S’abonner au mag
  • C1
  • Barrages
  • Brest-PSG

Le PSG est-il plus fort que jamais ?

Par Tom Binet
9 minutes

Inarrêtable depuis janvier, le PSG impressionne ceux qui croisent sa route, à commencer par les nombreux entraîneurs à s’être cassé les dents sur le club de la capitale au fil des ans. Au point d’imaginer que 2025 soit l’année de tous les possibles pour le club de la capitale ?

Le PSG est-il plus fort que jamais ?

« Personne ne veut jouer contre ce PSG. » Samedi soir, l’entraîneur toulousain Carles Martínez Novell est venu s’ajouter à la longue liste des techniciens désabusés, impuissants face à la force dégagée par ce PSG devenu injouable. « Les joueurs sont parfaitement connectés, ils comprennent parfaitement ce que veut Luis Enrique, tout le monde court et se bat, renchérit le Catalan. On ne va plus jouer contre eux cette saison, et c’est pas plus mal. » Un constat qu’aurait certainement bien voulu faire Eric Roy, opposé à la machine rouge et bleu pour la troisième fois en 18 jours, ce mercredi soir au Parc des Princes. Pour déjà huit buts encaissés et pas mal de maux de tête. « Contre le Real, on pouvait proposer notre jeu, pas contre le PSG, lâchait-il le 1er février après avoir bousculé l’ogre, en vain. Ils avaient la possession et ont plus couru que nous. Ça ne leur garantit pas de gagner la Ligue des champions, mais ils sont de sérieux prétendants. » Le signe que quatorze ans après l’arrivée de QSI, l’équipe parisienne a rarement semblé aussi réglée collectivement ?

Luis Enrique et Ousmane Dembélé, c’est leur projet

Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour que ce PSG raillé pour ses occasions vendangées à chaque match de Ligue des champions ne devienne une telle machine de guerre ? La bascule est certainement à chercher du côté du 22 janvier dernier, un soir de retournement de situation salutaire face à Manchester City. « C’est souvent le cas : dans des moments périlleux, ça bascule », se réjouit Guy Lacombe, qui fut l’entraîneur parisien entre décembre 2005 et janvier 2007. Tout à coup, l’équipe a pu prendre confiance et croire en ses forces. « Ce que je note surtout, c’est le changement. Auparavant, ils gagnaient les matchs, mais moi, je m’ennuyais un petit peu, avoue de son côté Patrice Garande, de plus en plus séduit par le spectacle proposé tous les trois jours. On a toujours un PSG avec une grande maîtrise technique et dans la possession, mais avec aussi beaucoup de verticalité et une efficacité redoutable. »

Cette révolution porte avant tout deux noms : Luis Enrique et Ousmane Dembélé. Le premier continue de bâtir une équipe qui lui ressemble, sans concession, tandis que le second n’est ni plus ni moins que le meilleur buteur d’Europe depuis le Nouvel An. « Personne n’a jamais mis en doute les qualités de Dembélé, sauf qu’il ne cadrait jamais, loupait des buts impossibles à louper, et là quand on regarde le ratio de ses frappes, il cadre presque tout et c’est devenu une machine à marquer des buts », s’ébahit encore Garande. Lacombe, lui, n’est pas plus étonné que cela devant la dimension prise par le numéro 10 rouge et bleu : « À 27-28 ans, le corps atteint une maturité qui lui permet de répéter les efforts. Il est bien dans la tête et physiquement. Techniquement, ce qu’il faisait était cohérent. »

Luis Enrique construit son équipe à travers une vision du foot qui lui est propre. L’avancée est considérable. Je suis en admiration.

Patrice Garande

Ce renouveau doit beaucoup à la gestion de son entraîneur, lequel s’est récemment félicité de l’avoir mis à l’écart lors du déplacement à Arsenal, début octobre. « Luis Enrique fait un travail incroyable dans la gestion humaine. Il a une main de fer dans un gant de velours, salue pour sa part Élie Baup, sous le charme du tacticien asturien et de sa construction pas à pas d’un effectif à son image. C’est du dogmatisme, donc tous les joueurs doivent répondre aux critères. » Une méthode souvent décriée depuis son atterrissage au pied de la tour Eiffel, mais qui fait de plus en plus d’adeptes. « On aime ou pas la personnalité et la communication de Luis Enrique, mais on est bien obligés de constater que petit à petit, les choses se font, des joueurs progressent, reconnaît Garande. Il construit son équipe à travers une vision du foot qui lui est propre et à laquelle il ne dérogera pas. Il y avait beaucoup d’interrogations et aujourd’hui, l’avancée est considérable. C’est quelqu’un qui a un mental incroyable avec les épreuves qu’il a vécues. Je suis en admiration. Cette dynamique actuelle, je l’attribue à Luis Enrique. »

Laurent Blanc, le modèle ?

Récemment prolongé jusqu’en 2027, l’ancien boss du Barça pourrait dépasser Laurent Blanc et battre le record de longévité pour un entraîneur sous QSI, s’il va au terme de son bail. Le tout avec une philosophie qui n’est pas sans rappeler les trois saisons où l’homme à la touillette a régné sur le football hexagonal, bien aidé par des cadres à (très) fort caractère et solidement appuyé sur un collectif extrêmement bien rodé. « Le PSG d’Ibra et Laurent Blanc me plaisait beaucoup. Avec Cavani, Lucas, Thiago Motta… Cette équipe me donnait plus d’émotions, même si celle d’aujourd’hui me plaît de plus en plus, s’enthousiasme Garande, dont le SM Caen s’est souvent cassé les dents sur cette armada parisienne. Cette période m’a marqué parce qu’il y avait de grandes personnalités partout. Je ne sais pas si on peut faire le parallèle, il n’y a pas de stars dans le PSG d’aujourd’hui. » Ce modèle parle forcément à Philippe Montanier : « La force de Laurent Blanc, c’était d’avoir un potentiel offensif impressionnant. On retrouve un milieu de terrain assez dominant dans tous les domaines. Avec l’arrivée de [João] Neves aux côtés de Vitinha, je trouvais qu’ils faisaient déjà presque tout bien, même si jusqu’à récemment il manquait l’efficacité. »

Avec Luis Enrique, on voit bien qu’il défend en gardant le ballon. Comme Guardiola. Je ne pensais pas que ça puisse donner un jeu aussi spectaculaire.

