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Philippe Léonard : « Le prince Albert n’est pas le dernier à faire la fête ! »

Propos recueillis par Émilien Hofman
Philippe Léonard : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le prince Albert n&rsquo;est pas le dernier à faire la fête !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Monégasque de 1996 à 2003, Philippe Léonard a connu deux titres, mais surtout le deuxième plus beau parcours des Principautaires en Ligue des champions. C'était en 97-98, et il y avait déjà le Bayer Leverkusen, une équipe anglaise éliminée grâce à un but à l'extérieur, et la Juventus...

96-97, c’est votre première saison à Monaco et vous terminez directement champion, et facilement avec ça…

Oui, on avait vraiment une grosse équipe et ponctuer ma première année à Monaco par un titre de champion, je ne pouvais pas rêver mieux. On avait Franck Dumas en capitaine, Tigana et Claude Puel comme entraîneurs, puis sur le terrain Christanval, Grimandi… J’ai pris beaucoup de plaisir. Puis il y avait Di Meco aussi, c’était une référence. Moi, je connaissais celui de Marseille qui mettait ses tacles au niveau du genou… C’était impressionnant, heureusement qu’Enzo (Scifo) était là à mon arrivée pour m’orienter, me guider.

Di Meco était fidèle à sa réputation ? Il vous a mis des taquets à l’entraînement ?

Non, non. J’ai appris à le connaître dans le vestiaire, c’était un vrai Marseillais chambreur, donc moi qui arrivais en tant que Belge dans un vestiaire avec Di Meco, Barthez, Dumas, etc. Il a fallu que je me fasse violence parce que je me suis fait pas mal allumer par ces gars-là. Mais bon, j’étais bon public, et l’autodérision ne me posait aucun problème, surtout qu’Éric est devenu une belle rencontre dans ma carrière, il n’y avait aucune animosité malgré notre concurrence.

À côté de Di Meco, il y avait aussi des artistes : Scifo, Anderson, Benarbia…

Oui, il y avait Japhet aussi, c’était une toute belle équipe. Mais je dois dire que ce n’est pas encore l’année où j’ai senti le plus de facilité. C’est lors du deuxième titre en 99-2000 qu’on savait, rien qu’en montant sur le terrain, qu’on allait gagner le match. Je me souviens m’être dit ça dans les couloirs du stade de Troyes, mais c’était pareil à domicile. On était encore plus sûrs de notre sujet deux ans plus tard. Mais ce qui était comique, c’est que quand Tigana disait à la théorie (une causerie en version belge, ndlr) « On va les chercher pendant les quinze premières minutes, puis on verra comment ça va se passer » , à l’échauffement, les anciens prenaient la parole : « Les quinze premières minutes, on attend un peu, puis on ira les chercher ! » Et ça se passait bien (rires).

C’est aussi l’époque de l’avènement de Trezeguet et Henry…

Ils commençaient en pro quand je suis arrivé à l’ASM, et ça m’a permis de voir la différence physique entre eux et moi. Alors que je sortais de quatre années de professionnalisme en Belgique, je voyais un Titi de 3-4 ans plus jeune qui était physiquement beaucoup plus costaud. J’ai dû batailler pour résorber mon retard et réussir à m’imposer.

Contrairement à maintenant, l’équipe marquait en moyenne deux buts par match à l’époque…

On avait des sacrés pourvoyeurs : Ali n’arrêtait pas de mettre des bons ballons, il y avait aussi Scifo et John Collins… Puis devant, on était armés avec Sonny et David, et comme le repli défensif était bien mis en place, tout le monde pouvait apporter quelque chose devant. Gilles Grimandi était bon de la tête, on avait des tireurs de coups francs, le choix était large pour pouvoir marquer des buts.

La saison d’après, vous vous retrouvez en Champions League dans le groupe du Sporting, du Lierse et du Bayer Leverkusen. Qu’est-ce que vous vous dites ?

