Déjà, bon anniversaire ! (l’interview a eu lieu deux jours après l’anniversaire du joueur, le 17 octobre ndlr)
Merci, c’est sympa. Les partenaires de l’AJA, vu qu’on a gagné à Niort, m’ont dit que je devais payer un coup. Donc je régale tout le monde ce soir (rires).
Vu que tu es très actif sur Twitter, j’imagine que t’as reçu pas mal de retours par ce média…
Oui, pas mal de personnes me l’ont souhaité, mais heureusement pas les 12 000 qui me suivent, sinon cela aurait été compliqué à gérer.
Les tweets et toi, cela a commencé comment ?
(Il réfléchit) Ma première année à Nîmes, je crois (il est inscrit depuis mars 2011, il jouait encore à Évian, ndlr). J’avais déjà créé un compte une première fois, mais je n’avais pas trop le temps et je ne comprenais pas grand-chose. Je me suis reconnecté par curiosité et parce qu’on n’arrêtait pas de m’en parler. Finalement, j’ai appris sur le tas. En fait, j’ai commencé sur Facebook, j’étais avec mes potes, je disais pas mal de conneries, mais cela restait entre nous. J’ai commencé à dire les mêmes conneries sur Twitter en m’apercevant que cela pouvait me retomber sur la gueule. J’ai eu une petite mésaventure qui m’a fait comprendre que je devais être un peu plus « sobre » discipliné. Jusqu’à ce que cela me gonfle de ne pas dire ce que je pense, et que j’assume de parler au troisième degré. Et c’est là que j’ai commencé à avoir des retours de mecs réputés « tailleurs » sur Twitter comme Claude Pèze. On s’est échangé des vannes après un match entre Moulins, l’un de mes anciens clubs, et Bordeaux, et maintenant on est potes, on se voit dans la vie « réelle » . Ce n’est pas le seul, car ces mecs qui sont chambreurs sur Twitter sont exactement pareils dans la vie. Les conneries que je balance sur Twitter, ce sont les mêmes que je balance à ma femme à la maison. Dans tout ce que je mets sur Twitter, il n’y a ni attaque ni méchanceté. Et j’en prends plein la figure, tout le temps, mais si on s’arrête à chaque critique, cela devient compliqué… Je suis sur Twitter pour me marrer, quand il y a une connerie à faire je la fais. Parfois ça passe, parfois ça passe pas.
Il y a des sujets que tu t’interdis ou pas ? Dans l’un de tes derniers tweets, tu mentionnes l’islam radical : « Ma table de salon a crié Allah Akbar avant de me péter l’orteil » …
Si cela ne tenait qu’à moi, je serais même un peu plus trash parfois. Cela m’est arrivé de mettre des gifs animés de Dieudonné, car en tant qu’humoriste, il m’a souvent fait marrer. Et après, politiquement, ce qu’il dit, je m’en fous. Je ne cautionne pas tout ce qu’il dit, mais en tant qu’humoriste, il est bon. Si cela me fait marrer je rigole, et en plus je suis un très très bon public, surtout quand cela part dans des zones sensibles. Je ne suis pas croyant, donc je m’autorise des choses, même si j’évite un peu la politique, car j’ai eu 2-3 soucis avec. Faut pas oublier aussi qu’en tant que joueur de foot, je représente toute une région, il y a un conseil général… Après, il y a déjà des députés et des maires qui m’ont suivi en espérant que je deviendrais l’un de leurs followers. C’est amusant.
Twitter t’a donné une plus grande visibilité…
Je n’ai pas fait cela pour être plus visible ou que l’on parle de moi. Je pense que ce qui plaît, c’est que je suis moi-même. Si quelqu’un me taille, je le taille en retour. Je suis ouvert, je discute, j’envoie des piques de temps en temps et j’en reçois aussi et j’en rigole. Tu te souviens du détournement sur ma photo de la finale de la Coupe de France ? (il pointe du doigt le tableau d’affichage au Stade de France, ndlr) Cela a été repris et détourné par plein de monde, je suis friand de ça. Il y a plein d’humoristes qui ne me font pas rire, mais cela n’empêche que je rigole facilement. On est dans un monde qui part suffisamment en couille pour ne pas s’interdire de rigoler en plus, et se faire chier.
Cela t’est arrivé d’avoir des dirigeants qui te demandent de lâcher du lest ?
Les community managers de club aiment beaucoup. Celui d’Auxerre m’a demandé de mettre en jeu l’un de mes maillots et de retweeter l’info. Parfois, je fais gagner des trucs, bien sûr. Les coachs ne m’ont jamais rien dit, j’ai eu un problème à Nîmes avec l’UMP, car j’ai balancé un tweet un peu agressif à l’égard de Jean-François Copé. C’est plus le monde politique qui peut poser problème. Après sur Twitter, je ne parle pas trop de football, car je ne pense pas que cela soit le lieu. Je peux balancer mon actualité foot et basta, mais je parle peu de mon club, ou alors en essayant d’être positif. Que je joue ou pas. En fait, sur Twitter, je suis comme dans le vestiaire.
