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Pied droit, coup de roi de David !

Par Chérif Ghemmour
7 minutes
Pied droit, coup de roi de David !

Quentin Tarantino est un foot-fetishist, soit un fétichiste des pieds (féminins, bien sûr). La footosphère planétaire, elle, voue un culte admiratif au pied droit de David Beckham. Depuis ce soir, ce pied légendaire ne servira plus au beau David qu’à monter dans sa Bentley…

Right footed d’anthologie

Quand il avait signé au PSG le 31 janvier, le débat avait fait rage : à quoi il va servir à 37 ans ? Presque 38, même, le 2 mai ! Vieux, lent, pas dribbleur, plus trop récupérateur. Il a pas joué depuis six mois… Mais y’a sa patte droite. Et là, le débat s’équilibre : sur une mi-temps, sur un quart d’heure, Beckman peut te faire : un centre au poil, dans le jeu ou sur coups de pieds arrêtés (corners, coups francs indirects), une bonne transversale en avant-dernière passe dèce, une ouverture en profondeur, ou même planter lui-même dans tous ces cas de figure (péno, coup franc, tir de loin, etc.) Le 24 février, il entre en L1 pour son premier match en compétition officielle. Il remplace Pastore (76ème) et gratifie le Parc de deux ou trois longs ballons très potables. Frissons… Surtout, David est à l’origine du deuxième but parisien en lançant Ménez qui centre pour Zlatan : 2-0, plié ! Le Beck a réussi son examen de passage : c’est bien le David Beckham « vu à la télé » qu’on nous avait vendu cet hiver. C’est bien le même pied droit qui nous fait fantasmer depuis plus de 15 ans…

Il y avait eu d’abord ce lob de malade contre Wimbledon, en août 96. MU mène 2-0 et Beckham, 21 ans, remarque que le gardien adverse Neill Sullivan est loin de sa cage : il frappe du milieu de terrain en lobant le keeper : goal ! Et c’est parti pour la légende : il est carrément sélectionné en équipe nationale A dans la foulée. II y aura ensuite ses deux corners contre le Bayern qui amènent les deux buts vainqueurs dans cette finale au finish de dingues de ligue des Champions 1999 au Nou Camp (2-1). En octobre 2001, il y aura le p… de coup franc égalisateur contre la Grèce (2-2) à la dernière minute en éliminatoires qui envoie directement l’Angleterre au Mondial 2002 : 25 mètres, plein axe, pied ouvert, geste ample, équilibre des bras parfait, frappe puissante mais liftée juste ce qu’il faut. Sous la barre, presque en lucarne. Le gardien n’a pas bronché. Buteur et capitaine à Old Trafford… Au Mondial 2002, contre l’Argentine, Becky venge l’Angleterre et se venge de 1998 sur un péno plus bazooké que brossé en finesse (1-0). Avril 2003, un des sommets éternels de la C1 : match retour à Manchester contre Real en quarts, 1-3 à l’aller. MU est éliminé mais après un match d’anthologie, 4-3 avec un doublé de David, dont un coup franc qui tue Casillas… Il y aura le centre d’école sur la tête de Terry contre les Blues (1-0, puis 1-2 final), et le but sur coup franc vicelard contre le Paraguay au Mondial 2006 (1-0), un corner direct en MLS et des free kicks en pagaille avec le LA Galaxy (2007-2012), plus encore quelques régalades avec le Milan AC… Voilà. On ne va pas tous les citer, les high lights du Bonhomme. Ceci dit, Becky a pas mal foiré aussi, notamment à cet Euro 2004 : il rate un péno contre les Bleus et manque son tir au but contre le Portugal !

Bend it like Beckham !

La renommée internationale de la fameuse patte droite de Beckham a fait beaucoup pour sa légende. Trop, au point d’avoir pas mal éclipsé son vrai talent de milieu techniquement fort et tactiquement intelligent ? Sans doute… D’ailleurs, à tous ceux qui objecteront que Beckham ne savait pas dribbler, ses partisans répondront avec justesse qu’il n’avait pas besoin : avec ses centres à l’arrêt, pas besoin de déborder ! Il n’était pas rapide ? Mais c’est lui qui donnait de la vitesse au jeu ! Capable de jouer à une touche, à l’aveugle, de l’exter, du coup de pied : tout s’accélérait avec lui… Les puristes insisteront sur l’aspect primordial de la frappe de David : son extraordinaire souplesse de la cheville. Avant l’impact sec sur le cuir, une extraordinaire ouverture de pied qui met en branle sa mécanique anatomique de la cheville aux épaules, en passant par le genou ouvert aussi et un bassin hyper bien gainé. Le reste est un fouetté enrobé en forme de caresse mais puissamment propulsé : quand elle était cadrée, la frappe figeait souvent le gardien, impuissant à réagir. Dans ces cas-là, la dernière alliée du keeper, c’était la barre transversale. Et elle en a souvent sauvé, de ces portiers médusés ! Ce soir, les feuilles mortes se ramassent à la pelle… Ce sont tous ces buts et tous ces ballons offerts en passes ou centres qui en ont fait le meilleur centreur de sa génération qui a dépassé le cadre du football pour carrément entrer dans la culture populaire anglaise.

