s’agit d’un moyen pour le joueur de mettre le pied dans un état à la fiscalité avantageuse, même si, en Andorre, la nouvelle a été positivement reçue, avance Iván Álvarez Cauyola, journaliste au Diari d’Andorra, un quotidien andorran : « Disons qu’ici, les gens sont contents, mais aussi très surpris de l’identité de l’acheteur. Le club a depuis plusieurs années des problèmes financiers, mais aucun entrepreneur andorran ne s’était manifesté. »
Reste à savoir pourquoi Piqué a choisi de mettre le grappin sur le FC Andorra, plutôt que sur un club espagnol plus classique : « On ne sait pas vraiment. Je sais qu’il aime Andorre, il y vient souvent et possède une maison à 30 kilomètres de la frontière andorrane, poursuit Iván Álvarez Cauyola. Sinon, Le FC Andorra est le plus vieux club d’Andorre fondé en 1942, mais il n’a jamais rien gagné. Le plus haut niveau atteint par le club est la troisième division espagnole. » Le défenseur barcelonais, qui occupera la fonction de président du club, ne pourra par ailleurs pas vraiment miser sur la ferveur populaire locale. « En fait, en Andorre, la passion pour le football n’est pas exceptionnelle, nuance Iván Álvarez Cauyola. En tout cas, pas plus que pour le rugby, le ski et le basket, où le Bàsquet Club Andorra évolue en première division espagnole. » Le timing choisi par Piqué pour acheter le club est, lui, plus explicite : « Il a profité de l’adoption d’une nouvelle loi sur le sport votée en décembre, qui permet aux capitaux étrangers d’alimenter les fonds des clubs de la principauté. »
Coup de pouce du Kosmos
Le désir de Piqué d’entreprendre dans le football n’est cependant pas si surprenant. Personne n’ignore que l’élégant défenseur barcelonais est en effet devenu « mès que un jugador » . Ces dernières années, il a notamment investi dans Natrus, une petite entreprise de viande catalane spécialisée dans la production de hamburgers de haute qualité, est propriétaire de Sol Kypers, sa marque de lunettes de soleil, a participé au lancement d’une boisson énergétique, 426 Miles, créé l’entreprise Kerad Games qui développe des jeux vidéo (désormais fermée) et fondé en 2017 eFootball.pro, une société dédiée au sport électronique. Piqué est surtout passé à la vitesse supérieure en créant la société d’investissement Kosmos, qui a mis 2,5 milliards d’euros sur la table pour refonder de fond en comble l’organisation de la Coupe Davis pour les 25 prochaines années.
Presentación de la @DavisCup en Madrid. #DavisCup #DavisCupMadridFinals pic.twitter.com/VWhIjLcFJr
— Gerard Piqué (@3gerardpique) 17 octobre 2018
Kosmos, une entreprise où Piqué est partenaire de Hiroshi Mikitani, président du groupe de commerce électronique japonais Rakuten, dont le chiffre d’affaires dépassait les 7 milliards d’euros en 2017. Mikitani serait aussi un ami du défenseur catalan, avec qui il a initié la signature du contrat de sponsoring faramineux conclu entre la multinationale japonaise et le Barça. Ce dernier rapportera aux Blaugrana 55 millions d’euros par an jusqu’en 2021, alors qu’ils touchaient 33 millions d’euros avec Qatar Airways, leur précédent soutien principal.
Monsieur le Président
Barcelone, qui, à en croire Piqué, constitue peut-être l’alpha et l’oméga de son après-carrière de joueur : « J’aimerais devenir président du Barça… Je ne me vois pas entraîneur… Être président du club, cela pourrait me convenir. » Dans cette optique, se faire la main en prenant la direction d’un club engoncé dans les bas-fonds du football ibérique pour lui faire remonter la pente ne ressemble a priori pas à une mauvaise idée. Même si le défenseur du Barça ne pourra pas s’appuyer sur un quelconque lien entre Andorre et la Catalogne pour valoriser son projet auprès des fans blaugrana. « Il y a une proximité géographique, mais c’est tout, pose Iván Álvarez Cauyola. L’unique lien, c’est que le catalan est la langue officielle en Andorre. D’ailleurs, quand la Catalogne a récemment voté pour son indépendance, personne ne s’est senti concerné ici. Les gens se disent andorrans, pas catalans. » Qu’importe, s’il réussit à refaire du FC Andorra une équipe qui gagne, Piqué aura déjà réussi son pari. Et à marquer quelques points en plus, en vue d’une échéance qui se résume à une date : 2021. Soit l’année où se tiendra l’élection du prochain président du FC Barcelone.
Par Adrien Candau
Propos d'Iván Álvarez Cauyola recueillis par AC