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« Ce serait aberrant de voir le PSG s’épanouir dans une autre ville que Paris »
Nasser al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, et Anne Hidalgo, maire de Paris, se déchirent sur le sujet du Parc des Princes. Au milieu de ce capharnaüm, l'opposition municipale tente un arbitrage : aider le club à réaliser les aménagements demandés tout en gardant le stade comme une propriété de la ville. Pierre-Yves Bournazel, élu au conseil de Paris appartenant au groupe Indépendants et Progressistes, explique cette position.
Ça fait près de neuf ans que le dossier du stade est sur la table, pourtant, la semaine dernière, mairie de Paris et PSG étaient encore dos à dos, l’une réaffirmant l’appartenance du Parc des Princes au patrimoine de la ville, l’autre annonçant vouloir « bouger du Parc ». En tant que membre de l’opposition, quelle lecture avez-vous de cette séquence ?
Un départ du PSG du Parc des Princes inquiète beaucoup. Ce serait une humiliante catastrophe. (Il insiste.) Une humiliante catastrophe. Le PSG, c’est le Parc des Princes, et le Parc des Princes, c’est le PSG. Depuis 2015, la Ville de Paris a montré une absence de vision avec des changements de pied permanents. Elle s’est contredite dans ses analyses, le premier adjoint ne tenant pas les mêmes propos que la maire. On a besoin d’un cap, on a besoin de travailler avec nos partenaires, ce qu’est le Paris Saint-Germain. Il faut renouer le dialogue avec lui pour trouver un accord avec l’objectif impératif que le PSG reste à Paris, au Parc des Princes. C’est sa place, c’est ce qu’attendent les Parisiennes et les Parisiens, c’est ce qu’attendent les supporters et c’est ce que je souhaite ardemment. Ça doit être la seule boussole qui nous guide, car il s’agit d’un enjeu majeur pour l’image de Paris : celui du rayonnement international.
Visiblement, le PSG a lui un cap et pourrait le suivre en se détachant de la Ville de Paris. Est-ce concevable d’avoir un Paris Saint-Germain sans Paris ?
Non, pas pour moi. Il faut remettre sur la table tous les sujets et notamment la possibilité d’agrandissement du Parc des Princes pour donner au club les moyens de remplir ses objectifs et de se projeter dans l’avenir. Et ça, c’est le rôle de la ville. Cette gestion et les contradictions majeures que la ville a pu porter, je pense que les dirigeants du Paris Saint-Germain ont dû les constater sur beaucoup d’autres dossiers à Paris.
Vous dites que le PSG, c’est le Parc des Princes, mais d’autres clubs parisiens y ont évolué avant le PSG*. Si leurs histoires ne sont pas complètement liées, leurs destins ne le sont pas non plus…
Ce stade appartient aux Parisiennes et aux Parisiens, et je souhaite d’ailleurs qu’il continue de leur appartenir. C’est pour ça que je suis contre la vente du Parc des Princes au PSG, et c’est ce que j’ai dit au Conseil de Paris sans avoir reçu de réponse, cette vente est impossible. À la fin du mandat de Mme Hidalgo en 2026, la Ville de Paris sera endettée à hauteur de 10 milliards d’euros. Si les financiers ne dégradent pas la note de Paris et lui laissent une marge de manœuvre, c’est simplement parce que Paris a du patrimoine, dont le Parc des Princes. Si la ville vendait le Parc, quel que soit le montant, je serais contre. Il faut donc définir une bonne méthode de travail et d’écoute pour amener le club à rester au Parc des Princes sans lui vendre.
La Ville de Paris, bien qu’endettée, se priverait donc des revenus d’une vente du Parc des Princes et devrait en plus prendre en charge les 300 millions d’euros estimés pour cette extension de 12 000 places supplémentaires ?
