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Peter Marsden : « On ne se prend pas trop au sérieux »

Propos recueillis par Paul Piquard
8 minutes
Peter Marsden : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On ne se prend pas trop au sérieux<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le petit club d'Accrington Stanley a fait parler de lui pour avoir mis en vente des billets commémoratifs pour un match de 3e tour de Cup face à Manchester United...un match qui n'aura jamais lieu, l'équipe ayant été éliminée au tour précédent. Entre deux rendez-vous, Peter Marsden, président du club, nous raconte le pourquoi du comment.

Comment est venue cette idée saugrenue ?

Tout d’abord, nous sommes le plus petit des 92 clubs professionnels en Angleterre. Mais nous sommes un club historique. Accrington était l’un des 12 clubs fondateurs de la Football League en 1888. Nous avons une place étrange dans l’histoire du football. En raison de la petite taille de la ville, cela a toujours été une sorte de lutte perpétuelle pour survivre, tout au long de ces années. Il y a environ 40 000 habitants ici, et nous jouons contre des équipes issues de villes qui peuvent compter un demi-million d’habitants. Mais nous avons une place particulière dans la psyché du football anglais : tous les gens qui supportent les outsiders gravitent autour de nous puisque nous sommes l’éternel outsider. Notre histoire entière est basée sur la survie. Les gens nous chambrent de manière sympathique. Nous sommes souvent la cible de blagues, mais ces blagues ne sont jamais cyniques ou méchantes, c’est un peu comme se moquer de son oncle préféré, c’est comme cela que l’on est perçu. Nous passons souvent aux infos, où l’on nous présente comme un club un peu bizarre qui refuse toujours d’abdiquer. Nous essayons de faire connaître le nom du club à une audience plus large, puisque pour nous, l’oxygène que représente la publicité est essentielle.

Est-ce vous, personnellement, qui avez monté ce projet ?

C’était moi avec une autre personne, mais je dirais que j’étais le principal instigateur du projet. Il faut dire que c’était un peu ironique, à prendre à la légère, mais il y avait aussi un message derrière. Bien sûr, cela fait un peu : « Oh regardez Accrington, qui essaie encore de se faire un peu remarquer » et c’était délibérément censé être pris avec humour. Mais si ce match avait eu lieu, cela aurait été le plus petit et le plus pauvre des clubs anglais, contre le plus gros et le plus riche. C’est dommage finalement, puisque cela aurait été la rencontre ultime entre les riches et les laissés pour compte.

Votre entraîneur a dit que la somme récoltée servirait à renforcer l’équipe au mercato d’hiver…

(Il coupe) C’est exact ! Ce qu’il y a de bien, c’est que même si nous sommes le plus petit club des quatre divisions, nous ne sommes pas le pire ! On arrive souvent à boxer dans la catégorie supérieure, et cette année, nous sommes dans le ventre mou, à la moitié de la saison, tout en ayant connu un regain de forme ces derniers temps. Si nous continuons comme cela, je pense qu’il y a une petite chance que nous nous qualifions en play-offs, pour être ensuite promus. Même si les sommes étaient assez faibles – nous n’avons pas fait cela que pour l’argent – vous ne pouvez pas refuser un peu d’aide. Mais cela a plus été pensé comme un coup de pub pour le club. Il y a aussi un autre élément assez bizarre chez nous, en comparaison avec les autres clubs. Même si nous attirons au maximum 1400 fans dans notre stade, disons 1000 pour un match normal, il semblerait que nous ayons malgré tout un public assez international qui s’intéresse à nos résultats. Ils ne viennent pas au match, car ils viennent souvent d’un autre pays ou d’un autre coin en Angleterre et ils supportent un autre club, mais nous voient plus comme leur deuxième ou troisième équipe. Nous aimons envoyer un message à ces gens qui ne viennent pas aux matchs, mais qui s’intéressent à nos résultats. C’est le genre de personnes qui peuvent se dire : « Bon, c’est une bonne cause, c’est 20 livres, et j’aime le club. » Donc ils sont aussi une cible pour nous.

Avez-vous essayé d’entrer en contact avec Manchester United, pour organiser un match amical ?

C’est ce que nous essayons de faire, mais comme vous pouvez le comprendre, Manchester United est à des années-lumière de nous, dans tous les domaines ! Mais en même temps, notre manager est assez persuasif et si quelqu’un peut toucher un mot aux dirigeants de Manchester United, c’est lui. Nous y avons réfléchi pendant la campagne, et un match amical pourrait être le produit final issu de ce coup de publicité. Nous ne sommes pas vraiment sûr de la manière dont tout cela va se terminer, mais nous n’avons rien à perdre !

C’est assez drôle de constater la différence culturelle qu’il peut y avoir en France et en Angleterre à ce niveau-là. En France, cela pourrait être considéré comme une escroquerie de vendre des billets pour un match qui n’aura jamais lieu.

Il faut se rappeler qu’il faut prendre cela à la légère, et avec humour. Et puis, l’argent sera totalement mis à disposition de notre manager pour renforcer l’équipe. Pour être honnête, nous sommes à peu près les dernières personnes de notre pays que vous voudriez associer au mot « escroquerie » . En fait, nous sommes juste un groupe de gens assez intègres et sympathiques ! (rires) Nous sommes peut-être des amateurs, mais nous sommes bien intentionnés !

