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Peter Bosz et l’OL, un mariage jamais heureux

Par Clément Barbier
5 minutes
Peter Bosz et l’OL, un mariage jamais heureux

Peter Bosz n'aura donc même pas tenu jusqu'à la Coupe du monde, et le lancement de la fusée OL attendra encore. Heureux d’annoncer il y a 18 mois à peine la confection du deuxième étage de leur bolide en la personne du technicien néerlandais, les dirigeants lyonnais ont mis fin à la catastrophe en actant le départ de leur entraîneur ainsi qu'en intronisant Laurent Blanc. Tout est, encore une fois, à refaire, à revoir, à commencer par les bases d'un projet devenu illisible.

Après le nul concédé contre Toulouse au Groupama Stadium ce vendredi soir, il ne faisait plus trop de doutes que les jours de Peter Bosz à la tête du club rhodanien étaient comptés. Encore plus après la sortie de son capitaine Alexandre Lacazette au micro de Prime Video, l’attaquant remettant ouvertement en question le choix de coaching sur la sortie de Moussa Dembélé et bottant en touche au moment de parler de l’avenir de Bosz. « Ce que je veux, c’est gagner des matchs, lâchait-il. C’est pas à moi de décider s’il reste ou non, c’est au board. Je suis là pour jouer. Je sais ce qu’il veut. Mais quand on voit le match de ce soir, je ne pense pas que tout soit clair de la part de tout le monde, et c’est ça qui est dommage. » Ça aura finalement été une question d’heures, l’OL ayant annoncé dans la journée de dimanche la fin d’un mariage qui n’aura jamais vraiment été heureux.

Bonne réputation, triste réalité

Ce 25 mai 2021, il régnait pourtant un vent d’optimisme sur la capitale des Gaules, avec le départ de Rudi Garcia, en situation d’échec et en conflit avec l’idole du peuple, Juninho. Quatre jours plus tard, entre deux rumeurs menant à Christophe Galtier, Lyon avait officialisé le nom du successeur : Peter Bosz, un coach agréable à écouter parler de foot, avec des idées, une philosophie, et qui avait privé les Gones d’une finale européenne quatre ans plus tôt avec son Ajax. Près de 500 jours plus tard, les préceptes « offensifs et attractifs » réclamés par Bosz n’ont jamais pointé le bout de leur nez sur la pelouse de Décines, ni sur les autres. Le technicien, qui clamait ses pensées sur le jeu en conférence de presse, est devenu un coach lambda lors de ses exercices face aux médias. Pas plus inspiré non plus dans son coaching, en témoignait en tout cas l’analyse de Lacazette vendredi soir : « Le coach a fait ses choix, il avait ses raisons, on est obligé entre guillemets de respecter ses choix. Mais moi qui suis attaquant de base, je ne comprends pas toujours quand l’attaquant sort alors qu’on a besoin de marquer. » Le Kapla de trop dans une tour bancale et sur le point de s’effondrer depuis trop longtemps maintenant.

Récit d’un fiasco

Pourtant, le début de l’ère Bosz laissait entrevoir des jours heureux. Seul le facteur chance semblait encore tourner le dos à l’équipe du Batave. Comme lors de la réception de Clermont, fin août 2021, ou ce derby d’octobre durant lequel l’OL avait dû se battre contre les éléments (un but refusé à Shaqiri pour un demi-millimètre, une expulsion d’Anthony Lopes, un penalty concédé dans le temps additionnel). Même la défaite contre Paris avait laissé un goût amer, tout en laissant entrevoir une équipe lyonnaise cohérente et prête à rugir. Des promesses confirmées pendant près de 80 minutes quinze jours plus tard face à Nice, avant une dégringolade lunaire en fin de partie pour laisser les Aiglons passer devant au caractère. Ironie du sort, Bosz a pris la porte à une semaine du déplacement à Rennes, là où les premiers vrais doutes s’étaient installés après une déculottée au tableau d’affichage et sur le terrain, où les Gones avaient semblé totalement perdus.

Depuis ce moment-là, jamais l’OL n’aura ressemblé à une équipe ambitieuse, digne de jouer le podium, en tout cas pas sur plusieurs matchs de suite. Le début d’un grand marasme, accentué par le départ soudain de Juninho en décembre, et par les nombreuses contre-performances rhodaniennes conduisant Lyon à une 8e place tristement historique, conséquence d’une inconstance maladive plus que d’un manque de réussite. Une saison sans relief, devenue un peu plus banale après le quart de finale perdu contre West Ham en Ligue Europa, balayant ainsi la vision d’Aulas. Les raclées infligées à Bordeaux, Montpellier ou Marseille en championnat n’auront rien changé à l’histoire, et l’opération séduction lancée par Jean-Michel Aulas avec les retours de Lacazette et Tolisso non plus. Le deuxième tour de manège de Bosz n’aura ainsi pas été au bout, et le coach néerlandais n’aura sûrement pas décroché le pompon, même après un début de saison en trompe-l’œil contre des adversaires trop faibles pour se faire une idée du nouveau visage de son Lyon.

Allô la Terre ?

Il est impossible de minimiser la part de Bosz dans les échecs récents de l’OL, ou de lui trouver des excuses. Les beaux discours en conférence de presse ne suffisent pas, et peuvent beaucoup tromper pendant quelque temps. Il ne faut cependant pas non plus exonérer les autres responsables de ce qui ressemble à une lente dégringolade d’un club devenu aussi ingérable que difficile à entraîner. Le président Aulas annonçait pourtant une autre couleur fin mai 2021 : « C’est un moment important pour l’Olympique lyonnais. Avec Vincent Ponsot et Juninho, nous avons bien travaillé et nous sommes contents d’aboutir à la solution la plus efficace et la plus décisive, qui nous permettra d’arriver au deuxième étage de la fusée. Le premier, c’était l’arrivée de Juni il y a deux ans. » Les hommes à la tête de l’élaboration de l’engin sont sans doute les premiers fautifs, et ils devront faire leur autocritique pour éviter au club phare des années 2000 dans l’Hexagone de sombrer dans l’anonymat. Problème : à l’agence spatiale, bientôt sous pavillon américain – paradoxe puisque JMA érigeait cet ADN lyonnais au rang d’art -, les boss ne répondent plus. C’est dire l’ampleur de la tâche qui attend le successeur de Bosz, qui sera donc Laurent Blanc, intronisé dans le même communiqué annonçant la mise à pied du Néerlandais. Un sacré défi pour celui qui avait passé l’opportunité quelques années plus tôt, et qui va trouver un grand chantier à l’agence spatiale rhodanienne. La fusée est en tout cas loin d’être prête à décoller.

Dans cet article :
Laurent Blanc : « L’urgence actuelle est de prendre des points »
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Par Clément Barbier

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