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Philippe Plantive : « Nous échafaudons ce que sera le FC Nantes de demain »

Propos recueillis par Albert Marie
11 minutes
Philippe Plantive : « Nous échafaudons ce que sera le FC Nantes de demain<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec l’ancien capitaine nantais Mickaël Landreau et le gestionnaire Thibault François, il a lancé en juin dernier le Collectif nantais, un groupement d’entrepreneurs locaux qui souhaite organiser la succession de Waldemar Kita à la tête du FC Nantes. Philippe Plantive se confie sur les avancées du projet, ses modèles, ses craintes et sa méthode de travail.

Comment se porte le Collectif nantais ?Ça va bien, on constate tous les jours l’attachement et l’enthousiasme du territoire économique pour son club. Le planning des rendez-vous est bien rempli, malgré la période de vacances. La semaine dernière nous avons rencontré six souscripteurs, j’étais en discussion avec deux autres hier soir et j’en rencontre un nouveau début août. C’est un flux presque continu, c’est très encourageant. Pourtant, nous n’avons même pas encore rencontrés 1% des chefs d’entreprise de la région. Il y a encore beaucoup à faire.

En moyenne, sur 10 souscripteurs potentiels qui se rapprochent de nous, ça se concrétise pour 6 à 7 d’entre eux. Ça reste un taux de transformation très satisfaisant.

Combien le Collectif nantais compte-t-il de souscripteurs (billet d’entrée à 100 000 euros pour intégrer le collectif) aujourd’hui ?On approche de la centaine de souscripteurs qui se déclarent intéressés, mais il y a un gros travail de tri à effectuer pour filtrer les gens qui font « mine de » , les tontons flingueurs, ceux qui se voient calife à la place du calife, et plus généralement ceux dont les intentions ne collent pas à l’esprit du Collectif nantais. Il faut aller vérifier chaque intention sur le terrain. En moyenne, sur 10 souscripteurs potentiels qui se rapprochent de nous, ça se concrétise pour 6 à 7 d’entre eux. Ça reste un taux de transformation très satisfaisant.

Combien de ces souscripteurs avez-vous déjà « vérifiés » ?À ce jour, une soixantaine. Parmi eux, deux, issus de la région, ont apporté un montant supérieur au million d’euros. La souscription moyenne s’établit entre 200 000 et 300 000 euros.

Aujourd’hui, ces souscriptions vont enfin partir, et nous allons pouvoir constater réellement où nous en sommes.

À quel montant total cela correspond-il ? Ça nous amène à un montant situé entre 10 et 15 millions d’euros. On conserve l’objectif initial, qui était d’atteindre les 20 millions. On pense pouvoir l’atteindre en octobre. Avant, ça semble compliqué. D’autant qu’on a subi un retard technique d’un mois à l’allumage, dû à la lenteur du tribunal de Nantes, qui doit traiter beaucoup de dossiers de création d’entreprises. Du coup, nous avons récupéré notre Kbis (document officiel attestant de l’existence juridique d’une entreprise, NDLR) il y a seulement une grosse semaine. Or, sans numéro siret, nous étions dans l’incapacité de pouvoir émettre des bons de souscription. Aujourd’hui, ces souscriptions vont enfin partir et nous allons pouvoir constater réellement où nous en sommes.

Avez-vous des noms de personnes ou de sociétés à nous transmettre parmi les nouveaux souscripteurs ?Nous rencontrons beaucoup de dirigeants qui hésitent entre nous rejoindre au nom de leur société ou au nom de leur holding familiale. Dans le premier cas, certains acceptent qu’on communique sur eux et nous le ferons à la rentrée, quand nous aurons des certitudes sur les fonds versés. Dans le deuxième cas, ils souhaitent généralement rester anonymes auprès du grand public.

Comment démarchez-vous ces souscripteurs pour lever des fonds ?Une partie vient à nous directement. Pour le reste, Mickaël Landreau, Thibault François et moi opérons ensemble. Nous contactons directement les décideurs, qui ont généralement déjà entendu parler du projet du Collectif nantais. Nous présentons tous les trois une facette différente du projet : Thibault François l’aspect juridique, Mickaël Landreau le sportif, et moi-même le maillage du territoire et le montage capitalistique. À partir de la rentrée, on va avoir des rendez-vous avec des collectifs de chef d’entreprise, notamment le CDJ (Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) et l’APM (Association progrès du management). C’est très intéressant, car ça va nous permettre de nous adresser à plusieurs souscripteurs potentiels en simultané.

