- Foot et santé
Peut-on jouer au foot après une grosse cuite ?
Ce dimanche 1er janvier, certains footeux vont devoir affronter le terrain avec la cuite de la Saint-Sylvestre dans les jambes. Mais est-il possible d'être performant avec la gueule de bois ?
Il est dix heures du mat’. La lumière du jour vient te cogner le visage et te réveille doucement. Tu portes toujours ce jean sale et ce T-shirt imbibé de spiritueux. La tâche de bave sur ton matelas te dégoûte presque autant que l’odeur de cigarette froide qui empeste tes doigts. Les traits tirés, fatigués, tu puises dans tes dernières forces pour te changer au profit d’un jogging et d’un sweat bien plus confortables. Tu te hâtes lentement dans la cuisine, histoire d’ingurgiter approximativement deux litres d’eau. Un café bien serré dans lequel tu jettes un doliprane, une commande chez Pizza Hut pour éponger, et tu es prêt pour te caler dans ton canapé devant la rediffusion du premier bêtisier de Noël qui te tombe sous la télécommande. 2017 n’a commencé que depuis quelques heures, mais elle fait déjà bien mal à la tête. Ne te plains pas, Olivier Giroud est dans le même état que toi, mais il ne pourra pas se bidonner comme toi devant un lama qui lèche le visage d’un journaliste mal à l’aise. Dans à peine sept heures, il va devoir aller faire son métier : jouer au football.
Bonne année !
Oui, la Premier League n’en a rien à faire des fêtes de fin d’année. Ce 1er janvier, en pleine après-midi, Watford et Tottenham, puis Arsenal et Crystal Palace, vont devoir s’affronter. Un vrai dilemme pour les joueurs qui vont devoir faire un terrible choix : sacrifier une belle fête entre amis et l’euphorie alcoolisante qui va avec, ou tout envoyer balader quitte à souffrir pendant 90 minutes le premier jour de la nouvelle année. Nul doute, certains choisiront la deuxième option. Mais est-il possible d’être performant sur le pré en trimbalant une gueule de bois ? Il y a quelques jours, Rio Mavuba apportait la preuve que oui en racontant une anecdote à propos du dernier match d’Eden Hazard avec le LOSC en 2012. « On était certains de finir troisième. Il avait voulu organiser un petit truc. On a donc décidé d’aller boire un petit coup. Mais le petit coup, il tarde, il tarde. On avait rendez-vous le lendemain matin dans un hôtel à 10h. À l’hôtel justement, Marko Baša ouvre une porte, tombe sur un joueur et dit :« Mais qu’est-ce que tu fous là comme ça, toi ? » Il parlait à Eden, qui lui répond : « Ouais, j’ai pas eu le temps de rentrer chez moi. »Eden était encore bourré. Le soir, on joue contre Nancy. Même pas trente minutes de jeu, Eden avait déjà marqué trois buts. Le gars n’avait même pas dormi, il avait bu toute la nuit et a claqué un triplé en trente minutes » , a expliqué le capitaine des Dogues sur le plateau de SFR Sport.
Muscle et cerveau moins performants
Sauf qu’Eden Hazard est un joueur exceptionnel, qui roulait à l’époque sur un championnat devenu trop petit pour lui. 20 buts et 18 passes décisives en 38 matchs, ça en dit long sur la marge de manœuvre du mec. Mais pour un joueur lambda, il est bien plus difficile de se remettre d’une grosse cartouche. « La performance physique sera forcément moindre. L’alcool est très riche en sucres, qui se transforment rapidement en graisses. Les muscles sont donc fragilisés. Les mauvaises calories augmentent la température du corps. Et qui dit chaleur, dit déshydratation. Le joueur sera forcément déshydraté le lendemain, et il y aura un risque de lésion musculaire, de tendinite, etc. » , tranche Jean-Jacques Menuet, médecin du sport. Mais au-delà de l’aspect musculaire, la belle biture risque d’avoir des conséquences sur le système nerveux central. « L’alcool ne s’élimine pas si rapidement que ça. Si le joueur a bu une douzaine d’heures auparavant, il y a toujours une perturbation de la lucidité, des réflexes… Et puis, une soirée trop arrosée est souvent synonyme de sommeil amputé en quantité et en qualité. On croit souvent, à tort, que l’on dort mieux sous alcool. C’est faux, encore à cause de la chaleur du corps, le sommeil paradoxal, le meilleur, celui qui récupère du stress et redonne de la force, est moins bon » , appuie encore le Dr Menuet.
Vive le bouillon de légumes
Mais que le footballeur se rassure, il existe quelques remèdes miracles pour surmonter le mal de cheveux, à base de cinq fruits et légumes par jour. « L’objectif, c’est d’éliminer les toxines le plus vite possible. Pour ça, pas question de rester avachi. Il faut une promenade digestive à pied ou à vélo, histoire d’avoir un vrai décrassage musculaire. À une allure réduite, bien sûr. Il faut faire fonctionner les fibres musculaires. Et surtout, il faut boire de l’eau toute la journée, jusqu’au match. Il faut aussi se faire un bon bouillon de légumes, des jus de fruits, une compote de pommes. Ces fibres consommées vont absorber une partie des graisses » , conseille Dr Menuet aux joueurs « obligés contractuellement à jouer après leur cuite » . Ne t’inquiète pas, toi, tu peux laisser tomber le bouillon de légumes et savourer ta pizza de mauvaise qualité. 2017 n’a pas fini de faire mal à la tête.
Par Kevin Charnay