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Pink Floyd, Fearless et You’ll never walk alone

Par Gabriel Cnudde
Pink Floyd, Fearless et You’ll never walk alone

C'est une anecdote que les fans des Pink Floyd ne peuvent ignorer : au début et à la fin de Fearless résonne le célèbre You'll never walk alone d'Anfield. Mais que vient faire ce chant emblématique dans un morceau de Gilmour et Waters, proclamés supporters d'Arsenal ?

Difficile, dans la discographie de Pink Floyd, de dégager un album « meilleur » qu’un autre. Si Dark Side of the Moon s’est imposé au grand public comme le plus représentatif du groupe et de la mouvance du rock progressif en général, il n’éclipse pas pour autant les autres concept-albums du groupe. Si les premiers opus sont rendus un peu moins accessibles par la folie d’un Syd Barrett constamment ravagé au LSD, ils n’en sont par exemple pas moins inoubliables. Trois ans après l’exclusion de ce même Syd Barrett, et un an seulement après la sortie de l’excellent Atom Heart Mother, Meddle débarque dans tous les foyers équipés de platine et de bon goût. Et le choc est immense. Le groupe abandonne finalement tout ce qui le liait encore à Syd Barrett, passe du psychédélique au progressif, David Gilmour s’affirme comme un des deux grands visages du groupe, et Roger Waters poursuit sa route vers la mégalomanie. Le « deuxième » Pink Floyd naît avec Meddle. Et c’est peu dire que l’accouchement est réussi. Pour beaucoup, c’est d’ailleurs sur cette galette que se trouve le meilleur morceau des Floyd, Echoes. Au milieu de la face A, Fearless fait tiquer tous les fans de football.

You say the hill’s too steep to climb

À plusieurs reprises (très tôt dans la chanson, au milieu et en clôture), la bande instrumentale est couplée à un enregistrement de You’ll Never Walk Alone chanté par des supporters. Mark Blake, auteur d’un des livres les plus complets sur l’histoire du groupe, Pigs Might Fly est formel : « Il s’agit d’un enregistrement live, lors d’un derby contre Everton. » Voilà qui explique la bonne qualité de la captation. Une époque à laquelle les enceintes n’étaient pas nécessaires pour suppléer les supporters… Mais la vraie question concernant cet extrait est autre. Pourquoi les Pink Floyd ont choisi le chant emblématique d’Anfield, alors même que David Gilmour et Roger Waters étaient des supporters d’Arsenal et qu’ils ne s’en cachaient pas. Le premier l’avait confirmé, en 2002, lors d’une interview accordée à Dot Music : « J’étais abonné pendant un moment. Je ne suis pas un très grand supporter, je regarde surtout les équipes qui gagnent et je ne les regarde plus quand elles perdent. Mais j’ai un faible pour Arsenal. » Quant à Roger Waters, il a avoué à plusieurs reprises avoir été un Gooners depuis son enfance.

Pour Nick Mason et Richard Wright, les sources divergent. Si certains affirment que les deux étaient sympathisants de Liverpool, d’autres pensent qu’ils étaient totalement imperméables aux joies du football. Dans une interview de 1971 accordée au journaliste américain Ted Alvy, les deux musiciens renvoyaient déjà toute question en lien avec Fearless vers Roger Waters : « En tant que fan de football, Roger sera plus à même de vous répondre. » Il semble donc improbable que ce chant ait été choisi en raison de l’appartenance prononcée d’un membre pour le club de Liverpool. Une fois ce constat fait, il faut essayer de saisir l’explication sous-jacente à l’incorporation de ce chant dans le morceau. Car il serait difficile à croire, venant de Pink Floyd, qu’il a juste été placé là comme ça. Fans et spécialistes y sont tous allés de leur analyse pour tenter de percer le mystère de Fearless.

Just climb it

Pour Mark Blake, le mystère reste entier. « J’ai bien peur de ne pas avoir d’explications. Peut-être que c’est parce que le kop de Liverpool était réputé pour être le plus bruyant, surtout sur cette chanson composée par Gerry And The Pacemakers, un groupe de la ville. Peut-être qu’il recherchait un côté authentique que seule cette chanson pouvait dégager. Mais je ne fais que spéculer… » Plus que dans la ferveur qui se dégage du chant, certains pensent que c’est du côté des paroles qu’il faut aller chercher une explication. Ultra simplistes et encourageantes, elles font passer un message on ne peut plus clair : même dans l’adversité, chacun doit savoir garder espoir et compter sur ses proches. « Walk on walk on with hope in your heart, and you’ll never walk alone. » En 1971, Syd Barrett tente de poursuivre une carrière musicale seul, et enregistre Barrett, avec l’aide de ses anciens camarades, Gilmour et Wright, producteurs. Mais l’enregistrement de la galette est une épreuve. La plupart du temps, Syd arrive au studio perché aux acides et a toutes les peines du monde à tenir devant un micro. Se pourrait-il que l’incursion de ce chant mythique, qui colle parfaitement bien avec la chanson, qui peut elle aussi être interprétée comme un message d’espoir et d’optimisme, soit une marque d’affection et de soutien à Syd Barrett ? L’hypothèse n’est pas la moins sensée.

Parmi les dizaines d’autres hypothèses, une est un peu plus politique. Selon cette dernière, Roger Waters, reconnu pacifiste depuis la mort de son père, soldat de la British Army, et socialiste (il a d’ailleurs écrit un opéra évoquant les débuts de la Révolution française, Ça ira) aimait beaucoup la ville de Liverpool. À cette époque, elle était effectivement réputée pour sa left wing politique et son socialisme latent face aux décisions du gouvernement Heath. Dans un sens, les paroles de Fearless peuvent effectivement faire penser à une ode à la ville : « You say the hill’s too steep to climb. You say you’d like to see me try climbing.You pick the place and I’ll choose the time, and I’ll climb. » Le mystère autour de Fearless ne sera probablement jamais résolu, et c’est sans doute pour le mieux. C’est grâce à ces zones d’ombre qu’un groupe peut construire une mythologie qui lui est propre. Et que chacun peut s’arracher les cheveux sur le pourquoi du comment. Mais si se prendre la tête sur des théories plus ou moins crédibles permet à chacun de remettre Meddle sous le diamant, ce n’est pas si grave. Au contraire.

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Par Gabriel Cnudde

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