En foot, d’abord, on inscrit Beckham dans la lignée d’un autre grand tireur de coups francs d’Old Trafford du MU seventies(1975-75), l’ailier gauche Gordon Hill et son lift légendaire. Au cinéma, bien sûr, avec le film très marrant, Joue-la comme Beckham ( « Bend it like Beckham, 2002). Une belle métaphore socioculturelle : Jess, petite Indo-pakistanaise, veut échapper aux pesanteurs puritaines de son milieu en jouant au foot. Un coup franc « à la Beckham » lui fait passer le mur des traditions formé par ses tantes et grands-mères trop prudes ! Autre film fendard, une comédie romantique Love actually (2003). A un moment, le marrant Hugh Grant qui joue le Premier Ministre anglais balance que « le pied droit de David Beckham est comme l’une des grandeurs de l’Angleterre. » Il ajoute rapidement après, « la jambe gauche de Beckham, il faudra y penser » . Au fait… Comment s’appelait le bouquin autobiographique du Spice Man, sorti en 2003 ? Both feet on the ground, vu que le gars avait bien les deux pieds sur terre. Si, si : les deux pieds ! Parce que même sa patte gauche a eu son heure de gloire. David Spice aurait aussi marqué quelques très rares buts du gauche… Qui se souvient de la formidable campagne des tabloïds anglais (qui l’avaient assassiné après son rouge contre l’Argentine en 98) exhortant le peuple britannique à prier pour que le pied gauche de Beckham soit guéri pour le Mondial 2002 ? Un vilain tacle de l’Argentin Dusher en C1 contre La Corogne, en avril, juste deux petits mois avant la Coupe du monde, avait plongé tout un pays dans les affres de la convalescence. Toute une nation devenue intarissable sur le « second os du métatarse » . Rooney aura droit à la même campagne de foot-kiss pour son pied blessé avant le Mondial 2006 : « embrassez ce pied ! » à la Une des tabloïds pour accélérer la guérison de Wayne…
Beckham vs Wilkinson

David a bossé ses frappes comme un malade depuis l’adolescence. Un compliment de Sir Alex est resté connu : « David s’est entraîné avec rigueur et discipline pour atteindre une justesse très efficace que d’autres joueurs délaissent avec dédain » . Au Cliff, l’ancien centre d’entrainement d’avant Carrington, le formateur des jeunes de MU, Eric Harrison, a passé des heures à bosser et à observer le môme Beckham de 15 ans qui travaillait ses coups francs. C’est l’équilibre des bras sur l’exercice, apanage des grands, qui fascinait Harrison : « David travaillait inlassablement ses coups francs sur son temps libre. Il restait souvent après l’entrainement pour ça… J’avais l’habitude de lui conseiller souvent de prendre une course d’élan un peu plus longue. Mais ça le gênait de faire ainsi. Autant dire la vérité : il savait comment frapper les coups francs bien mieux que moi. » Comme Bergkamp, Beckham a constamment répété ses exercices de frappes et de passes jusqu’à la fin de sa carrière. En 2007, au Real où les choses commençaient à se gâter pour lui, il maintenait ses entraînements particuliers avec le ballon (frappes arrêtées), sidérant les observateurs et ses partenaires par son extrême professionnalisme. C’est aussi pour cette cette qualité exemplaire que Ancelotti voulait que David vienne au PSG, histoire d’édifier la jeunesse.

Alors ? Beckham super héros populaire en Angleterre. Presque… En fait, deux pieds légendaires anglais se sont affrontés ces dix-quinze derrières années en Albion : la patte droite de David Beckham et la patte gauche de Jonny Wilkinson ! Pas de pot pour David : c’est Wilko qui a remporté le duel. La botte magique de Jonny a fait triompher le XV de la Rose à la Coupe du monde 2003. Les feuilles mortes de Becky n’auront pas apporté de titre majeur aux Three Lions… Ironie du sort : c’est un drop goal du pied droit qui a donné la victoire en finale contre l’Australie (20-17 a.p) ! Un clin d’œil au droitier David ?

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