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Philipp Hosiner, le fusil enrayé
Débarqué à Rennes cet été avec la réputation de maître artificier, Philipp Hosiner fait banquette avec un compteur but en berne. Pour l'international autrichien se pose déjà la question d'un éventuel départ. Dès le mercato ?
Lorsque le Stade rennais présente Philipp Hosiner fin juin 2014, le club breton pense avoir réalisé l’une des belles affaires du mercato : un international autrichien (5 sélections, 2 buts), relativement jeune (25 ans) avec des statistiques de feu, 14 buts en championnat d’Autriche sous le maillot de l’Austria Vienne en 2013-2014, et surtout 32 la saison d’avant, sans tirer le moindre penalty. Costaud, surtout quand tous ces pions permettent au club historique de Vienne de remporter le titre 2013 au nez et à la barbe du Red Bull Salzbourg, sorte de PSG local avec son budget hors catégorie.
La machine à buts de l’Austria Vienne
Deux millions pour un attaquant prolifique, a priori, c’est une bonne pioche. D’autant plus que Philippe Montanier ne voit pas en lui un simple finisseur : « Philipp Hosiner est un buteur, mais aussi un bon joueur qui sait combiner avec les autres. C’est quelqu’un de très généreux dans les replis défensifs. Il peut être complémentaire avec Ola Toivonen, mais peut aussi évoluer seul en pointe. » Pour appuyer les propos de l’ancien coach de la Real Sociedad, il suffit de préciser que l’année du titre de l’Austria, Hosiner s’est en effet goinfré avec 32 ballons au fond, mais sans oublier les copains avec 10 passes décisives… De quoi, à l’été 2013, pousser son directeur sportif Thomas Parits à tout refuser pour son joueur, courtisé par Everton, le Werder Brême, la Lazio Rome, mais surtout Hoffenheim. Le club allemand soumet une offre ferme, l’Austria dit non. De quoi affecter l’attaquant, comme il l’expliquait en novembre dernier dans le quotidien autrichien Die Presse : « Cela ne m’a pas obsédé, mais j’y ai pensé. Quand tu regardes Hoffenheim à la télévision, qu’ils jouent le Bayern Munich ou le Borussia Dortmund, et que tu sais que tu pourrais y être… »
L’explication, peut-être, d’une saison 2013-2014 à seulement 14 buts ? « Aller à Hoffenheim aurait été un rêve, mais au final, tout n’a pas été négatif : j’ai joué en sélection nationale et aussi en Ligue des champions avec l’Austria. » Une Ligue des champions où il s’illustre notamment lors de la dernière journée de la phase de poules, le temps de botter le cul du Zénith Saint-Pétersbourg (4-1), en plantant un doublé et en offrant une passe décisive. À l’été 2014, Thomas Parits a dû se résigner à enfin lâcher son protégé contre deux millions d’euros et un contrat de trois ans en Bretagne. Un choix « douloureux » selon ses propos dans le média sportif autrichien SportNet. Mais aujourd’hui, celui qui a du mal, c’est surtout le joueur, incapable de s’imposer sur le front de l’attaque rennaise.
« C’est difficile de marquer en Ligue 1 »
Six mois après son arrivée, Philipp Hosiner vit un calvaire statistique : seulement trois titularisations en Ligue 1, aucun but, excepté une talonnade tout en finesse dans les arrêts de jeu contre l’OM (2-1) en Coupe de la Ligue. Un beau but certes, mais trop peu pour se rendre indispensable. D’ailleurs, l’Autrichien n’a plus foulé les pelouses depuis son remplacement à la mi-temps de la déroute contre Montpellier (0-4), le 6 décembre dernier. Depuis, les Bretons n’ont pas forcément redressé la barre, seulement deux victoires en coupes contre des équipes de Ligue 2 ou National, mais l’ancien héros de Vienne a pu mesurer la différence entre la Bundesliga autrichienne et la Ligue 1 française : « Il y a plusieurs grosses équipes ici, le PSG et Monaco, mais aussi Marseille, Lyon ou St-Étienne. C’est difficile de marquer car les défenseurs sont robustes, les équipes assez défensives » expliquait le joueur dans Die Presse. « Et avec Habib Habibou, Ola Toivonen et moi, on est trois pour une seule place. » Selon lui, tout ira mieux une fois qu’il aura commencé à enchaîner les buts et gonfler sa confiance… Encore faudrait-il qu’il soit sur le terrain.
Aujourd’hui, son futur paraît de plus en plus incertain et pas forcément en Bretagne. Contrairement à un Sadio Mané qui a lui aussi quitté l’Autriche cet été, mais commence à trouver ses marques avec Southampton, Philipp Hosiner est peut-être déjà hors course. Une erreur de casting pour les Rennais, ou plutôt un choix de carrière raté pour un attaquant qui semblait beaucoup plus taillé pour la Bundesliga allemande et ses équipes qui jouent l’attaque. Certains bruits font d’ailleurs état d’un départ en prêt de l’autre côté du Rhin pour se refaire une santé. Indispensable pour ce fan de Thierry Henry, dont l’objectif est de réintégrer la sélection autrichienne d’ici l’Euro 2016.
Par Nicolas Jucha