Que penses-tu de joueurs comme Joey Barton qui, en revanche, sont beaucoup plus dans la provocation ?
C’est un mec qui a du charisme. Mais je ne pense pas qu’il ait besoin de cela pour exister. C’est vrai qu’il dit des trucs qui piquent. Quand il a comparé Thiago Silva à un travelo, cela m’a fait rire… Ce n’est pas parce que tu n’es plus au sommet de ta carrière que tu n’as pas le droit de dire des vacheries sur Twitter, surtout que lui a quand même fait une belle carrière. Si tu compares Barton à un twittos lambda, nous les joueurs, on est super sobres. Franchement, parfois cela envoie du bois sur Twitter, et il y en a des bons. Je retweete pas mal, pas forcément parce que j’approuve, mais parce que je veux montrer ce que l’on trouve.
Il n’y a pas que les joueurs dont la voix porte sur Twitter, il y a aussi des journalistes comme Pierre Ménès ou Daniel Riolo… Tu penses quoi de ces journalistes qui parfois sont cinglants à l’égard des joueurs via un tweet ?
Tu m’envoies au casse-pipe (rires) ! Après, Daniel Riolo, j’ai un peu de mal. C’est un journaliste qui envoie du bois, s’il le fait sur moi, tant pis. Parfois, il y a des choses un peu hard pour les joueurs et aussi leurs familles. Je ne me souviens plus de ce qu’il avait dit sur Patrice Évra, mais Évra en a pris plein la gueule et est resté debout. Il a été très critiqué, mais je t’assure qu’Évra, j’aimerais bien l’avoir dans mon équipe. Certains journalistes font des jugements de valeur un peu hâtifs, j’évite de les écouter, car je sais que cela va m’énerver, leur travail c’est de juger des footballeurs, pas de juger des hommes. Un Pierre Ménès, je suis moins critique, car il ne dit pas que des conneries, et quand il en dit, il n’hésite pas à l’admettre aussi. Il fait son auto-critique et il n’est pas forcément méchant. À chacun de faire la part des choses, de prendre au sérieux ou pas. Pour l’épisode d’Évra, j’ai adoré qu’il relève le défi des jongles, c’était marrant. Évra, quant à lui, a eu ses raisons de répondre durement aux critiques, mais s’il est encore en équipe de France et fait ses matchs, ce n’est pas anodin. Il n’est pas si con que cela… Chacun a son ressenti. Moi, personnellement, je ne risque plus rien même si j’arrive en Ligue 1, j’ai trop de bouteille pour ne pas savoir que les critiques font partie du métier.
On ne va pas oublier que tu es joueur, en Ligue 2 à Auxerre. Tu as eu le privilège de faire une finale de Coupe contre le PSG, le plus gros moment de ta carrière ?
Non, parce que je ne suis pas entré en jeu, donc il y a un sentiment d’inachevé. Avec Évian (il était de la montée en Ligue 1 en 2011, ndlr), c’était un truc de fous, avec un groupe fantastique et une osmose totale. On est montés deux fois, j’ai d’ailleurs pleuré le soir du match à Reims. Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était ouf, en plus, moi qui viens de nulle part : formé à Lyon, je n’avais pas de contrat pro et je jouais comme amateur avec l’équipe 3, à Amiens je n’ai pas réussi à signer pro, après je suis retourné travailler dans une piscine. Quand tu as vécu des galères et que tu montes en Ligue 1, c’est un moment fort. Si j’arrive à le refaire à Auxerre, peut-être que ce sera encore plus puissant.
À Évian, tu as préféré partir pour avoir plus de temps de jeu. Quelques années plus tard, tu as des regrets ?
Non, j’avais un contrat qui se renouvelait en cas de maintien, mais rien n’était prévu pour une montée. Et je n’avais pas envie d’aller aux prud’hommes avec ce club qui m’avait tant apporté. J’avais pesé le pour et le contre, cela se passait bien avec le président et le coach, mais le seul poste où ils voulaient de moi, c’était comme latéral gauche, un poste que je ne supportais plus à ce moment. Je me sentais inutile ici et capable d’être plus important ailleurs à un autre poste. Je voulais découvrir autre chose et quitter ce club sur une bonne note.
Le club s’est séparé de Pascal Dupraz après la relégation, une grosse page qui se tourne…
C’est vrai, comme dans tout cycle il y a une fin. On sait très bien qu’on n’est que de passage, même si lui a participé grandement à toutes les montées. Je pense qu’il a le respect des gens par rapport à ce qu’il a fait là-bas. Cela s’est mal fini avec le club malheureusement. C’est quelqu’un qui m’a apporté beaucoup, je suis encore en contact avec lui et je ne vais pas le juger par rapport à ce que certains me disent désormais de lui. Je le connais en tant qu’homme, que coach et directeur sportif, et je garde d’excellents souvenirs de lui. Cela s’est mal fini avec Évian, mais pour tout ce qu’il a fait, les gens d’Évian lui doivent le respect.
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