L’augmentation de la capacité est une demande légitime du club. 12 000 places supplémentaires, ça me paraît logique et il faut le faire. Il y a évidemment un coût, mais c’est un investissement que le club et la Ville doivent assumer. Évidemment que la répartition doit se faire parce que c’est dans l’intérêt d’un club aux ambitions européennes et internationales, mais c’est aussi le devoir de la Ville de Paris d’aider le club à réaliser ses projets. Voir le Paris Saint-Germain grandir et s’épanouir dans une autre ville que Paris, dans 10 ans ou 20 ans, ce serait aberrant.
Vous parlez du rayonnement du PSG. Pouvez-vous mesurer les retombées économiques que cela peut apporter à la Ville de Paris ?
C’est difficilement chiffrable, mais le PSG est une identité, c’est une force, c’est une marque. Bien sûr qu’il y a la question du tourisme, il y a la question de l’image, mais en plus d’un patrimoine matériel, il y a aussi un patrimoine immatériel.
La rénovation du stade pose aussi des questions pratiques : qui dit plus de spectateurs dit nécessité d’augmenter l’offre de transports publics ou de parkings, des travaux à réaliser au-dessus du périphérique, le tout dans le 16e arrondissement, un quartier tendu du point de vue immobilier…
Oui, c’est sûr, mais on a perdu neuf ans dans ce dossier à force de se renvoyer la balle. Les choses ont fini par s’enliser jusqu’à une forme de rupture. Il faut que le dialogue soit vite renoué pour répondre à ces objectifs. Évidemment, il y a toutes les questions des travaux, de l’accueil des spectateurs, de la mobilité, de la lutte contre les nuisances. Mais une Ville doit être là pour les repenser dans le cadre de politiques publiques faites avec un partenaire. C’est le cas dans plein d’autres villes du monde, pourquoi Paris n’y arriverait pas ? On a toutes les qualités et les compétences pour y arriver. Maintenant, il devient urgent de s’y mettre.
La mairie était aussi pas mal occupée avec l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. Est-ce que ce dossier du Parc des Princes a été mis de côté ?
Quand on gère une ville, on ne pense pas en silo. On pense global. Les Jeux olympiques et paralympiques sont une chance et une vitrine pour Paris et la France, mais ce n’est pas un élément de justification pour mettre de côté le plus grand club de foot de la ville.
L’extension du stade a notamment pour but d’agrandir les espaces VIP. Sachant que les prix des places sont déjà exorbitants, comment faire pour que le Parc des Princes puisse être le stade de tous les Parisiens et Parisiennes, et pas seulement des plus riches ?
Encore une fois, par le dialogue. La place des VIP ? Très bien, il en faut. La place des supporters, le prix des places et éventuellement les tarifs sociaux, c’est là-dessus que la Ville doit entrer en jeu, établir un rapport de force, pour pouvoir dire au PSG qu’on l’aide à remplir ses objectifs, mais qu’en contrepartie, on veut des places à des tarifs abordables destinées à un public qui aime le PSG et qui ne peut actuellement pas se permettre d’aller au match. Comme nous avons le devoir d’assurer l’accès aux pratiques sportives et footballistiques à tous les enfants et dans tous les quartiers de Paris. Il faut être dans une logique de gagnant-gagnant. Dans un contrat de confiance, la Ville peut obtenir ses demandes.
D’un point de vue extérieur, cette histoire ressemble surtout à une guerre d’ego entre Nasser al-Khelaïfi et Anne Hidalgo.
Je le regrette vivement. Mais face à cette absence de stratégie, le PSG se sent incompris et déconsidéré. C’est une réalité. C’est un long feuilleton qui n’a que trop duré, qui a décrédibilisé la parole de la Ville de Paris et qui a affaibli la relation, évidemment, entre Paris et son club. Alors j’ai lu que Monsieur Grégoire (le premier adjoint) avait dit dimanche qu’il ne voulait plus dialoguer par presse interposée. Enfin ! C’est la preuve qu’une nouvelle fois, les choses n’étaient pas claires entre les différents acteurs.