Côté terrain, vous avez connu un début de saison difficile. Et vous avez décidé de rappeler la légende, John Coleman. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?

Oui, la légende Coleman ! Il a été notre manager pendant pratiquement 13 ans, et je crois qu’à un moment donné, il pensait pouvoir aller dans un plus gros club et connaître des succès. En fait, entre vous et moi, je pense qu’il devrait être dans un plus gros club, car c’est un entraîneur fantastique. Pour une raison que j’ignore, on semble se compléter parfaitement. Nous comprenons parfaitement comment travaille l’autre, et pour nous, son retour est un don de Dieu. S’il y a bien quelqu’un qui sait gérer une équipe avec des ressources limitées, c’est John Coleman, donc nous avons le plus grand respect pour lui.

Les fans doivent être ravis. Est-il perçu comme l’homme miracle à Accrington Stanley ?

Il l’est. Il y a probablement une toute petite frange de supporters qui lui reprochent de nous avoir quitté une première fois, mais je pense que 95 % des fans réalisent à quels point nous sommes chanceux de l’avoir. Il a une connaissance exceptionnelle du football, et est aussi un type très drôle. C’est le manager parfait pour nous. Nous sommes le genre de club où, si quelqu’un arrivait avec des ressources suffisantes, nous pourrions faire quelque chose de fantastique. Même si nous sommes le plus petit des 92 clubs, en termes de publicité, nous sommes le 20e. Nous espérons qu’un jour, un investisseur nous remarque et se dise : « Ah, je pourrais peut-être faire quelque chose pour ce club. » Peut-être même que cette personne se trouve en France (rires) !

L’âge moyen des joueurs de votre effectif est 23 ans, ce qui est très jeune. Vous avez un centre de formation ? Vous formez beaucoup de joueurs pour l’équipe première ?

Nous avons un centre de formation, qui est un peu un gouffre financier, mais nous y croyons fort, donc nous continuons à le développer. Le centre de formation nous ramène deux ou trois joueurs par an. Là où nous sommes chanceux, c’est que nous sommes entourés par tous les gros clubs du Nord : Blackburn, Burnley, Manchester United, Manchester City, Preston, Bolton, Wigan, Liverpool et Everton sont tous plus ou moins à une demi-heure de route de chez nous. Donc c’est assez facile de récupérer des jeunes dont les contrats n’ont pas été renouvelés par ces clubs. Ces clubs-là vont seulement faire monter un ou deux jeunes de leur centre de formation en équipe première, donc nous essayons de piocher dans leur corbeille ! Nous les prenons sous notre aile, les polissons et, une fois de temps en temps, on les transforme en diamants. Donc on fait cela, mais on a aussi quelques vieux joueurs de la région, qui sont plutôt à la fin de leur voyage. Une des qualités principales de notre entraîneur est de savoir créer un esprit d’équipe très fort. Les joueurs sont pendus à ses lèvres. Il croit en eux, et eux croient en lui, et c’est très positif, spécialement en League 2. Le niveau technique est évidemment plus faible qu’en Premier League ou en Championship, mais si vous êtes entièrement dévoués, et que les joueurs croient en eux-mêmes et en leurs partenaires, cela vous rapporte environ 20 points par saison. Il y a des clubs qui ont environ 5 ou 6 fois les ressources que nous possédons, mais dans ce championnat, n’importe quelle équipe peut battre n’importe qui. C’est plus une question de savoir quelle est l’équipe la plus motivée pour l’emporter.

En jetant un coup d’œil au classement, on s’aperçoit que vous êtes devant un club comme Portsmouth qui, même s’il a connu une descente aux enfers, était en Premier League il n’y a pas si longtemps. Vous devez être incroyablement fier ?

Oui, il y a deux semaines, nous sommes allé gagner 2-3 là-bas, et c’était incroyable. Cela vous montre qu’un petit club comme le nôtre va toujours se battre pour éviter les dangers de la relégation, et qu’une fois de temps en temps, nous aurons une chance d’être promu.

Avec une promotion, et les coûts bien plus importants engendrés, n’avez-vous pas peur qu’une promotion représente un fardeau financier pour un club comme le vôtre ?

Nous adorerions être promus, rien que pour voir à quoi cela ressemble là-haut ! Je comprends ce que vous voulez dire, mais je pense que si nous arrivions en League One, avec de plus gros clubs, spécialement des clubs du Nord, nous attirerions plus de monde. Ces clubs-là peuvent ramener 3000 ou 4000 supporters à l’extérieur, donc au lieu d’avoir 1400 personnes dans le stade, nous pourrions en avoir 5000. Nous devons avoir de bonnes idées et réfléchir à comment nous pourrions rallier de nouveaux fans. J’aimerais pouvoir rallier toutes ces personnes dans le monde qui nous suivent, et qui sont un peu folles, dans le bon sens du terme ! Je pense que ce serait un peu surréaliste. Mais nous avons toujours eu beaucoup de second degré, je crois que c’est quelque chose de typiquement anglais. On ne se prend pas trop au sérieux, même s’il faut parfois être sérieux, pour continuer à avancer !
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