- Saint-Valentin
- Réflexion existentielle
Peut-on vraiment emmener son chéri au stade pour la Saint-Valentin ?
À l'approche de la Saint-Valentin, les offres promotionnelles pour les couples abondent, des chocolatiers du centre ville jusqu'aux boutiques du club de football le plus proche. Ce 14 février, ils seront des centaines de tourtereaux à se masser dans les tribunes des stades de France. C'est ça, l'amour ?
Tous les 14 février, c’est la même chose. En France et partout dans le monde. Pour la Saint-Valentin, la fête des amoureux, des cartes postales en forme de cœur et des boîtes de chocolat, les couples ont tous une réponse adaptée. Il y a les lâches, qui ne souhaitent pas participer à cette « fête commerciale » . Ceux sans aucune originalité, qui vont se faire un classique restaurant/missionnaire sur pétales de rose. Les aventuriers, qui iront dormir dans une yourte en Auvergne ou dans une cabane dans les Ardennes. Les branchés, qui iront fabriquer leur bière bio avant un concert de Christine and the Queens. Et puis les footeux, qui iront supporter leur équipe jusqu’à s’en casser les cordes vocales avant de s’embrasser fougueusement dans leurs maillots floqués « ensemble depuis 2002 » . Et ceux-là seront jugés, taxés de beauf’ ou bien pire encore. Parce que voilà, dans le cœur de Cupidon, le football n’a pas sa place. Enfin, c’est ce qu’on veut nous faire croire. Parce qu’après tout, même si Gilbert Montagné ne l’a pas chanté, pourquoi ne pourrait-on pas aller s’aimer dans les gradins de Geoffroy-Guichard, du Parc OL ou de l’Allianz Riviera ?
Je t’aime plus qu’un but à la 90e minute
Se demander si match de foot et amour sont compatibles, c’est avant tout se demander ce qu’est l’amour. « C’est faire plaisir à l’autre, même si à nous, ça ne nous fait pas plaisir » , explique Chloé, qui sera en tribunes du Parc OL ce dimanche. « Il s’est déjà forcé à venir voir une exposition chiante avec moi, c’est normal que je me force à aller voir un match avec lui pour une fois, non ? » Même son de cloche du côté de l’Allianz Riviera, où prendront place Marie et sa moitié. « Oui, ça peut sembler moins romantique qu’un dîner en tête à tête, voire même carrément beauf, mais à la rigueur, on s’en fout. Si ça peut le rendre heureux, c’est tout ce qui compte, non ? » Et au final, ces deux amoureuses ont raison. Voir monsieur s’égosiller et traiter l’arbitre d’amateur de pratiques sexuelles hétéroclites, de bras d’honneur et petits bisous, ça peut finalement être une définition de l’amour aussi valable que n’importe quelle autre.
D’autant qu’à la Saint-Valentin, il ne s’agit pas vraiment de se travestir pour faire quelque chose d’exceptionnel, mais bien de se prouver mutuellement qu’on est prêts à se supporter pour le meilleur et pour le pire. « Moi, le foot, je n’y comprends rien, mais j’aime bien l’ambiance dans les stades. Alors j’essaierai de chanter et de ne pas poser trop de questions » , poursuit Chloé. « Aux États-Unis, aller au stade en amoureux n’a rien de beauf, ils en font même tout un spectacle avec les kiss cams » , analyse-t-elle. De ce point de vue-là, difficile de lui donner tort. En quoi aller voir un match de football serait-il moins romantique que d’aller voir n’importe quel autre spectacle. Le débat peut même aller plus loin : est-ce beauf’ d’emmener sa moitié voir un match de hockey sur glace en France ? Sans doute moins. Mais après tout, en amour, se focaliser sur le regard extérieur, c’est déjà se tromper. Alors aimez-vous dans les stades si vous en avez envie.
Morve, ligne 9 et Sedan – Wasquehal
Côté mec, c’est à peu près le même raisonnement. En couple, c’est un cadeau qui fonctionne. Suffit juste de vérifier qu’il n’est pas abonné ou qu’il n’a pas oublié la Saint-Valentin et qu’il s’est déjà acheté une place de son côté : « Le restaurant, on y va 200 fois par an, on y est habitués, estime Sélim Niederhoffer, expert en séduction et rédacteur pour www.artdeseduire.com. Mais là, une meuf qui t’offre une place, c’est rare. L’argument surprise, nouveauté, ça permet de te démarquer. » Et puis tant mieux si c’est pour un Sedan-Wasquehal en Coupe de France : « Ça veut dire qu’elle en veut vraiment. Elle fait vraiment un effort, c’est vraiment un cadeau pour le garçon et pas pour elle. » Seul problème : ce n’est pas l’idéal pour conclure. Et du coup, pour celles qui veulent franchir le Rubicon ce soir-là, mieux vaut attendre un rencard ultérieur : « Même en costard contre Chelsea, le foot est toujours perçu comme un truc de beauf. Et puis, généralement le 14 février, ça caille. Si t’es pas en loges, t’as le nez qui coule, tu te les gèles. Et tu prends la ligne 9 pour te réchauffer. Bref pas l’idéal pour conclure. » Et puis, il faut aussi penser qu’un soir de défaite est peut-être le pire des environnements possibles pour un câlin. Femmes, copines, conjointes, amoureuses de supporters rennais s’abstenir, donc.
Par Gabriel Cnudde et Ugo Bocchi