Ces boîtes ne sont pas en quête de publicité ou de reconnaissance, puisqu’elles sont déjà très installées. En revanche, leur intérêt à nous rejoindre est d’accentuer encore davantage leur enracinement dans la région, en investissant dans le club, donnant ainsi du corps à leur initiative entrepreneuriale.

Où en êtes-vous des recherches concernant un investisseur majoritaire ?Soit Waldemar Kita trouve un acquéreur en direct, soit c’est nous qui en trouverons un au côté du Collectif nantais, et c’est ce pourquoi nous travaillons tous les jours. Certaines grosses entreprises du territoire ont le profil, et cela ferait sens de les voir à nos côtés. Ces boîtes ne sont pas en quête de publicité ou de reconnaissance, puisqu’elles sont déjà très installées. En revanche, leur intérêt à nous rejoindre est d’accentuer encore davantage leur enracinement dans la région, en investissant dans le club, donnant ainsi du corps à leur initiative entrepreneuriale. Il ne faut pas non plus exclure la possibilité que des grandes familles nantaises ou des fleurons de notre territoire puissent vouloir traiter en direct avec Waldemar Kita sans passer par le Collectif nantais. Notre ambition est aussi de rassurer ces personnes-là, en leur montrant qu’on a un territoire uni, qui pourra les soutenir via le sponsoring à l’avenir.

Êtes-vous en contact avec Waldemar Kita ?Non. Ce qui ne m’étonne pas car, d’une part, il attend de voir la transformation de notre initiative, et d’autre part, il avait une grosse actualité à gérer vis-à-vis de la DNCG.

Quand reprendrez-vous le dialogue avec les dirigeants du FC Nantes ?Avec Waldemar, nous nous connaissons et nous avons chacun le numéro de l’autre. À partir du moment où nous aurons atteint notre objectif, on sera en mesure de pouvoir l’appeler et d’être actifs. Cet objectif, il est de 20 millions pour ce qui est du Collectif nantais, mais il consiste également à convaincre d’autres investisseurs en parallèle. Je pense que la vraie place du Collectif nantais, c’est d’être partie prenante au capital avec une place importante pour pouvoir décider, au côté d’autres investisseurs. Dans un scénario idéal, si on était rejoint par deux autres investisseurs avec une enveloppe à peu près similaire à la nôtre, nous pourrions faire quelque chose de très bien.

Pour racheter le club et le faire vivre ?L’idée est de pouvoir assumer le rachat puis les cinq premières années du club sans avoir à redemander de l’argent aux souscripteurs. Pour cela, nous avons élaboré une stratégie afin d’inscrire le club de façon durable dans la rentabilité.

Nous souhaitons atteindre une proportion de 80% de capital et 20% d’endettement.

Parlez-nous de ce modèle…Notre schéma, c’est donc d’atteindre les 20 millions, de motiver d’autres investisseurs à nos côtés et de faire éventuellement appel à un peu d’endettement, en complément. Cet ensemble-là permettrait de développer le business plan que nous avons établi sur cinq ans. Contrairement à ce qui est fait actuellement à Bordeaux, où la stratégie d’endettement ne fait que reporter le problème dans le temps, nous souhaitons atteindre une proportion de 80% de capital et 20% d’endettement.

Christophe Charlier, un temps intéressé pour reprendre le club selon une information de Hit West, s’est-il rapproché du Collectif nantais ? Non, je ne le connais pas. Il est forcément au courant de notre projet, donc s’il s’identifie à nos valeurs collectives et souhaite discuter, notre porte est ouverte.

Compte tenu du fait que les fonds spéculatifs courent après une rentabilité à court terme, à l’opposé de la vision présentée par votre collectif, une collaboration avec l’un de ces fonds est-elle possible ?Il y a différents types de fonds. Nous avons déjà dû en éconduire plusieurs, européens et américains, qui ne tenaient pas la route par rapport à ce que nous voulons faire.

Alors quels critères doivent remplir ces fonds pour qu’une alliance soit possible avec le Collectif nantais ?Il faudrait que ce soit un fonds spécialisé dans le sport, qui en connaît les aléas. La performance sportive n’est pas autant modélisable que la performance économique. Il faut respecter l’idée que faire naître une génération de joueurs, donc une équipe et un effectif, ça prend du temps.

Compte tenu de la sanction infligée en première lecture par la DNCG au FC Nantes puis de sa levée, on peut penser que les bijoux de famille sont promis à la vente.

