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Peut-on se fier aux matchs amicaux ?

Par Fabien Gauvin et Christophe Gleizes
Peut-on se fier aux matchs amicaux ?

Chaque été, c'est la même rengaine et la même question. Que veulent dire les matchs amicaux? Les prédicateurs se gargarisent de ces oppositions champêtres, dont ils tirent de grands enseignements; les principaux intéressés n'y voient pourtant rien d'autre qu'un entraînement.

Qautre défaites contre Porto, Wolfsburg, Parme et la Sampdoria, un nul contre Sion pour une victoire étriquée à Lens. La préparation estivale de l’Olympique de Marseille a de quoi faire avaler son pastis de travers. L’acclimatation des recrues et les séquences de jeu déployées inquiètent le novice et paniquent les minots. Le 1er août, obligé de répondre au début de pression, Vincent Labrune dédramatise rapidement dans les colonnes de L’Équipe : « On affronte des équipes qui ne sont pas au même stade de préparation. Je n’accorde aucune importance aux résultats de tous ces matchs amicaux. Aucune. » Ah bon? C’est pas un peu facile ?

Pas de lien logique

Aussi incroyable que cela puisse paraître, un rapide examen du microcosme footballistique français prouve pourtant que le président de l’OM n’est pas le seul à s’en foutre. Daniel Sanchez, l’entraîneur de Valenciennes, reste circonspect par rapport aux enseignements qui peuvent être tirés de telles oppositions : « J’aurais tendance à dire qu’on ne peut pas s’y fier. L’année dernière, par exemple, nous avons fait une campagne de matchs amicaux assez poussive, avec trois défaites et deux nuls. J’étais un peu inquiet mais finalement on a réalisé une excellente entame de championnat; peut-être parce que, justement, les mauvais résultats ont alerté tout le monde et qu’on a resserré les lignes » . Avant de poursuivre : « En réalité, faire une bonne campagne de préparation ne garantit rien en termes de résultats futurs, mais on ne va pas non plus regretter de gagner des matchs. Tout dépend du contexte, de l’adversaire, du niveau de préparation des deux équipes. On choisit les adversaires avec l’idée de varier progressivement le niveau de jeu. Au début, on sélectionne des adversaires de degré moindre, et après on augmente la difficulté pour véritablement s’étalonner, à mesure que le championnat approche » .

Hubert Fournier, l’entraîneur de Reims, est lui catégorique : « À mon avis non, on ne peut pas en tirer de conclusions. Tout simplement parce que l’on n’y retrouve pas un aspect psychologique très important dans notre métier, qui est celui de la compétition. L’envie de gagner peut être là mais on a du mal à la mettre en valeur lors des matchs amicaux. Ces matchs n’ont pas une vraie réalité, il n’y a pas la senteur de la compétition, la peur du résultat, ce qui change tout fondamentalement » . Il explique plus en détail : « Inconsciemment les joueurs se donnent moins, qu’on perde ou qu’on gagne. La seule pression qu’ils ont, au final, c’est celle d’être performant et d’envoyer des signaux positifs à l’entraîneur et au staff. C’est une pression personnelle, que tous appréhendent différemment. »

Le frein à main estival

Alors comme ça on calcule ses efforts? « Moi je réfléchis pas, je me donne à fond pour me rapprocher le plus possible de mon vrai niveau, se justifie Thibaut Giresse, le passeur guingampais. Surtout je trouve qu’il y a beaucoup plus d’intensité par rapport à avant; on a joué un derby contre Brest en préparation et c’était franchement engagé » . Le milieu de terrain concède cependant qu’il faut surtout regarder les derniers matchs pour s’essayer aux pronostics : « Plus les matchs sont proches du début de saison, plus ils sont éclairants. On peut alors obtenir un aperçu, on peut se faire une petite idée de la qualité du groupe; même s’il n’y a pas de garantie future. » Pour lui, les oppositions sans enjeux sont d’abord l’occasion de bien aborder la compétition : « Gagner ses matchs amicaux, selon moi, ça aide quand même psychologiquement. C’est toujours bien pour le mental et le moral. Perdre contre un club de National ce n’est pas la meilleure des choses pour aborder une saison. »

