- Ligue des champions
- 1/2 finale aller
- R.Madrid/Bayern Munich (1-0)
Petit avantage pour un grand Real
Bien en place en première mi-temps, le Real a surpris par son aisance face à la mécanique huilée du Bayern en seconde. Grâce à l'unique but de Benzema, les Merengues s'avancent confiants pour le retour à Munich. Sans pour autant avoir fait une différence irrévocable.
R. Madrid – B. Munich (1–0) K. Benzema (18′) pour Real Madrid
Le temps d’une nuit, les eurosceptiques madrilènes ne sont plus. Étouffés par l’austérité de Merkel, emmerdés par la politique de la BCE de Francfort, les hommes de la capitale espagnole ont bouffé du Bavarois. Sur la plus petite des marges, certes, mais pour un avantage qui vaut toutes les rancœurs nationales. D’abord attentif et réaliste en première mi-temps, le Real Madrid s’est même montré maître du jeu après le pause. En soi, une victoire de l’adaptation d’Ancelotti sur la pensée unique de Guardiola. Surtout, c’est le football qui sort grandi de cette demie suite à la purge qui s’est déroulée il y a de ça 24 heures à quelques kilomètres du Bernabéu. Sans temps mort, sans mauvais geste, mais avec de la tension, de l’intensité et de la qualité technique, ce premier acte promet un retour bouillant à Munich.
Coentrão s’amuse de Rafinha
Le Santiago-Bernabéu ne vit et respire que pour elles. Ces Grandes Oreilles, posées sur son trône, squattent la pelouse de leur antre depuis la fin d’après-midi. De fait, l’ancien Chamartin se bonde avant même la fin des échauffements. Une exception qui rappelle que le cœur merengue ne bat que pour la Ligue des champions. Les socios merengues troquent leur habituelle passivité par une hargne qui les transcende. Les yeux rouges, la bave (presque) aux lèvres, ils transpirent à grosses gouttes et meuglent à s’en déchirer la gorge. À 20h45, Howard Webb met fin à cette attente insupportable et envoie 22 étalons chevaucher une pelouse fraîchement arrosée. Sans surprise, la bande à Guardiola confisque le ballon. Redoublements de passes, transversales millimétrées et autres jeux en triangle n’offrent que de simples corners. Sur le quatrième, le Real envoie son premier contre supersonique. Ronaldo trouve Coentrão dans le dos d’un Rafinha à la ramasse. Le Portugais, percutant offensivement et solide face au remuant Robben, centre au cordeau pour Benzema. Un plat du pied sécurité plus tard, le Real prend les commandes, émeut son Bernabéu et conforte les plans de son entraîneur. Compacts en défense, les Merengues bloquent toutes les velléités bavaroises. Les combinaisons entre Ribéry et Alaba créent des décalages, mais le grand Mandžukić ne se sort de la tenaille Pepe-Ramos. Sur deux contres, Ronaldo (26e) et Di María (41e) vendangent les caviars de Di María et Isco. Le Santiago restant le Bernabéu, injures, sifflets et quolibets descendent de ses tribunes. L’exigence jusqu’au bout.
San Iker, sans trembler
Bien dans sa demie, le Real ne se limite pas à faire déjouer le Bayern. Pendant que Pep s’excite sur son banc, Pepe aimante tout derrière. Mieux, il réussit ses relances et s’offre une ovation méritée du Bernabéu. À l’heure de jeu, la physionomie prend une autre tournure. Modrić et Xabi Alonso touchent plus de ballons et la possession s’équilibre. Ronaldo, déjà en action dès la reprise (47e), oblige une nouvelle fois Neuer à la parade (68e). Sa dernière tentative avant une sortie précipitée. À court de forme, le Portugais ouvre le bal des remplacements. Alors que Bale prend sa place, des « Pepe, Pepe » descendent des gradins. Touchée, la bête lusitanienne est obligée de céder sa place à Varane. Mais ces hommes frais ne vont rien changer. Le Real à la baguette bouge toujours autant le Bayern et verrait d’un bon œil un deuxième but. Ses aficionados, eux, quittent leurs strapontins et restent debout, gorges déployées, jusqu’au coup de sifflet final. Les derniers assauts sont pourtant allemands. Müller, sur une frappe contrée, puis Götze, en plein de cœur de la surface, s’y mettent. San Iker veille au grain et offre à sa cathédrale le droit de rêver. D’aller au paradis ?
Par Robin Delorme, au Santiago Bernabéu