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Peter Bosz peut-il réussir à Lyon ?
Pour l’après Rudi Garcia, l’Olympique lyonnais a choisi de miser sur Peter Bosz. Le quatrième technicien néerlandais à poser ses fesses sur le banc d'un club de Ligue 1 possède un beau CV : l'Ajax, le Borussia Dortmund et le Bayer Leverkusen, sa dernière expérience outre-Rhin marquée par un licenciement devenu inévitable après une série de défaites. Ce qui n'empêche pas Bosz, 57 ans, de bénéficier de l'étiquette d'entraîneur enthousiasmant et de débarquer dans le Rhône avec des idées claires. Et si son profil collait parfaitement à l'OL ?
« J’ai le souvenir d’un Peter Bosz qui, avec l’Ajax, nous avait causé mille martyrs. » Le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, s’est remémoré un bien mauvais moment, lors de la conférence d’intronisation du nouvel entraîneur lyonnais. Le 3 mai 2017, à la Johan Cruyff Arena, les hommes de Bosz avaient donné une leçon à ceux de Bruno Genesio en demi-finale aller de la Ligue Europa (4-1), avant de remporter la manche retour 3 à 1, une victoire insuffisante pour ne pas laisser le club amstellodamois filer en finale. Quatre ans après et deux expériences en Allemagne plus tard, voilà l’ex-bourreau entre Rhône et Saône. Mais alors, Peter Bosz est-il le technicien dont l’Olympique lyonnais a besoin ?
Le pari de Juni
L’OL est à un carrefour, un moment crucial, à l’aube d’une nouvelle saison sans Ligue des champions. Après les échecs Sylvinho et Rudi Garcia, Juninho se savait épié. Les pistes envisagées s’étant toutes progressivement refermées (Roberto De Zerbi, Marcelo Gallardo, Christophe Galtier), le Brésilien a jeté son dévolu sur un homme qui porte parfois les mêmes lunettes noires que lui. Seules leurs formes sont différentes, et il faudrait que ce soit l’unique divergence entre les deux hommes, car les relations plus que fraîches avec Garcia ont affecté négativement l’environnement du club. « On est allé vers le profil d’entraîneur qui était le plus adapté à nos souhaits, a détaillé Aulas en conférence de presse. Il fallait un entraîneur expérimenté, capable de faire jouer les jeunes, prônant un jeu offensif, et qui plaise aux supporters. Peter Bosz correspondait parfaitement à cette description. » Et pour ne rien gâcher, le courant avec Juninho est immédiatement bien passé : « On a parlé de football avec Juni et ça me plaît ! » s’est réjoui Bosz dans un large sourire.
Mais comment dessiner les contours de l’OL version Bosz ? Tout d’abord, le Batave souhaite que ses équipes procurent un réel plaisir visuel : « J’aime le jeu offensif, attractif car à mon avis, on joue pour les supporters, pas pour nous-mêmes. » Une philosophie de jeu à l’opposée de celle prônée par Thierry Laurey dans le discours, ce qui ne déplaît généralement pas aux joueurs évoluant sous les ordres du Néerlandais. « En plus de ses qualités professionnelles, il a également de très bonnes qualités humaines, expliquait Julian Brandt, milieu offensif de Dortmund, au site allemand Sportbuzzer en 2019. Il a du flair pour cerner les caractères. » Pour Bosz, la communication avec ses joueurs est primordiale et sa bonne maîtrise du français, après un passage au RC Toulon en tant que joueur (1988-1991) est un atout. Celui qui a très bien connu Bosz au Bayer Leverkusen poursuit : « J’ai vu beaucoup de coachs différents ici. L’un prônait le pressing, l’autre la possession… Avec lui, c’est une combinaison de différents aspects. Peu importe comment le jeu se déroule, il a une solution pour chaque situation. »
Roulez jeunesse
Les joueurs lyonnais devront courir beaucoup et être tout le temps à 100%. Ce qui n’est pas vraiment leur marque de fabrique. Lors de son passage au Bayer, ses équipes couraient toujours plus que la moyenne, quitte à plonger physiquement. Brandt le confirme : « Nous défendions toujours avec l’idée de presser immédiatement. Mais nous ne pouvions pas le faire pendant 90 minutes. Alors pour que nous puissions récupérer un peu, nous alternions avec des phases de possession. » Pour Bosz, tenir le ballon est primordial et avec le milieu cinq étoiles à sa disposition, nul doute qu’il saura en faire bon usage. En Bundesliga, son Bayer se situait aux alentours des 62% de possession (juste derrière le Bayern) quand l’OL version Garcia flirtait à peine avec les 55%.
Dans l’un de ses derniers points presse en Allemagne, le Batave expliquait que « lorsque vous travaillez avec des jeunes en particulier, la confiance est très importante ». Cela tombe bien, ce n’est pas ce qui manque du côté du Groupama Stadium, où miser sur la jeunesse (locale) fait partie du cahier des charges. « Je travaille souvent avec eux, par exemple Florian Wirtz avait 16 ans quand je l’ai lancé à Leverkusen, a rappelé Bosz ce dimanche matin. Mais c’est toujours une question de qualité. » Kai Havertz peut en témoigner. Sous les ordres de Bosz, pour le citer, Rayan Cherki peut espérer le même destin que son compère allemand après avoir longtemps rongé son frein sous Rudi Garcia.
Pour Bosz, « jouer offensivement et gagner des titres, c’est difficile, mais possible ». Cela tombe bien, Aulas vise la victoire en Ligue Europa et, s’il ne le dit pas ouvertement, rêve probablement d’être le club qui réussira à titiller le PSG ces prochaines années. « En Hollande, on me disait : « Tu commences doucement et tu termines fort. » En Allemagne, l’inverse, a retracé Bosz. Alors ici, mon objectif est de commencer fort et de finir fort! » Message reçu. Avec Jorge Sampaoli à l’Olympique de Marseille ou Niko Kovač à l’AS Monaco, arrivé également après une expérience en Bundesliga, les clubs français osent enfin des paris audacieux pour que le spectacle soit au rendez-vous. Avis aux diffuseurs !
Par Matteo Amghar