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Pioli à l’Inter ? Dommage, Antonio…
Si l'arrivée imminente de Stefano Pioli au poste d'entraîneur de l'Inter a l'air de satisfaire les supporters et les joueurs du club, il y en a un qui doit secrètement maudire sa direction. Cet homme, c'est Antonio Candreva, dont les relations avec Pioli n'ont jamais été simples à la Lazio.
Il est italien, plutôt jeune pour un entraîneur (cinquante et un ans), connaît parfaitement la Serie A, aime le beau jeu, s’avère un adepte du 4-3-3 et du 4-2-3-1… Que demander de plus ? Stefano Pioli, dont l’officialisation au poste d’entraîneur de l’Inter devrait arriver aujourd’hui après que la Lazio l’a libéré de son contrat, a tout pour plaire aux Nerazzurri. Certains haussent légèrement les sourcils en évoquant ses trois années de joueur à la Juventus, mais sans crier au scandale, puisque cela remonte au milieu des années 1980 et que le natif de Parme n’a jamais montré de grand attachement pour la Vieille Dame. D’autres restent sceptiques devant le palmarès du bonhomme (néant), mais savent que ce n’est pas aux commandes de Bologne, Parme, Palerme ou, dans une moindre mesure, de la Lazio qu’on gagne des titres ces dernières années.
En Italie, ce qu’on retient surtout de Pioli, c’est sa saison 2014-2015 avec la Lazio : une troisième place en championnat acquise lors de la dernière journée, avec un succès complètement dingue 4-2 chez le Napoli, un jeu offensif rapide et léché récompensé par 71 buts, soit la deuxième meilleure attaque de l’année en Serie A, et une finale de Coupe d’Italie folle, perdue en prolongation contre la Juventus. C’est emmenée par le quatuor offensif Felipe Anderson-Klose-Mauri-Candreva que la Lazio fait vibrer l’Italie cette année-là. Le premier dribble tout ce qui bouge et lance une collection de reins (dix buts, huit passes dé), l’Allemand marque treize buts en championnat, le troisième est dans la forme de sa vie, et Candreva sort sa meilleure saison en faisant trembler dix fois les filets et délivrant treize passes décisives.
La rupture
Pourtant, au terme de cette saison quasiment idyllique pour les Romains, tout fout le camp entre Pioli et Candreva. En effet, alors que la deuxième saison de Pioli à la tête de la Lazio n’a pas encore commencé, le coach doit désigner un nouveau capitaine, puisque Ledesma est parti et que Mauri, à cause de ses problèmes extrasportifs, est dans un premier temps écarté du club. Véritable cadre sur et en dehors du terrain depuis trois ans et demi, Candreva est sûr d’être choisi pour porter le brassard. Seulement, comme il le racontait récemment à Eurosport, les choses ne se passèrent pas ainsi : « Un jour, Pioli est venu me dire que Lucas Biglia serait le capitaine, sans me donner d’explication, (…) et m’a proposé le rôle de vice-capitaine. Je n’ai rien répondu et suis retourné dans ma chambre. Après avoir réfléchi à cela, j’ai appelé l’entraîneur et lui ai dit que si je ne pouvais pas être capitaine, je n’étais pas prêt à tenir le rôle de vice-capitaine. Depuis ce jour, je n’ai plus été le même. »
Les relations entre les deux hommes en prennent un énorme coup, alors que, lors de la première saison, les excellents résultats de la Lazio aidant, celles-ci étaient tout à fait cordiales. Les poignées de mains deviennent froides et les sourires se font rares. Pour ne rien arranger, dès le mois d’août, la Lazio perd la Supercoupe d’Italie contre la Juventus, est évincée de la Ligue des champions dès les barrages et ne produit plus le même jeu. Au début du mois d’avril 2016, le club pointe à une quelconque 8e position de Serie A, se fait sortir de Ligue Europa par le modeste Sparta Prague en 8es de finale et se retrouve humiliée 4-1 dans le derby de Rome. Des résultats qui poussent le club à limoger Stefano Pioli. Très vite, le bruit court qu’Antonio Candreva n’est pas innocent dans cette décision et incitait la direction à aller dans ce sens depuis des semaines. Bouc émissaire, le bon Stefano ?
Retrouvailles
Depuis, l’international italien a signé à l’Inter, car il avait fait le tour à la Lazio. Malgré le mauvais début de son club avec Frank de Boer (9e avec treize points de retard sur la Juventus et dernière de son groupe de Ligue Europa), lui réalise un début de saison plutôt positif. Un but génial en Ligue Europa, quelques passes décisives et une activité incessante l’ont déjà propulsé titulaire indiscutable aux cotés d’Icardi et Perišić. Oui sauf que, pour remplacer De Boer, les dirigeants interisti ont choisi… Stefano Pioli. Aïe.
Avec l’arrivée de l’ancien coach de la Lazio, plusieurs questions se posent. Candreva garde-t-il encore de la rancœur en lui ? Pioli réservera-t-il un traitement « spécial » à son ancien joueur ? Pas sûr, tant les deux hommes savent qu’ils auront besoin l’un de l’autre pour une saison réussie et que, bon gré mal gré, c’est ensemble, lors de la saison 2014-15, qu’ils ont produit leur meilleur football. Espérons juste que Pioli n’a pas trop lu les récentes déclarations de son ex-futur joueur : « À la Lazio, j’ai eu une très belle relation avec Petković. Avec Reja aussi. Et avec Pioli… un peu moins, dirons-nous. »
Par Nicolas Basse