Le Paris Saint-Germain bénéficie tout de même de conditions assez confortables au Parc des Princes, avec un bail emphytéotique de 30 ans, un loyer d’un million par an et la possibilité d’aménager le stade à sa convenance. Faut-il tout céder à un partenaire, aussi prestigieux soit-il ?
Justement, c’est le dialogue que j’appelle de mes vœux, pour savoir ce qu’on fait ensemble. Le bail court jusqu’en 2046 : déjà, il faut agrandir ce stade, il faut le rénover, il faut le remettre aux normes et aux attentes d’un grand club. Voilà ce que le PSG peut faire. Voilà ce que la Ville peut faire. Donc si vous refusez le dialogue, forcément c’est le divorce à la fin. Et le divorce pénaliserait tout le monde. J’ai été sollicité par un certain nombre de supporters que je vais bientôt rencontrer. Je pense qu’il faut qu’ils soient entendus parce qu’ils font aussi vivre le club. Je comprends leur légitime inquiétude et leur envie que ce club poursuive sa destinée au Parc des Princes et à Paris.
Pour le moment, les seuls qu’on a réellement entendus, ce sont les abonnés des virages du Parc des Princes, à travers des banderoles, mais surtout des chants hostiles à Mme Hidalgo.
Je suis pour que tout citoyen exerce son droit de critique dans le respect des personnes. La banderole est un droit de libre opinion des supporters dont je n’ai pas à commenter le message (« Sans le PSG le Parc n’a plus de prince / Hidalgo tue Paris et sa magie / Un stade créé pour le peuple / Récupéré par les politiques », NDLR). En revanche, j’ai entendu un certain nombre de propos qui m’ont profondément choqué et je les condamne avec la plus grande fermeté. Les attaques personnelles, je ne les accepterai jamais, ni pour Madame Hidalgo, ni pour qui que ce soit. Je me battrai toujours pour défendre son honneur personnel et l’honneur de la fonction qu’elle occupe. Ce n’est pas à la hauteur du débat public que je souhaite. Cela ne m’empêche pas de combattre la politique de Madame Hidalgo et de son exécutif municipal, de dénoncer sa mauvaise gestion, l’endettement de la ville, l’augmentation des impôts, un service public qui n’est pas suffisamment performant.
QSI s’est implanté à Paris grâce au concours de Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République a été sollicité comme intermédiaire, justement pour renouer le dialogue avec la direction qatarie. Est-ce que ce sujet peut peser d’une manière ou d’une autre sur la prochaine campagne municipale ?
Moi, je suis un homme libre. Aucune pression extérieure, financière, politique, sportive ou autre ne pèse sur ma conscience. Un ou une maire de Paris, un exécutif municipal, un élu de Paris doit rester libre en permanence dans ses décisions. Je ne sais pas si cette histoire profitera à l’opposition et ce n’est pas vraiment important. Ce qui est important, c’est de savoir si demain, on se donne collectivement les moyens de permettre au Paris Saint-Germain de se maintenir au Parc des Princes, au travers d’un dialogue, un compromis intelligent. Et je suis tout à fait convaincu qu’il existe. Encore faut-il en avoir la volonté et s’en donner les moyens.
@so_foot Et si c’était enfin la bonne année, pour Paris, le Qatar et Kylian Mbappé ?… Non, on plaisante. #mbappe #psg #paris #parissaintgermain #ldc #liguedeschampions #championsleague #uefachampionsleague #ucl #kyks #qatar #realsociedad #france #espagne #c1 #foot #football #footballtiktok #video #viral #meme #memetiktok #memes #humor #muyunbrothers #fyp #foryou #foryoupage #pourtoi #pourtoipage
Propos recueillis par Mathieu Rollinger, à Paris
* Le Racing, le Stade français et, même le Paris FC y ont résidé, le PSG a attendu 1974 avant de s’y installer définitivement.