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Philippe Caillot : « Moi, homme de paille ? Ça ne veut strictement rien dire »

Propos recueillis par Félix Barbé
Philippe Caillot : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Moi, homme de paille ? Ça ne veut strictement rien dire<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

« Comme je dis toujours, je ne mens jamais, ça m'évite de me prendre les pieds dans le tapis. » Nommé président délégué du SCO d'Angers en août, en lieu et place de Fabrice Favetto-Bon, Philippe Caillot prend doucement ses marques dans le club du Maine-et-Loire. Une tâche pas forcément évidente pour ce chef d'entreprise de 68 ans, pas du tout issu du monde du football, et placé là presque par défaut par son ami Saïd Chabane. Après dix ans de retraite, il tente pourtant d'apporter ses compétences et son expérience à un club qui s'émiette depuis quelques mois.

On ne vous connaît pas trop dans le monde du foot, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?J’ai travaillé 42 ans dans l’industrie automobile, dont 32 ans dans l’usine Renault. Renault m’a ensuite demandé d’intégrer le groupe japonais NTN, dont j’ai fini président pour la zone Europe, jusqu’en 2009 où j’ai décidé de prendre ma retraite. J’ai passé dix ans à voir grandir mes deux petits-enfants, avant de recevoir un coup de fil d’un ami, à qui j’avais dit en 2009 : « À faire tout ce que tu fais, tu ne vas jamais y arriver. Donc si tu as besoin, je serai toujours disponible pour te donner un petit coup de main. » Cet ami, c’était Saïd Chabane. Il me rappelait pour l’aider à reprendre L’Orfèvrerie d’Anjou. En février dernier, je suis passé directeur général du groupe Sofico, qui détient L’Orfèvrerie, la société Cosnelle, mais aussi le SCO. Est arrivé le départ de Fabrice Favetto-Bon en août. Le président m’a alors demandé si je pouvais venir dans le monde du foot, ce que j’ai accepté par intérim. J’étais déjà au conseil d’administration du club.

Délégué, c’est vraiment le mot. Président, ce n’est pas du tout mon truc.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle de président délégué ?Délégué, c’est vraiment le mot. Président, ce n’est pas du tout mon truc. Je suis le numéro deux du groupe. Dans toute entreprise, il ne peut pas y avoir deux présidents. Il y a un président, et des gens en dessous, dont moi, pour essayer d’emmener toutes les équipes vers les objectifs fixés. Je suis là pour donner un coup de main. Un club de foot ou une entreprise, c’est exactement la même chose : de l’humain. Je pense être plutôt bon là-dedans et dans le management. Le club est, de base, très bien structuré. On doit simplement renforcer encore quelques compétences.

Il y a quand même certaines différences entre une entreprise lambda à gérer et un club de foot ?Toute la partie commerciale ou administrative, ça se gère exactement pareil. Après, il y a le sportif. Il y a un directeur sportif, un coach, un directeur de la formation… Sur cette partie-là, je les laisse travailler. Je ne suis pas assez spécialisé dans le foot pour dire : « Il faut prendre untel ou untel. » Ce serait prétentieux. En revanche, je dois faire en sorte que tout ce que propose le directeur sportif corresponde bien aux objectifs du club, notamment sur le plan financier. Et puis, le dernier décideur reste Saïd Chabane. Alors certes, on parle de moi comme d’un homme de paille, mais ça ne veut strictement rien dire. Je suis connu pour ne pas me laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit. Les gens ont du mal à comprendre qu’un président puisse donner des directives, que les autres appliquent derrière. C’est son argent, ça ne me choque pas du tout. Dans une entreprise, c’est pareil ! Demandez-donc à Bernard Arnault comment il fait…

On parle de moi comme d’un homme de paille, mais ça ne veut strictement rien dire. Je suis connu pour ne pas me laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit.

Vous prenez la présidence d’un club au milieu de toutes les affaires judiciaires que l’on connaît, et vous remplacez Fabrice Favetto-Bon qui sera resté à peine six mois. De l’extérieur, on a un peu l’impression que le club part dans tous les sens…Déjà, l’ambiance à l’intérieur du club n’est pas du tout comme on peut l’entendre publiquement. Je fais des réunions tous les mardis avec toutes les entités du SCO, de façon qu’on soit transparents et que tout le monde ait les mêmes informations sur la vie du club. Tout le monde communique et donne son avis sur différents sujets. Alors forcément, tout ce qui se raconte affecte le SCO dans sa globalité, mais je ne crois pas que ça affecte le sportif. Honnêtement, les joueurs sont dans leur bulle, ce n’est pas leur souci. Ils sont hermétiques à tout ce qu’on peut entendre.

Vous comprenez tout de même que le départ soudain de Fabrice Favetto-Bon puisse sembler bizarre ?Bien sûr que c’est bizarre. Mais dans combien d’entreprises les gens font trois mois et s’en vont ? Avant que je reprenne L’Orfèvrerie d’Anjou, il y avait eu dix directeurs industriels en six ans. Les problèmes individuels ou autres, ça existe partout ! Ça fait partie du passé, on est passé à autre chose. Moi-même, je ne sais pas combien de temps je resterai. Si le président trouve la personne qu’il lui faut, ça ne me gênera pas du tout de laisser ma place.