Si le fils d’Alain Giresse est déjà motivé, certains ne feignent pas leur lassitude. Quand on lui demande comment il justifie d’infliger 4-0 au Panathinaïkos pour faire 0-0 contre Boulogne-sur-Mer trois jours après, l’ailier valenciennois Matthieu Dossevi admet certains écarts de concentration : « C’est toujours la même chose, en championnat, tu peux faire un gros match contre Marseille ou Paris et ensuite aller perdre contre Guingamp. Je pense que c’est une question de motivation tout simplement. En plus, contre le Panathinaikos, on a joué devant notre public, ce qui change l’implication forcément. Derrière contre Boulogne peut-être que l’on est un peu moins appliqués, mais c’est surtout dû à la fatigue, parce qu’on a joué trois jours avant justement. » L’ancien joueur du Mans ne fait d’ailleurs pas mystère d’une certaine propension à jouer avec le frein à main estival : « Moi je fais attention aux blessures et je vais un peu moins au contact, je ne suis pas à 100% mais le but reste tout de même de se rapprocher au maximum lors des derniers matchs du niveau de jeu qu’on souhaite atteindre en championnat. » Matthieu Dossevi reste ainsi persuadé que seul le contenu des matchs est révélateur, pas leur résultat : « Ce qui est important c’est la qualité du jeu mise en place. Ensuite pour la confiance, c’est toujours bien d’avoir des résultats positifs mais ce qui doit être la priorité, c’est la qualité qu’on a produit techniquement et collectivement par séquences. »

À quoi ça sert alors ?

« Ces oppositions sont là pour préparer le groupe mais les équipes ne sont pas encore au point » , complète le Montpelliérain Karim Aït-Fana. Fatigués, perdus au milieu d’effectifs recomposés, les joueurs ne donnent selon lui pas leur plein rendement : « C’est toujours une période où on fait beaucoup de séances physiques et de travail foncier. Les matchs sont là pour compléter la préparation, pour peaufiner certains détails, améliorer les automatismes » . Le Franco-marocain confère cependant à ces matchs une valeur de « répétition générale d’avant-saison. Pour pouvoir reproduire en match nos schémas de jeu, il faut bien pouvoir connaître ses coéquipiers avant le début du championnat » . Pas besoin de s’engager totalement en match, il faut seulement être là dans l’esprit. Interrogé par le quotidien Le Pays, l’entraîneur Eric Hely explique : « Lors de ces matchs amicaux, il faut simplement que les joueurs soient impliqués dans le projet. Sur nos premières sorties, j’attends qu’ils soient concentrés sur notre thème de travail : être plus solides défensivement. Sinon, ces rencontres de préparation servent plus à effectuer une revue d’effectif, et peuvent permettre à des jeunes de se montrer… voire de se révéler » .

Si la vérité de ces oppositions est donc aléatoire, Daniel Sanchez y voit néanmoins une utilité évidente : « Un match amical, ça sert à reprendre la compétition et à donner du temps de jeu aux joueurs en phase de reprise. Cela permet aussi d’essayer de nouvelles formules tactiques, des systèmes de jeu différents, sans pression. Cette année, grâce aux matchs de préparation, j’ai par exemple remarqué que mon équipe était plus à l’aise en 4-3-3 que dans un 4-2-3-1. Voilà, ça sert à ça, à comprendre certains éléments et à emmagasiner certaines informations. » Une vision partagée par Victor Zvunka, l’ancien coach de Nîmes, dans une interview accordée en 2009 à France Football : « Ces matchs restent quand même très importants pour un coach. L’entraînement est une chose, faire des oppositions en est une autre. D’avoir des adversaires permet déjà aux joueurs de rentrer petit à petit dans la compétition. Je vais aussi essayer de trouver des repères en tentant différentes tactiques. C’est pour moi aussi l’occasion d’aligner des joueurs à des postes différents, de lancer des jeunes qui vont booster le groupe ou de remettre dans le bain des recrues qui n’ont pas disputé le moindre match officiel depuis six mois avec leur ancien club. Je ne pourrai plus faire des essais comme ça en championnat. »

Attention cependant à ne pas trop abuser des fantaisies. C’était le cas de l’équipe expérimentale de Santos, orpheline de Neymar, qui s’est lamentablement fait démolir 8-0 vendredi soir au Camp Nou, sous la répétition d’assauts aussi huilés que bien rodés. Un énième match amical pour une humiliation pas si anodine, qui annonce un changement de dynamique des deux côtés. En toute fiabilité.

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