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Peut-on encore se moquer d’Arsenal ?

Par Antoine Mestres
4 minutes
Peut-on encore se moquer d’Arsenal ?

Il y a les faits, répétés à maintes et maintes reprises : les Gunners n'ont rien gagné depuis cette Cup en 2005. Et une réalité plus récente : depuis le début de saison et une régularité retrouvée, les Gunners semblent sur le retour. Au point d'aborder cette 6e journée en tête de Premier League. D'où une question : peut-on encore se moquer d'Arsenal ?

« C’est évident que les supporters de toutes les autres grosses équipes se sont bien marrés quand ils ont vu Arsenal ne rien gagner encore et encore ces dernières saisons. » Max Rushden, animateur principal de Soccer AM, le talk-show hebdomadaire de Sky Sports, le sait bien, ces dernières saisons, les Gunners étaient avant tout de bons clients. Mais ça, c’était avant : « Aujourd’hui, on ne peut plus se moquer d’une équipe qui gagne. Et même, au-delà des simples résultats, la venue d’Özil a fermé pas mal de bouches. » Et oui, c’est peu dire que le scénario fou du transfert d’Özil couplé à quelques bons résultats a renversé la perspective et donné une toute autre allure à la saison à venir du côté de l’Emirates. Très rapidement. Comme souvent dans le football. Comme très souvent avec Arsenal. Cette impression qu’à l’aide d’un rien, une inspiration de Ramsey par exemple, la réalité d’un jour peut être la plus heureuse. Celle d’une équipe enfin récompensée pour sa qualité de jeu et son travail sur le long terme, et qu’à cause d’un rien, une bourde de Koscielny ou de Mertesacker, la réalité d’un jour peut tourner au désastre, celle d’une équipe renvoyée à ses limites, ses doutes, ses vieux débats et ses démons.

4e tous les ans

Si on peut se moquer d’une équipe qui répète inlassablement les mêmes erreurs, « on ne peut finalement que respecter une équipe qui paraît souvent en difficulté et termine néanmoins 4e chaque année. L’an passé, les Spurs étaient meilleurs, plus spectaculaires, Bale jouait son meilleur football, ils ont réalisé la meilleure saison de leur histoire et ils ont fini 5es. Comme quoi… » , explique Ben Lyttleton, journaliste au Guardian, qui ajoute : « Finir 4e, ce n’est pas un trophée, mais aujourd’hui, c’est plus important qu’un trophée. C’est un discours un peu déprimant qui colle bien à la réalité du football moderne. Je ne dirai pas la même chose pour Wigan. À choisir, les supporters garderaient sans aucun doute la Cup avec la descente plutôt qu’un maintien en Premier League. Mais pour Arsenal, terminer dans les quatre premiers était le plus important ces dernières saisons. Ils l’ont fait et inspirent le respect. » Une façon de dire qu’ils ont parfaitement géré leurs périodes creuses (dues, entre autres, à la construction de l’Emirates) depuis plusieurs années. Pour ce faire, les Gunners se sont repliés sur leurs acquis : un fonds de jeu qui a la peau dure. « Ils ont une vraie philosophie et les Anglais respectent beaucoup le travail d’Arsène Wenger. Mine de rien, les autres membres du Big Five essaient de faire la même chose, à savoir construire sur le long terme, sans forcément y arriver : les Spurs ont un projet depuis un an et l’arrivée de Villas-Boas, Chelsea change de ligne directrice tous les ans, City redémarre un nouveau cycle » , précise Ben Lyttleton. Sans compter qu’Arsenal est la meilleure équipe de l’année 2013 sur le plan statistique.

Bendtner & Sanogo

Soit, mais alors qu’est-ce qu’il manque aux Gunners ? Özil étant un milieu de terrain, et le milieu de terrain étant le point fort de cet effectif, l’équipe présente toujours les mêmes caractéristiques : une défense irrégulière et une absence de buteur fiable que ce mercato estival n’a pas pu combler. Des manques qui rappellent la vraie faiblesse d’Arsenal : la cellule de recrutement. « Pendant longtemps Arsène Wenger et David Dean – qui connaissait parfaitement le football – finalisaient les deals eux-mêmes. David Dean est parti en 2007 et plus personne n’a aujourd’hui son expérience dans le board des Gunners. Alors ils continuent d’identifier les joueurs, mais n’arrivent plus à les avoir. Ce n’est pas la faute d’Arsène Wenger » , rappelle Ben Lyttleton. Des joueurs identifiés comme Higuaín qui s’éclate aujourd’hui avec Naples. « Et si Giroud se blesse, se demande le journaliste du Guardian, ils vont jouer avec qui en pointe ? » Bendtner ou Sanogo… Comme quoi, au fond, Arsenal sera toujours là pour nous faire rire.

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