Dans une boîte, vous traitez en direct avec vos employés et vos fournisseurs. Là pour le coup, il faut traiter avec les joueurs, mais aussi la famille, les agents, les intermédiaires… Ça fait beaucoup de monde à convaincre.

Vous dites vous-même ne pas y connaître grand-chose en foot. On imagine que c’est compliqué de reprendre un club de Ligue 1 dans ces conditions…Je ne suis pas un grand connaisseur, mais je ne suis pas ignare non plus. (Rires.) Mon fils est très amateur de football, donc on en parle souvent. De plus, j’ai été sponsor du MUC 72 quand il était en Ligue 1, avec les poulets de Loué. On avait même géré la signature de Daisuke Matsui à l’époque. Mais effectivement, entre connaître le foot et gérer un club, il y a un pas. Ce qui est très compliqué, c’est le côté relationnel avec les joueurs, mais surtout les agents. Dans une boîte, vous traitez en direct avec vos employés et vos fournisseurs. Là pour le coup, il faut traiter avec les joueurs, mais aussi la famille, les agents, les intermédiaires… Ça fait beaucoup de monde à convaincre. On y passe du temps et de l’énergie.

Ça vous a surpris ?Non. Je le savais de par mon expérience au Mans. Mais ce n’est pas la même chose de le savoir et de le vivre. Quand vous voyez un agent qui attend devant le bureau du directeur sportif pendant des heures… C’est surprenant.

Comment vous impliquez-vous concrètement au quotidien dans la vie du club ?Je suis tous les jours au club, et j’assiste, dans la mesure du possible, à tous les matchs. Mon quotidien, c’est 7h30-19h. J’ai des réunions tous les jours. Aujourd’hui, par exemple, on va discuter du logo, puis nous parlerons ensuite du stade et des travaux. Le SCO, ce n’est pas que l’équipe première. C’est aussi tout le centre de formation, le futsal… Tout cet ensemble est important. Il faut que je comprenne comment tout fonctionne pour m’impliquer pleinement.

Sans vous y connaître beaucoup, quel message pouvez-vous transmettre aux joueurs et à votre coach ?J’ai dit au coach : « Je suis là pour vous aider, vous protéger et vous éviter de recevoir le stress d’ailleurs. Je vous laisse faire votre boulot, mais si vous avez besoin de moi, je suis tout le temps disponible. » Quant aux joueurs, je vais dans le vestiaire, je les vois s’entraîner, je les salue, mais ça s’arrête là. Je n’ai pas de conseils à leur donner. À partir du moment où vous avez des gens compétents autour de vous, ce n’est pas vous qui allez faire leur boulot. Je suis présent s’ils ont besoin d’un conseil ou quoi que ce soit, mais je ne suis pas omniprésent.

Quand vous venez de l’extérieur comme moi, vous vous dites : « Vivement que le mercato soit terminé. »

Comment gérez-vous cette période de mercato si, là encore, vous n’avez pas de connaissance du milieu ?Je laisse faire le directeur sportif et l’entraîneur. Ce n’est pas compliqué de prendre des décisions, mais tant que ce n’est pas signé, c’est toujours embêtant. On ne peut pas communiquer, car tout va très vite et il y a beaucoup de faux rebonds. Quand vous venez de l’extérieur comme moi, vous vous dites : « Vivement que le mercato soit terminé. » Car on a quand même l’impression que les gens sont tous assez perturbés. C’est un moment compliqué pour tout le monde.

Quelles vont être les priorités de ce mercato ?Le coach et le DS ont ciblé certains postes, il ne reste plus qu’à trouver les hommes. Je me rends compte qu’on a du mal à attirer des joueurs dans la tranche 25-28 ans, en grande partie pour des problèmes de moyens. Aujourd’hui, je suis effaré par les coûts dans le foot…

Vous estimez que les prix sont démesurés ?Je ne dis pas ça. Maintenant que je suis dans le foot, les gens me parlent des salaires, qu’ils estiment scandaleux. Mais c’est la règle du marché. Regardez, Patrick Hernandez a fait une chanson dans sa vie et il gagne 1500€ par jour depuis 30 ans. (Rires.) Ça ne choque personne.

On sait que vous cherchez un attaquant. Qu’en est-il de la rumeur Loïs Diony ?C’est toujours d’actualité. On espère que tout va se concrétiser assez vite.

Vous avez déjà recruté Paul Bernardoni, qui est devenu la recrue la plus chère de l’histoire du club. Est-ce l’année pour passer un cap et ne plus jouer uniquement le maintien ?Je ne dirais pas passer un cap. On se stabilise dans tous les domaines, et effectivement on a fait le choix de prendre un grand gardien, ce que j’estime être un très bon investissement. On garde le même discours qui est celui de se maintenir. Maintenant, en dehors de cinq ou six grosses équipes en France, tout est possible. Si l’objectif numéro un est de se maintenir, ça ne nous empêche pas d’avoir des ambitions.

Avec trois points en deux matchs, le début de saison vous donne un peu de sérénité ?Non. Je ne suis jamais serein. J’ai vécu toute ma vie dans le stress, c’est l’adrénaline qui me fait avancer. Dans le foot, vous ne maîtrisez pas tout : il y a une part de réussite, il peut y avoir beaucoup de blessés… La seule sérénité que je puisse avoir, c’est celle que m’a donnée mon âge. Même si on stresse, on prend un peu plus de recul sur les choses.

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