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Phil Neville, le petit frère

Quentin Moynet
Phil Neville, le petit frère

Deux victoires, dont une contre Manchester United, et une défaite. Everton a plutôt bien débuté son championnat. Ce soir contre Newcastle, les Toffees seront une nouvelle fois emmenés par leur emblématique capitaine Phil Neville. Petit frère de Gary, l'ancien de Man U impressionne tant par sa polyvalence que par sa longévité et son état d'esprit irréprochable. A 35 ans, Neville ne vit que pour une seule chose : la victoire.

Ils devaient faire toute leur carrière ensemble à Manchester United. Finalement, les frères Neville se sont séparés en 2005, la faute au cadet Phil qui s’est barré à Everton. Pourtant, l’histoire des frérots de United avait tout pour être parfaite. Les deux joueurs font partie des Fergie’s Fledglings(jeunes joueurs recrutés par Ferguson et entraînés par Brian Kidd and Eric Harrison, ndlr) et intègrent l’équipe première peu de temps après (en 1992 et en 1995). Alors que Gary devient rapidement indéboulonnable à droite, Phil, pourtant considéré comme le plus talentueux des deux – « Phil a toujours été le plus doué chez les jeunes » dixit Gary -, galère dans le couloir gauche, Denis Irwin lui étant préféré.

Il faut attendre le début des années 2000 pour le voir s’imposer sur son côté. Parfois positionné au milieu de terrain à la place de Roy Keane ou de Juan Sebastian Veron, il doit cependant faire face à une concurrence de plus en plus forte. Titulaire à seulement douze reprises en championnat lors de la saison 2004-2005, il décide de plier bagages alors que peu de temps auparavant il déclarait vouloir faire toute sa carrière à Manchester United. Le natif de Bury évite de peu le crime de lèse-majesté en signant chez le voisin de l’ennemi Liverpool : Everton.

Neville, une culture de la gagne

Pas de chance, les Toffees, qui viennent de terminer quatrièmes de Premier League, se font sortir en tour préliminaire de Ligue des Champions par Villarreal et voient par la même occasion 20 millions d’euros leur filer sous le nez. Malgré une onzième place cette année-là et des problèmes financiers, Everton ne fait par la suite jamais moins bien que 8e. La saison dernière, ils terminent même devant Liverpool (septième contre huitième), ce qui suffit à ravir les supporters du Goodison Park. Mais quand on vient de Manchester, on ne sait se satisfaire d’accessits. Pour Phil, seule la victoire compte. « Ça me rend fou. Je ne crois pas que Liverpool ait la même vision des choses, explique-t-il dans The Independent. Ils veulent gagner le championnat et les coupes, c’est cette mentalité que nous devrions avoir. L’année dernière, Kenny Dalglish a gagné la Carling Cup et il s’est fait virer. Cela montre quelles sont leurs attentes. »

Voilà le genre de joueur qu’est Phil Neville. Un gros bosseur prêt à jouer à n’importe quel poste pour le bien de l’équipe. « Il s’est si polyvalent que son poste peut évoluer » se réjouissait déjà David Moyes lors de son transfert en 2005. Mais Phil, c’est aussi un gros mental. Moqué pour son manque de technique, critiqué par les supporters anglais – « Si Neville peut jouer pour l’Angleterre, alors moi aussi » crient certains d’entre eux en 2002 lors d’un match contre le Paraguay -, il ne se laisse jamais abattre. C’est cette mentalité qui plaît à Moyes. Le coach écossais le nomme vice-capitaine en 2006 puis capitaine en janvier 2007 après le départ de David Weir pour les Rangers.

Une dernière saison avant d’entraîner ?

Conscient que son équipe ne peut raisonnablement espérer finir sur le podium – « Terminer cinquième ou sixième, pour nous, c’est presque comme gagner le championnat. Se qualifier pour la Ligue des Champions serait un miracle » -, Neville vit très mal le fait de n’avoir remporté aucun titre avec le club basé à Liverpool: « Pour moi, le succès c’est de gagner des trophées et des médailles. Il y a toujours un vide en moi. Si je quitte Everton sans avoir remporté de trophée, ce sera un échec en tant que capitaine« . Un trophée qu’il a failli remporter en 2009… jusqu’à cette finale de FA Cup perdue contre Chelsea (2-1). « C’est mon pire souvenir à Everton,confie-t-il. Je me suis posé des questions tout l’été pour savoir si j’étais un suffisamment bon capitaine pour gagner quelque chose, parce que nous avions la meilleure équipe avec laquelle j’ai joué ici. »

En fin de contrat à l’issue de la saison, le joueur de 35 ans veut encore jouer « au moins un an de plus au top niveau« , avec les Toffees ou à l’étranger. Après, il se tournera vers sa carrière d’entraîneur. Une reconversion qu’il prépare consciencieusement depuis plusieurs années et qu’il entend bien réussir. « J’ai ma licence d’entraîneur pro. Je suis encore loin d’être un manager mais j’essaye d’en apprendre tous les aspects. Je pense que certains se lancent alors qu’ils ne sont pas prêts. Je ne veux pas être l’un d’entre eux« . Ne pas se lancer trop tôt pour atteindre son objectif, le même que celui qu’il s’est fixé tout au long de sa carrière : gagner.

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