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Peut-on encore croire en Mauro Zárate ?
À vingt-huit ans, Mauro Zárate semble enfin avoir atteint sa maturité. De son indéniable talent, il n'a pour l'instant montré que des bribes, bien plus rares que ses écarts de conduite. Mais sous les ordres de Slaven Bilić à West Ham, l'attaquant argentin pourrait enfin lancer sa carrière. Mais n'est-il pas un peu tard ?
L’homme maîtrise la résurrection. Mauro Zárate est une sorte d’oiseau rare, capable de faire rêver ses supporters le temps d’un geste technique, d’un but exceptionnel, puis de les faire déchanter, par sa condition physique des plus douteuses, par sa propension à séquestrer le ballon. Zárate, c’est un homme capable de charmer Jorge Sampaoli, puis de le rejeter comme un vulgaire entraîneur de seconde zone. Serait-il vraiment un homme capable, après une saison noire, de répondre aux exigences du rigoureux Slaven Bilić ? Les supporters de Birmingham City, de la Lazio, de l’Inter et de QPR diront qu’il n’est qu’un pétard mouillé, un amour d’un soir. Ceux de Vélez Sársfield diront qu’on ne dénigre pas un membre de sa famille, surtout lorsqu’il est l’une des idoles d’un club en pleine décrépitude aujourd’hui. Ceux de West Ham diront que tout homme mérite une seconde chance. Pour « Maurito » , celle-ci semble bien être la dernière. Alors qu’il enchaîne les bonnes performances en Premier League, l’attaquant argentin pourrait enfin s’imposer à West Ham. En tout cas, il a promis qu’il ne lâcherait rien, cette fois ci. Après tout, on parle ici d’un homme qui a conquis un mannequin – devenue sa femme – à coups de SMS. Et qui maîtrise donc l’insistance et l’acharnement.
Indiscipline chronique
« Hammer » depuis la saison 2014-2015, Zárate n’a jamais convaincu en Angleterre. Lors de sa première saison, il marque deux buts en sept matchs de Premier League. De piètres statistiques qui l’envoie à Queens Park Rangers, club peu regardant sur les dépenses, et surtout sur l’attitude des joueurs. Le club a même tenté de le renvoyer à West Ham, pour sa mauvaise condition physique quelques semaines après son arrivée. Avec Taarabt, Armand Traoré, Mauricio Isla et Eduardo Vargas, il appartenait au groupe « d’œufs pourris » du club, selon l’entraîneur Chris Ramsey. Des problèmes de discipline récurrents chez le natif d’Haedo, dans la banlieue ouest de Buenos Aires. Déjà à la Lazio, il avait réalisé un salut fasciste en tribunes avant d’affirmer « qu’il ignorait la signification de ce geste » .
Dans la capitale italienne, il était en conflit constant avec le président Lotito, qui l’aurait retenu malgré de nombreuses offres de transfert. « Tous les jours, il me pressait de m’en aller. Moi, je lui présentais des offres et il les refusait toutes. Après, il s’est arrangé avec les supporters pour qu’ils fassent des trucs contre moi, comme ces banderoles dégradantes. Tout ça s’est terminé en procès, et la FIFA m’a permis de reprendre mon travail » , expliquait-il au site argentin Goal. On parle aussi d’un homme qui avait dans son contrat une prime de 15 000 euros par passe décisive pour l’inciter à lâcher le ballon. Bref, un sacré historique, et peu de place pour montrer son talent. Finalement, excepté à Vélez et à la Lazio lors de sa première saison, Zárate n’a jamais dépassé la barre des dix buts.
L’homme qui a recalé Sampaoli
L’espoir qui règne à Upton Park depuis le départ de Sam Allardyce a aussi contaminé l’Argentin. Depuis l’arrivée de Bilić, Zárate a retrouvé une seconde jeunesse. S’il a marqué contre Arsenal et Chelsea, c’est son entente avec Lanzini et Payet qui impressionne. Le numéro 10 de West Ham est un homme majeur du meilleur départ de l’histoire des « Hammers » en Premier League. Puis il a même mis de côté la polémique chilienne. Trois mois avant le Mondial brésilien, il recevait les appels et l’invitation de Jorge Sampaoli, sélectionneur du Chili. Né de l’union d’une mère italienne et d’un père chilien, Zárate attendait lui inlassablement l’appel de Sabella ou de Martino. Il s’est finalement fatigué et avait annoncé qu’il était disponible pour le Chili. Alors qu’il avait refusé avant la Coupe du monde, il songe à rejoindre l’escouade chilienne pour la Copa América. Avant de finalement retourner sa veste, affirmant « qu’il ne se sentait pas de jouer pour le Chili » . « J’ai déjà dit que je ne jouerais pas pour une autre sélection, je suis argentin. Si je suis convoqué un jour, je serai le plus heureux du monde. Mais j’ai un peu perdu l’espoir. » Finalement, son histoire est celle d’un rendez-vous manqué. À lui de ne pas foirer son dernier rencard.
Par Ruben Curiel