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Petit Piatti devient grand
Plus petit joueur de Liga, Pablo Piatti n'en est pas le moins talentueux. Aujourd'hui épanoui sous les ordres de Nuno, il revit après des débuts compliqués avec le fanion ché. Un retour en grâce qu'il doit autant à son travail qu'à la forme d'un Valence solide troisième de Liga.
Il y a sept ans, le stade des Jeux méditerranéens se régalait d’un petit diablotin argentin et d’un molosse de Vallecas. À eux deux, Pablo Piatti et Álvaro Negredo permettaient à Almería de se sauver confortablement en Liga. Pour grossir le trait, le transfert le plus onéreux de l’histoire du club andalou se plaisait à assister le sixième meilleur buteur du championnat de l’époque – à égalité avec Thierry Henry et ses 19 banderilles. Grâce à ses deux poulains, l’Union se fait un nom sur l’échiquier du football espagnol. Aujourd’hui en queue de peloton, Almería assiste de loin à l’aventure commune de son ancienne doublette. Toujours sur la côte méditerranéenne, à quelques centaines de kilomètres plus à l’est, elle se plaît dans un Valence renouvelé. Les rôles se sont, eux, inversés. Piatti, tricard pendant un temps, s’épanouit sous les ordres de Nuno. Il se mue même en psychologue d’une Bestia en manque de buts : « Nous savons que c’est un buteur né, c’est une personne qui a vécu toute sa vie du but. Logiquement, tôt ou tard, ils vont arriver » . Petit Piatti a bien grandi.
« J’aime m’aimer »
El Plumero – littéralement le Plumeau – débarque à Almería à l’été 2008 avec un statut de superstar en puissance. Façonné de la main du Cholo Simeone, son mètre 63 offrait deux ans plus tôt le Torneo Apertura à l’Estudiantes de La Plata d’une réalisation de la tête dans le temps additionnel sur la pelouse des Newell’s Old Boys. Ni plus ni moins. Contre 8 millions d’euros, soit une petite fortune pour le modeste Almería, il devient à seulement 18 piges la recrue la plus chère du club. Un investissement rentable, si l’on en croit ses trois saisons facturées à 23 pions et couronnées par une convocation avec l’Albiceleste en juin 2011. De ce séjour en Argentine, il ne revient pas en Andalousie. Valence, son prestige (passé) et Unai Emery attirent dans leurs cordes Pablito. « J’aime m’aimer, sortir d’un match et pouvoir m’en aller chez moi satisfait parce que j’ai fait un match plein, confie-t-il dans un Marca transformé en psy à l’automne 2011 après des débuts difficiles. J’essaye de trouver ce point, cet équilibre. Je me mets la pression tout seul, et ce n’est pas la meilleure méthode. Il me semble que je dois trouver cette tranquillité et cette patience pour retrouver mon meilleur niveau. »
Troisièmes de Liga, à un pas de la finale de Ligue Europa, les Chés forment encore l’une des forces vives d’Espagne à la fin de saison. Loin du statut de flop, Pablo Piatti et ses six buts laissent le droit d’espérer des jours meilleurs. « Quel mauvais avons-nous signé à Valence » , s’amuse-t-il même, plein d’autodérision. Son humour, il le perd sitôt le départ de son mentor basque à la fin de ce même exercice. Car ses débuts, loin d’être idéaux, n’annoncent pas le passage à vide de plusieurs mois que l’Argentin s’apprête à affronter. De plusieurs saisons, même. En l’espace de deux campagnes, il connaît la bagatelle de six entraîneurs. Parmi Pellegrini, Ernesto Valverde ou Juan Antonio Pizzi, Miroslav Djukic reste celui qui lui rend la vie la plus dure. À l’été 2013, il ne le convoque pas pour le summer tour de Valence aux États-Unis et lui ouvre grand la porte du départ. Une vilaine blessure en fin de mercato refroidit illico ses courtisans de Premier League. Émotif, le garçon connaît de sérieux moments de creux, mais ne lâche jamais, sans complainte : « La constance jour après jour t’offre des opportunités dont tu dois profiter » .
Nuno et la confiance retrouvée
Et elles arrivent, ces opportunités. Sous Pizzi, il devient un titulaire indiscutable et termine la saison 2013-14 en trombe. Lorsque Nuno Espirito Santo prend les commandes de ce Valence sorti de crise, des joueurs confirmés et de jeunes espoirs débarquent dans ses valises. Malgré une concurrence accrue, Pablo ne tarit pas d’éloges sur son nouveau coach : « C’est une personne aux idées très claires. Il transmet beaucoup de confiance et est très positif. En plus, il tente d’être proche des joueurs » . C’est dans un rôle de joker de luxe qu’il entame l’aventure Lim. D’entrées convaincantes en titularisations réussies, il s’impose petit à petit devant De Paul et Rodrigo, les babys Mendes. À l’aube de ce printemps, il prend feu. Comme lors de la réception de la Real Sociedad, durant laquelle il ponctue ses cassages de reins et ses débordements incisifs de deux buts, les seuls de Valence. En fin de contrat en juin 2016, « le club veut suivre dans cette direction et j’aimerais également le suivre » . Pour le moment, il soigne ses statistiques, lui le second meilleur artificier des Chés, et sa relation avec Nuno, qui souhaiterait le prolonger. Du haut de son mètre 63, El Plumero apprécie le chemin parcouru sur la côte méditerranéenne. Prochain arrêt, Barcelone ?
Par Robin Delorme