Je me dis tout d’abord que ça sera l’occasion pour moi de faire un retour au pays. Puis après, on imagine que le Bayer, ça va être possible, mais plus compliqué pour le Sporting. L’objectif, c’était plutôt d’être de nouveau champions, donc on n’avait pas vraiment d’objectif en Europe, on était déjà contents d’y participer.
Avec Beckham, c’est resté cordial, on ne s’est pas adressé une fois la parole, on s’est juste serré la main à la fin du match, puis basta.

On se relève facilement quand on prend d’entrée une gifle (3-0) contre le Sporting ?

L’avantage, c’est que les matchs s’enchaînent : ça ne donne pas le temps de gamberger. On repart à zéro, on retravaille les bases pour s’apercevoir qu’on doit revenir à un jeu simple en travaillant nos gammes.

Finalement, c’est le Bayer, deuxième à égalité de points, qui a été l’opposant le plus ennuyeux ?

Oui bizarrement, parce qu’on pensait que ça serait beaucoup plus difficile contre les Portugais. Mais les équipes allemandes nous réussissaient bien, on avait battu Mönchengladbach (et Hambourg, ndlr) la saison précédente, donc en confrontation directe, on n’a pas trop eu d’appréhension et on s’en est plutôt pas mal sorti.

En quart de finale, c’est la bande de Giggs, Beckham, Cole, Sheringham… qui débarque à Louis-II, ça s’est passé comment ?

On était bien sûr tout contents de jouer Manchester ! À la « théorie » , quand Tigana place les noms des artificiers mancuniens qui enquillent chaque semaine en Premier League, on se dit que ça va être un peu plus compliqué qu’auparavant… Moi, j’avais pour mission de ne pas lâcher Beckham. Mais comme Tigana s’était montré évasif quand je lui ai demandé si je le suivais qu’il aille à droite ou à gauche, je ne l’ai pas fait au début de match. Le coach s’est levé, m’a gueulé dessus, et là, j’ai passé le reste du match à le suivre partout. C’est resté cordial, on ne s’est pas adressé une fois la parole, on s’est juste serré la main à la fin du match, puis basta.

Avant le match retour, est-ce que vous sentiez que la France croyait en votre exploit ?

On a eu quelques articles du genre « Pourquoi pas ? » , et on y croyait nous-mêmes, surtout qu’on aurait pu l’emporter à l’aller. Quand on est arrivés là-bas, Ferguson avait retenu la leçon : il a placé Beckham au centre et m’a mis Nicky Butt sur mon côté. Malgré ça, on a réussi l’exploit du match nul grâce à la frappe de David (Trezeguet) qu’on avait flashée tellement elle était puissante, je pense. Après le match, j’ai voulu échanger mon maillot avec Beckham, il a refusé. Barthez a essayé aussi, mais c’était niet, il était dégoûté. Au final, j’ai eu les maillots de Sheringham et de Nicky Butt, un Beckham vaut deux maillots de coéquipiers.

C’est LE moment de cette Ligue des champions ?

C’était un bon moment, c’est clair. Le prince Albert est venu dans le vestiaire, c’est même lui qui nous a annoncé la double prime ! On était habitués à le voir, parce qu’il était déjà venu s’entraîner quelques fois avec nous. Bon, il y a toujours le protocole de « Monseigneur » , mais derrière, c’est du « Ça va Léo ? » , certains lui font la bise, c’est assez relax. Et il n’est pas le dernier pour faire la fête !

Après l’exploit, la retombée sur terre avec la Juventus qui vous balaye à l’aller (4-1) grâce surtout à Del Piero et Zidane…

Moi, j’étais suspendu, mais ils nous en ont mis quatre, les choses étaient donc quasi réglées pour le retour. Surtout qu’à l’époque, les clubs italiens maîtrisaient mieux que personne l’art de la défense. Mais je me souviens que si Zidane prenait un carton, il ratait la finale. Je me suis retrouvé plusieurs fois dans sa zone, on se mettait des tampons, mais dès qu’on le touchait, ses coéquipiers accouraient pour nous dire : « Reste à ta place et calme-toi ! »

C’est vous qui initiez le sursaut d’orgueil avant le 2-1 de Thierry Henry. On croit encore à un deuxième exploit à ce moment-là ?

