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- J23
- Monaco-Lyon (2-0)
Peter Bosz, d’ambitieux à frileux
Battu ce samedi à Monaco (2-0), l'Olympique lyonnais est stoppé net dans sa bonne série. Un revers incontestablement imputable à Peter Bosz qui symbolise la frilosité et le manque d'ambition du coach néerlandais depuis quelques mois.
Lorsqu’ils ont vu la composition de départ concoctée par Peter Bosz ce samedi soir face à Monaco, les supporters lyonnais ont tiqué. Le coach néerlandais avait décidé de reconduire son 3-4-3 garni de latéraux. Ils n’étaient pas moins de quatre titulaires au coup d’envoi avec Léo Dubois, Malo Gusto, Henrique et Emerson. Une décision étonnante alors que quelques absents lors de l’Olympico mardi étaient cette fois disponibles (Paquetá, Faivre, Ndombele, Dembélé à 100%). Encore plus étrange quand on se souvient du scénario de la rencontre face à l’OM. Les Gones avaient souffert dans ce système bricolé à trois défenseurs, mais avaient repris du poil de la bête lorsque Bosz avait finalement choisi de repasser à une défense à quatre en deuxième période. Un choix payant puisque les Lyonnais étaient venus arracher un beau succès sur la pelouse du Groupama Stadium (2-1). Mais cette fois, ça n’a pas marché, et Monaco stoppe une série de sept rencontres sans défaite en championnat pour l’OL.
6-2-2, Cherki et reniement
Alors revoir ce système de fortune pouvait inquiéter les amoureux du beau jeu. Et ils ont eu raison. Par séquences, lorsque l’OL, rapidement mené après l’ouverture du score de Jean Lucas, ne tient pas le ballon, un magnifique 6-2-2 se déploie devant les yeux ébahis des (télé)spectateurs. Forcément, c’est compliqué d’aller de l’avant lorsqu’il n’y a que deux attaquants dans le onze. Emerson, reconduit en ailier gauche malgré une prestation timorée à ce poste face aux Marseillais, a encore montré toutes ses limites à ce poste. Et comment lui en vouloir ? D’ailleurs, le cas de l’Italien est l’occasion de rouvrir le dossier Rayan Cherki. Auteur d’une performance correcte mardi dernier, il avait fait preuve d’un état d’esprit irréprochable, ce qui lui faisait défaut depuis le début du mandat Bosz. Pour le récompenser, l’ancien technicien du Borussia Dortmund a décidé de le reléguer sur le banc et d’aligner un latéral à son poste. Un message terrible envoyé au jeune prodige…
Quand on te dit que tu n’as plus d’attaquant mais 8 latéraux à ta disposition.
Cette volonté de s’armer défensivement est symptomatique des dernières inspirations de Bosz. Impossible de ne pas penser à ses premières déclarations lors de son intronisation l’été dernier. « J’ai une philosophie de jeu offensif et attractif », avait-il affirmé. Depuis novembre, son équipe contredit sa propre doctrine. Il ne faut toutefois pas oublier que Jean-Michel Aulas ne lui a sûrement pas laissé le choix de privilégier les résultats à la manière lorsque l’OL jouait bien, mais perdait en fin de parties l’automne dernier. D’où le passage à cinq défenseurs pour rassurer tout le monde. Et puis, les profils de pistons d’Emerson et Malo Gusto n’étaient pas forcément incompatibles avec un tel changement tactique. Mais au fur et à mesure que l’entraîneur rhodanien a installé son système, il s’est de plus en plus enfermé dans cette caricature de l’entraîneur frileux. Son onze de départ, ce samedi, en est la preuve la plus flagrante alors que son équipe semble prête à évoluer à quatre défenseurs.
Une défaite plus mentale que tactique ?
Le meilleur exemple est évidemment la deuxième période de ce Monaco-OL. Après la pause, Bosz décide de passer à quatre défenseurs, et surprise ! L’OL maîtrise beaucoup mieux son sujet, comme contre les Phocéens. Les Gones ont probablement profité de la gestion des Monégasques pour dominer le second acte, mais les entrées de Cherki, Ndombele, Faivre et le rajustement tactique ont redonné des couleurs au minois lyonnais. De quoi avoir des regrets. « Tu perds le match en première mi-temps. Quand tu démarres comme ça, tu ne mérites pas de gagner », a avoué Peter Bosz après la défaite, au micro de Prime Vidéo, avant de concéder être « responsable » de ce revers.
En revanche, le Néerlandais réfute l’erreur tactique et plaide la défaillance mentale : « Ça n’a rien à voir avec la tactique, mais avec quelque chose dans la tête. Je n’ai pas vu un joueur fort dans sa tête en première mi-temps. » Ce ressort mental est systématiquement dégainé pour expliquer les défaites depuis le début de la saison. Voire depuis l’arrivée de Bruno Genesio sur le banc en décembre 2015. Six ans, quatre entraîneurs différents, le même problème. À ce niveau-là, on parle de malédiction.
Par Léo Tourbe