- France
- Ligue 1
- Le joueur de la 27e journée
Petit mais pas faible, Nico Benezet
En manque de temps de jeu à l'Évian Thonon Gaillard, Nicolas Benezet s'est donné quatre mois d'escapade caennaise pour prouver à Pascal Dupraz qu'il avait eu tort. En offrant la victoire à ses nouvelles couleurs au Vélodrome, le milieu de terrain de poche a plutôt bien commencé sa mission.
Il n’avait plus marqué en Ligue 1 depuis le 10 mai 2014. L’événement s’était déroulé au Parc des sports d’Annecy, face à Nice, alors qu’il portait les couleurs pâlottes de l’Évian Thonon Gaillard. Vendredi, au Stade Vélodrome, Nicolas Benezet a donc mis fin à de trop nombreux mois de disette. Et pas n’importe comment. À trois minutes du terme de la rencontre face à l’OM, c’est lui, qui après avoir éliminé Brice Dja Djédjé, conclut la folle remuntada caennaise en logeant d’une frappe surpuissante le ballon dans le petit filet de Steve Mandanda. Parachuté au-dessus du Calvados dans les dernières heures du mercato hivernal, à 24 ans, le Montpelliérain montre enfin qu’il a le niveau pour évoluer en Ligue 1. À l’image de son équipe.
Trop petit pour Montpellier
« Je n’étais pas bien à l’ETG. On ne m’a pas fait assez confiance. » Sa barbe taillée de près, sa coiffure parfaitement en place et son T-shirt imprimé Las Vegas ne trompent personne, lorsque Nicolas Benezet se pointe face à la presse normande, à l’occasion de la traditionnelle conférence de présentation, en février dernier. C’est bien un guerrier qui vient d’être prêté sans option d’achat au SM Caen par l’ETG, tandis que Mathieu Duhamel a effectué le chemin inverse. Un guerrier de 170 centimètres, certes, mais un guerrier quand même. À l’image d’Emiliano Sala, Nico Benezet a le profil parfait pour l’opération commando que Patrice Garande veut mettre en branle. Avec seulement quinze points à la trêve, le technicien normand est probablement le seul à avoir toujours cru au maintien. Un miracle qui passera, il le sait, par le renfort de joueurs avides de revanche, à qui personne jusqu’ici n’avait accordé sa pleine confiance dans l’élite.
Avec l’Argentin prêté par les Girondins, déjà auteur de quatre buts en cinq apparitions, le milieu offensif remplit toutes les conditions. Non conservé par le Montpellier-Hérault, son club formateur, à cause de sa petite taille, il file chez l’ennemi nîmois dès l’âge de quatorze ans, jusqu’à y signer son premier contrat professionnel. Remarqué par Pascal Dupraz, lors d’une saison 2012-2013 qui le voit planter neuf buts en Ligue 2 avec les Crocos, il découvre la Haute-Savoie et l’élite en s’engageant à l’été 2013 avec l’ETG. Malgré des débuts réussis, le joueur perd peu à peu la confiance de son entraîneur, qui ne voit pas en lui un joueur assez combatif pour aller chercher le maintien. Titularisé à seulement sept reprises en première partie de saison, il apprend le 2 février dernier, au sortir de l’entraînement, que ses bagages n’attendent qu’à être remplis.
Kendji Girac chez Guillaume le Conquérant
Ce prêt inattendu, Nicolas Benezet le prend comme une bénédiction. « Un bol d’air très frais » , comme il l’explique en posant ses valises dans la cité de Guillaume le Conquérant. « Je voulais voir autre chose, c’était le moment. » Cet « autre chose » ne sera pas seulement les plages du débarquement. Depuis son arrivée à Caen, celui qui avoue lui-même une ressemblance physique avec Kendji Girac a participé à toutes les rencontres disputées par son nouveau club. Pour un bilan de trois victoires et un nul au Parc des Princes, à l’occasion de sa première titularisation. Et, donc, ce fameux but au Vélodrome, qui lui fait dire qu’à la fin du match, « c’était comme si on était champion. C’est grand ce qu’on a fait. Dans le vestiaire, il y a eu des cris, des pleurs aussi. » Des scènes de joie intenses qui ont du faire penser à Patrice Garande qu’avec ce petit gars de 61 kg, qu’il se contente pour l’instant de qualifier de « techniquement propre » , il ne s’est pas trompé.
Par Mathias Edwards