Quel regard portez-vous sur l’actualité du club et son mercato ?Je le suis par voie de presse, mais compte tenu de la sanction infligée en première lecture par la DNCG au FC Nantes puis de sa levée, on peut penser que les bijoux de famille sont promis à la vente, de même que certains jeunes déjà vendus avant même d’avoir effectué une saison complète dans l’effectif professionnel. C’est un scénario infernal : il faut renflouer les caisses en vendant les cadres, sans pouvoir compenser ces départs. Mais la pression est sur les dirigeants. Nous, nous sommes en train d’échafauder ce que sera le FC Nantes de demain.

Vous allez suivre la saison sportive de près. La relégation vous fait-elle peur ? Ce qui me fait peur, c’est le scénario d’un dépôt de bilan.

Est-il selon vous crédible ?Oui, quand vous avez un mono propriétaire qui est obligé de casser sa tirelire pour passer le cut de la DNCG, qui est en disgrâce vis-à-vis de tous les groupes de supporters et qui tient difficilement ses sponsors, c’est un scénario crédible.

S’il y avait dépôt de bilan, quelle serait votre stratégie ?Continuer de fédérer les énergies du territoire pour pouvoir présenter une alternative très structurée au tribunal de Nantes. On veut pouvoir être actifs quel que soit le scénario.

Vous serez en loge pour la reprise de la saison ?Oui, forcément, et je serais heureux de pouvoir à cette occasion échanger de vive voix avec Waldemar, sur notre initiative et la façon dont on avance. Certains prédisent que l’ambiance sera infernale entre les dirigeants actuels et les sponsors, mais ce n’est pas mon avis. Nous n’avons jamais manqué de respect à Waldemar Kita. Au contraire, on s’évertue à lui trouver le meilleur scénario possible afin qu’il puisse sortir par le haut.

Avez-vous déjà songé à l’équipe que vous mettriez en place si votre collectif prenait la tête du club ?Bien sûr, on a déjà la gouvernance du club. Et je ne suis pas dedans. Il y a des gens extrêmement compétents à mettre en place, et ils sont avec nous. Le meilleur président qu’on puisse rêver d’avoir, nous l’avons déjà identifié.

Ce rôle de président ne vous attire pas, vous ? Les sceptiques et des gens au club me diabolisent en prétendant que je sers une ambition personnelle, celle d’être président. Mais c’est n’importe quoi, je n’ai pas la compétence pour le faire.

Mais si le collectif vous demandait de prendre le poste de président, vous le feriez ?Il ne faut jamais dire jamais. Mais ce serait alors à des conditions totalement différentes de celles actuelles au sein du club.

Si toutefois demain on me demandait de prendre ce poste, je ne pourrais accepter qu’à la condition d’avoir la certitude d’avoir une équipe compétente à mettre en place.

C’est-à-dire ? Il y a un ancien président des Canaris que je considère avoir été absolument génial dans ce bas monde, c’est monsieur Guy Scherrer (président du club entre 1992 et 1996, NDLR). Un président incroyable, extrêmement discret, ne touchant jamais au sportif. L’appareil du club appartenait alors vraiment aux exploitants, avec Robert Budzynski à leur tête. Et si toutefois demain on me demandait de prendre ce poste, je ne pourrais accepter qu’à la condition d’avoir la certitude d’avoir une équipe compétente à mettre en place.

On souhaite clairement rester à la Jonelière.

Le club, dont les dirigeants estiment qu’il est à l’étroit à la Jonelière, poserait ses billes pour déménager le centre d’entraînement à Vair-sur-Loire, à 50 minutes de Nantes. Vous y croyez ou c’est un coup de bluff ?Non, nous n’y croyons pas. Pour avoir suivi Waldemar il a deux ans dans sa volonté de déménager le club à Pont-Saint-Martin, j’ai pu apprécier son énergie à développer un très beau projet. Les architectes avaient travaillé, il y avait eu de multiples échanges entre la municipalité et les avocats et fiscalistes de Waldemar. Là, ce n’est pas le cas. C’est de la fumée. Nous avons par ailleurs discuté avec les élus pour leur signifier que le Collectif nantais ne s’inscrirait pas dans cette démarche-là.

Si, malgré tout, le déménagement venait à être décidé et que le Collectif nantais arrivait par la suite à la tête du club, quelle serait votre position ? On ferait marche arrière, dans la mesure où les accords commerciaux mis en place par la direction précédente le permettraient. On souhaite clairement rester à la Jonelière.

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