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Pierrick Capelle : « Rennes pensait finir le match tranquillou »
Pierrick Capelle a été le premier mec à inquiéter les Rennais. Si l’attaquant de l’US Quevilly n’a pas marqué, il ne retient que la qualification de son club pour la finale de la Coupe de France, contre Lyon le 28 avril prochain.
Qu’est-ce qui se passe dans la tête à l’heure d’affronter une équipe de L1 en demi-finale de Coupe de France ?Il y avait un peu de pression c’est sûr, mais modérée par le fait qu’on avait joué Marseille en quart, donc on pouvait s’appuyer sur cette expérience_là. Finalement, un sentiment de sérénité, de passion. On avait hâte d’y être quoi.
N’y avait-il pas la peur d’une élimination aux portes de la finale, comme en 2010 face au PSG ?Ben si forcément, surtout pour les anciens qui avaient vécu ça en 2010. Après, moi en tant que nouveau justement, je rêvais en début d’année d’atteindre ce stade de la compétition. Pour ça qu’hier avant le match j’ai dit aux gars qu’il fallait aller en finale, qu’y avait pas à chercher. On a su passer au-dessus de cette déception de 2010.
Jouer au Michel-D’Ornano devant 21 000 spectateurs acquis à votre cause, quelles sensations ça procure à un joueur de National ?Pendant le match je me suis arrêté deux secondes parce qu’il y avait un ballon sorti en touche, et j’ai juste regardé autour de moi. Là je me suis un peu plus rendu compte de l’ampleur de l’événement, et on se dit que mobiliser des milliers de personnes pour ce match, c’est vraiment exceptionnel. Dans ces cas-là, on n’a qu’une seule envie, c’est de se galvaniser encore plus et s’arracher pour tout donner.
Au début du match, on vous sentait un peu timides… L’enjeu ?On s’était dit qu’il fallait faire attention. On était un peu trop regroupés sur nous-mêmes, le bloc équipe était trop bas. Du coup ils ont pris l’ascendant sur nous. Ils marquent dans les premières minutes, donc c’était pas la meilleure des entames pour nous. On s’est fait une petite frayeur mais c’est justement ce qui nous a permis de nous lâcher par la suite, on n’avait plus rien à perdre.
Et que s’est-il donc passé à la mi-temps ? Qu’est-ce qui s’est dit dans les vestiaires ?En fait, c’est surtout le coach qui a parlé, pour nous rassurer. Il a dédramatisé la situation, il a même dit que c’était le scénario parfait. Il était persuadé que ça allait tourner en notre faveur, qu’on allait avoir l’occasion d’égaliser et qu’alors tout se retournerait contre eux, y compris le stade qui avait été assommé après leur ouverture du score.
Justement, après l’égalisation (Herrouat 64e), vous prenez le meilleur sur votre adversaire. Là, vous avez compris que vous pouviez aller au bout, non ?Oui, ça nous a donné énormément de confiance. Et puis j’ai eu l’impression que Rennes ne s’y attendait pas. Ils pensaient finir le match tranquillou, faire tourner, jouer les intervalles, un jeu de conservation quoi. Ils ne s’y attendaient pas, et nous après, galvanisés par le truc, on s’est dit « la roue a tourné, on va y aller. »
« Je pense direct à France 98 ! »
Et directement après votre second but (Laup 93e), l’arbitre siffle la fin du match… Alors ?(Rires) C’était hallucinant parce qu’au deuxième but, je vais dans les bras de Cédric Vanoukia, et là on se dit qu’il se passe un truc de fou. On pense à se replacer, on se dit qu’il faut tenir parce que c’est pas fini. Mais on s’était pas rendu compte que les arrêts de jeu étaient déjà bien entamés. On se replace et on voit l’arbitre qui siffle directement sur l’engagement. Et là c’est l’explosion. C’est la folie totale, des larmes, des cris de joies… Magique quoi.
Comment s’est passée la fameuse troisième mi-temps ?En fait, y a eu un bon moment après le match où on est restés sur le terrain pour célébrer la victoire avec le public, on a fait des tours d’honneur, c’était vachement sympa. Puis y a eu un feu d’artifice, qu’on a regardé sur le terrain aussi, manière de profiter ensemble. Après, on a eu les obligations médiatiques, les interviews. Donc on s’est mis d’accord entre nous pour revenir en bus et faire un peu la fête à notre retour. Et en rentrant, l’autoroute était bouchée, on est sortis du bus pour célébrer avec les supporters… C’était la folie.
Ça ne va pas être trop dur de se concentrer sur le championnat, sachant que vous avez une finale à jouer quelques semaines plus tard ?Ça va être compliqué, là en plus on joue contre Martigues dimanche, un match important pour le maintien en National puisque c’est un concurrent direct. On va essayer d’obtenir ce maintien rapidement pour pouvoir parler de saison réussie.
Après Marseille, vous sortez Rennes. Du coup l’OL, autre club de L1, ça ne vous fait plus peur ?Si, ils sont quand même impressionnants. On a regardé le match la veille contre Ajaccio, ils n’ont jamais paniqué pendant le match, ne sont jamais rentrés dans le jeu des provocations corses, ont fait parler l’expérience. Ça va être un gros match à jouer, on respecte cette équipe mais il ne faudra pas trop le faire non plus pour éviter l’entame qu’on a faite contre Rennes. Après, c’est la magie de la coupe, on verra ce qu’il va se passer.
Ça va vous faire quoi, de fouler la pelouse du Stade de France ?Moi je pense direct à France 98 ! La France qui gagne le Brésil en finale… Toute la ferveur qu’il y a autour de ce stade, c’est vraiment unique. J’ai eu l’occasion d’assister à certains matchs de l’équipe de France en tant que spectateur. De se dire qu’on va jouer sur cette pelouse, dans ce stade magnifique… J’en rêvais gamin quand je regardais la coupe du monde, mais jamais j’aurais imaginé que ça m’arriverait. C’est vraiment incroyable, on prend ça avec beaucoup de plaisir et de bonheur. On va profiter de chaque instant. Même l’entraînement la veille sur cette pelouse, même dans un stade vide, ce sera un souvenir unique. Alors devant 80 000 personnes…
Vous savez que si vous gagnez Lyon, ou que vous perdez mais que Lyon termine 3e de L1, vous allez jouer l’Europa League ?Ben on commence à nous en parler étant donné que Lyon est encore en course en Ligue 1. Donc même si on perd la finale, on pourrait y être. Mais c’est de l’ordre du surréaliste, forcément, jouer l’Europa League en tant que club de National… Et puis si on gagne la finale, on aura aussi le trophée des champions à New-York, donc voilà… On rentre dans un nouveau monde, quelque chose qu’on aurait jamais pu imaginer en tant qu’amateurs.
Ça peut aussi être un sacré tremplin pour votre carrière…On l’espère tous. Après il y a des gars plus âgés que d’autres, mais les quelques jeunes du groupe, on a à cœur de montrer ce qu’on peut faire, et de se servir de cette expérience pour, pourquoi pas, entrer dans le monde professionnel.
On vous aurait dit que vous joueriez une finale de coupe il y a trois mois, franchement, vous auriez dit quoi ?(Rires) Forcément que non ! Mais après en début de saison on voulait tous réaliser un super parcours en Coupe de France. Mais jamais une seconde on aurait imaginé ce parcours, sortir Angers, Orléans, l’OM qui est un club mythique, Rennes l’une des meilleures équipes de L1 à l’heure actuelle… Jouer une finale au Stade de France, c’est juste l’apothéose.
Propos recueillis par Alexandre Pauwels