Ho oui, on veut bien y croire, mais bon quand Del Piero nous met sa reprise de volée, c’est fini. Il fallait qu’on termine néanmoins sur une note positive, mais qu’est-ce que j’ai eu du mal à suivre Del Piero : il était au top de sa forme, des appels dans tous les sens, il courait non-stop les 90 minutes, impressionnant !
Durant les années de titre, on tournait aux alentours de 9 000 personnes, à Louis II, un record.

Avec le recul, il y a plus de déception ou de fierté quand on revoit le parcours ?

Fierté d’avoir été jusque-là et d’avoir gagné le match retour contre la Juventus, mais déception personnelle de n’avoir joué qu’un match sur deux.

Terminer devant le Bayer Leverkusen, éliminer ensuite une équipe anglaise grâce à la différence de buts et puis tomber contre la Juventus : c’est presque le même parcours que le Monaco actuel…

Oui, sauf que Monaco a cette fois-ci un peu plus de chances de pouvoir passer que nous à l’époque. Nous, on perd 4–1. Maintenant là, ils ont juste perdu 1-0. Et apparemment bon, le penalty… Ils auraient donc pu faire un tout autre résultat, mais tout est encore faisable quoi.

Vous y croyez ?

Ben, il n’y a pas de raison de ne pas y croire. Il ne reste que 90 minutes et ils ont parfaitement le droit d’espérer de pouvoir marquer au moins un but.

Qui pourrait justement amener cette solution ? Vous pensez qu’il y a un joueur comme ça qui pourrait le faire comme quand vous aviez Henry, Trezeguet, etc ?

Berbatov, Carrasco. Ce sont des joueurs qui peuvent prétendre à quelque chose du point de vue offensif. Berbatov est capable de marquer à tout moment, et Carrasco est aussi capable de faire la différence à tout moment par une belle action qui lui permet soit de délivrer un bon ballon, soit de se démarquer.

Quel Monaco est le plus séduisant : le vôtre ou l’actuel ?

Aaah, le nôtre ! Sans hésitation, le nôtre. On avait une équipe qui avait de la gueule, je crois que Monaco a eu la plus belle moyenne des supporters quand on était là. Durant les années de titre, on tournait aux alentours de 9 000 personnes. Puis on développait un football attractif, on marquait des buts, il y avait David et Marco devant, il y avait Giuly, Djetou, Barthez dans les cages… Ça avait de la gueule quoi, ça jouait au ballon.

C’est vrai que c’est parfois plus difficile ces derniers temps avec Monaco…

C’est sûr qu’eux, du point de vue défensif, ils sont au point. En revanche, pour marquer des buts, c’est un peu plus compliqué. Je suis allé voir Monaco-Paris, j’ai été dégoûté, je m’attendais à voir un beau match… Après, j’aurais pu aller à Louis-II contre Arsenal, mais j’ai dit : « Non, je ne veux pas, je vais m’ennuyer… » Et puis, pour finir, j’ai regretté de ne pas y être allé parce qu’il y avait de l’ambiance et que c’était la Champions League.

Vous parlez d’ « ambiance » , on reproche très souvent à Monaco de ne pas avoir de supporters. Vous avez senti le contraire ? Il peut y avoir de l’ambiance malgré le nombre restreint de supporters ?

Oui, mais non… Quand on signe à Monaco, on sait que ce n’est pas pour les supporters. Ça fait partie du jeu. Monaco est le seul club où les joueurs connaissent leurs supporters. Mais bon, on n’a pas à se plaindre parce que, quand on joue à l’extérieur, c’est tout le temps plein, les gens se déplacent pour venir, entre guillemets, nous voir. Et si Monaco tournait un peu mieux et avait un jeu un peu plus attractif, s’il y avait plus souvent une petite touche de folie, je pense qu’il y aurait un peu plus de monde qu’il n’y en a pour le moment.
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