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ACTU MERCATO

Peut-on être un bon lofteur ?

Par Nicolas Jucha
Peut-on être un bon lofteur ?

Fanni, Kadir ou Sogou à l'OM, Ben Arfa du côté de Newcastle, cet été encore les mises à l'écart sont de saison. Causes sportives ou non, ces situations sont une difficulté de plus pour les agents. Mais chaque problème a sa solution, et certains bannis - à l'image de Gomis en 2013 - peuvent en ressortir grandi.

« Alors je vous coupe tout de suite, Gabriel Obertan n’est pas mis à l’écart à Newcastle, on a juste demandé à ce qu’il ne fasse pas la tournée en Nouvelle-Zélande car il était susceptible d’être transféré. Dimanche dernier, il a joué avec l’équipe première et Alan Pardew a salué sa performance. Je n’ai pas le temps d’en dire plus. » Karim Djaziri, agent de l’ancien Bordelais – de Karim Benzema aussi – n’apprécie pas quand on place dans la même phrase les mots Obertan, mise à l’écart et Newcastle. Il faut dire que dans bien des cas, les agents préfèrent ne pas médiatiser une telle situation et s’échinent à trouver des solutions en coulisses. En parler pourquoi pas, mais quand le problème est réglé, à en croire Dominique Six, représentant du Marseillais Rod Fanni : « Je ne souhaite pas communiquer sur la situation de Rod en particulier ni sur ce type de situation en général. À la limite en septembre, une fois la situation décantée, mais là non. » Fin de la conversation. Cette stratégie prudente atteint parfois ses limites, notamment quand un point de non-retour a été franchi entre le joueur et son club. Il y a quelques jours, le conseiller d’Hatem Ben Arfa, Michel Ouazine, n’avait pas hésité à s’exprimer dans nos colonnes sur la situation de son poulain : mise à l’écart, amende jugée abusive, situation semblant s’apparenter à du harcèlement. L’intérêt dans ce cas : défendre l’image du joueur et contredire les arguments officiels du club.

« Si le club se fout de ta gueule, il faut penser à ton avenir »

D’une manière générale, malgré les tensions engendrées par une mise à l’écart, le joueur se doit se garder la meilleure conduite possible afin de rebondir au plus vite. « Il faut essayer d’en tirer parti le mieux possible. Si le club se fout de ta gueule, il faut penser à ton avenir, ce qui peut vouloir dire être performant au moment où l’entraîneur sera obligé de t’aligner car il n’aura pas d’autre joueur disponible. Entre partir libre avec zéro ou douze buts, mieux vaut avoir saisi la moindre opportunité. Mais tous les joueurs ne sont pas capables de le faire » , estime de son côté Jennifer Mendelewitsch. Selon elle, il est plus facile de sortir de la cave quand on a un rôle offensif car « un attaquant aura éventuellement des statistiques à mettre en avant. Pour un défenseur ou un milieu, on verra surtout les erreurs et non les performances. » Une pensée pour Demba Ba et son but contre le PSG. Être irréprochable serait-il la seule voie ? Michel Ouazine encore, à propos de Ben Arfa : « Il ne peut que se comporter en professionnel. Après, les événements, ce n’est pas vous qui les commandez. Il doit bien bosser, être pro. » Être irréprochable n’est cependant pas donné à tout le monde, car la mise à l’écart peut être un choc moral. « Un joueur mis à l’écart, en général il ne comprend pas pourquoi » , estime Franck Belhassen, pour qui « le rôle de l’agent est alors de rassurer, de passer du temps avec le joueur pour trouver une solution. » Pour Jennifer Mendelewitsch, « chaque cas est unique » et dans certains, les joueurs peuvent anticiper le bannissement et s’y préparer mentalement, notamment quand ils refusent une prolongation : « Quand un joueur refuse de prolonger, c’est qu’il a autre chose, donc il s’attend à la mise à l’écart et à une porte de sortie. Ce n’est pas un drame quand c’est anticipé et que la raison est connue, le joueur peut le vivre sereinement. » Mais les situations de souffrance restent courantes selon elle : « Le problème, c’est quand du jour au lendemain, vous ne savez pas pourquoi, tout allait bien, et on vous met à l’écart. Là, c’est dur. »

« Il faut gérer le joueur mais aussi sa famille »

Une course contre la montre commence alors, celle du mercato. « C’est une situation d’urgence, car le joueur est en stand-by et ne sait pas où il sera à la fin du mercato. Il faut gérer le joueur, mais aussi sa famille : il y a la question du logement, de la scolarité des enfants… » selon Franck Belhassen. La famille, une raison qui peut pousser un joueur à rester malgré son statut de banni d’après Jennifer Mendelewitsch, car « certains ne peuvent pas quitter un club du jour au lendemain, notamment ceux qui ont des gosses à l’école » . Les options pour soulager le joueur : son professionnalisme d’une part, l’efficacité de l’agent de l’autre. « Si l’agent vient avec des offres rapidement, la mise à l’écart se vit bien, estime Jennifer Mendelwitsch. De toute façon le club ne met pas de bâtons dans les roues pour partir. » Dans la plupart des cas, la mise à l’écart n’a donc pas vocation à durer. Sauf si le joueur décide d’insister, pour des raisons sportives – Bafé Gomis en 2013 – ou financières. « Même mis à l’écart, les joueurs ne veulent pas faire n’importe quoi. Il est important de retrouver une situation sportive, mais il y a une limite aux efforts financiers acceptables » , explique Franck Belhassen, pour qui cependant les jeunes joueurs sont plus à même d’être conciliants financièrement car ils ont « encore une carrière à construire » . Mais pour l’agent français, « un joueur trentenaire réfléchit à deux fois avant de renoncer à un bon contrat, même si sportivement il y a une meilleure option » . Selon lui, son rôle de conseiller se limite à « trouver des points de chute convenables, rapprocher les positions entre les différentes parties » , mais en aucun cas à « dire à un homme de 31-32 ans de sacrifier deux tiers de son salaire pour retrouver du temps de jeu. »

« Certains entraîneurs touchent une partie de la commission des agents »

L’argent, forcément l’un des nerfs de la guerre. Michel Ouazine l’illustre bien pour la situation de Ben Arfa en Angleterre : « Hatem est capable d’aller au bout de son contrat. Six mois, un an, ce n’est rien du tout. Il n’est pas à la rue. Dans deux mois, Pardew peut être très loin. » Mais dans un tel cas de figure, qui signifie une guerre d’usure entre les deux parties, l’agent se doit de rester sur le qui-vive. Jennifer Mendelewitsch : « C’est compliqué par rapport au droit du travail d’écarter un joueur totalement. Ne plus s’entraîner avec l’équipe première, c’est une chose. Mais le club doit respecter certaines formes. Le boulot de l’agent, c’est de vérifier que le club suit les règles et si ce n’est pas le cas, de le faire constater par huissier, notamment quand on refuse au joueur d’utiliser sa place de parking, quand on lui refuse l’accès au centre d’entraînement. » Même en cas de conflit ouvert, l’agent doit chercher la diplomatie : « Le but est quand même d’éviter d’aller jusqu’au point de non-retour, pour l’agent qui peut être amené à retravailler avec le club, pour le joueur qui peut risquer d’être ignoré par les autres écuries car le football est un petit monde… » Le bouche à oreille entre présidents représente un risque pour les joueurs. Tout comme les conflits d’intérêts entre le sportif et le contractuel, si l’on en croit celle qui fait partie des rares femmes actives de la profession en France : « Le cas principal de mise à l’écart d’un joueur dans un club, c’est quand le joueur refuse de travailler avec l’agent du coach. Il y a plein de cas notamment en Ligue 1. Dans ce type de situation, tout le monde sait pourquoi le joueur est écarté, c’est un secret de polichinelle. Aujourd’hui, certains entraîneurs touchent une partie de la commission des agents pour favoriser tel ou tel joueur. C’est dommage car cela pipe totalement les dés. Dans certains clubs, des agents sont fortement implantés avec une quinzaine de joueurs… Du côté des joueurs concernés, ils ont un représentant qui finalement ne travaille pas vraiment pour eux : comment allez-vous vous fâcher avec un club dans lequel vous avez quinze joueurs ? » Les oreilles de Jorge Mendes ont sifflé…

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