Guy Lacombe

Un jeu des comparaisons auquel Guy Lacombe se prête également volontiers, tout en espérant une autre fin pour l’escouade d’Enrique. « La similarité, c’est que quand Laurent Blanc arrive, il change radicalement tout pour mettre en place un jeu de possession magnifique, se souvient-il. Je pense en revanche que la différence est d’ordre philosophique. Pour Blanc, l’objectif était vraiment de l’attaque placée pour se créer des occasions. Avec Luis Enrique, on voit bien qu’il défend en gardant le ballon. Comme Guardiola. Je ne pensais pas que ça puisse donner un jeu aussi spectaculaire. » Le vainqueur de la Coupe de France 2006 voit aussi une divergence majeure en matière de contexte, en particulier du point de vue de la direction du club. « Je pense qu’à l’époque de Blanc, les Qataris pensaient surtout à l’image, jusqu’à obtenir l’organisation du Mondial. Le tout aidé par une politique de joueurs reconnus. Désormais, on voit qu’Enrique est venu pour construire un édifice de philosophie de jeu. On le ressent très fort dans le documentaire (No tenéis ni *** idea, NDLR), et je lui tire mon chapeau parce qu’il tire le meilleur de chacun de ses joueurs. »

Un collectif pour rêver plus grand

Un contexte enfin idéal dans la quête du graal européen ? Comme toujours depuis plus d’une décennie désormais, le jugement ne sera rendu qu’après les matchs à élimination directe de Ligue des champions. Marquinhos et ses copains devraient d’ailleurs avoir très vite l’occasion de montrer ce qu’ils ont dans le ventre, puisque sauf accident industriel gigantesque contre Brest ce mercredi soir, ils défieront le Barça ou Liverpool dès le mois de mars. Maîtres de leur sujet face à un Manchester City malade, les hommes de la capitale pourront-ils afficher une telle sérénité face à ce qui se fait de mieux actuellement sur le continent ? « Cette équipe ne peut pas changer de style, elle est obligée de rester dans cette idée-là », s’impatiente Élie Baup. « C’est devant le mur qu’on voit le maçon, embraye Philippe Montanier, convaincu par un effectif moins clinquant, mais largement plus fourni qu’il y a quelques années. Ils sont basés sur un collectif et une identité de jeu, c’est ce qu’il manquait. L’effectif a été construit comme ça, ils ont misé sur de jeunes joueurs qui sont plus robustes et progressent en même temps que l’équipe. Je me souviens de l’équipe de [Christophe] Galtier face au Bayern Munich, il n’y avait pas grand-chose sur le banc, tout se résumait à un onze majeur avec Neymar, Messi et Mbappé. C’est une grande différence. »

Dans la construction du jeu, ils peuvent battre n’importe qui, mais ils font en permanence un gros pressing. La difficulté va être là par rapport aux plus grosses équipes européennes.

Élie Baup

Autant de forces et d’assurance qui ne doivent pas faire oublier la légère fébrilité défensive affichée par moments (3 clean sheets sur les 11 derniers matchs). « Ils concèdent pas mal d’occasions face aux équipes qui osent, comme Brest, qui a tapé trois fois les poteaux, se méfie encore Garande. Les équipes ont des possibilités de marquer, ils peuvent progresser dans la maîtrise collective sur le plan défensif. Le fait de devenir injouables va passer par le fait de trouver cet équilibre entre ce qu’ils sont capables de faire sur le plan offensif et d’être très hermétiques défensivement. » Une inquiétude partagée par Baup : « Dans la construction du jeu, ils peuvent battre n’importe qui, mais ils font en permanence un gros pressing. La difficulté va être là par rapport aux plus grosses équipes européennes. »

Ces ajustements pourraient s’avérer nécessaires pour éviter une nouvelle désillusion avant même le printemps, mais n’effacent pas une réalité : voir autant de sérénité entourer le PSG au mois de février reste une rareté ces dernières années. Entre blessures, méformes et tension grandissante à l’approche des rendez-vous majeurs, les Rouge et Bleu ont souvent eu bien peu de raisons de garder la tête haute à ce moment de l’année depuis les premières campagnes de l’ère QSI, ce qui fait déjà de la dynamique actuelle une forme d’exception. « Psychologiquement, c’est important de pouvoir jouer avec cette confiance collective, appuie finalement Lacombe. On a le sentiment que pas grand-chose ne peut leur arriver actuellement, mais c’est peut-être là que c’est difficile de maintenir tout le monde à flot. En France, on a beaucoup de mal à rester le plus performant possible, que ce soit une source de confiance et pas une source de satisfaction. Mais je fais confiance à Luis Enrique pour que ce soit le cas. » Elle est peut-être là, la plus grande révolution amorcée par ce PSG.

Pour Khvicha Kvaratskhelia, le PSG peut gagner la Ligue des champions

Par Tom Binet

Tous propos recueillis par TB, sauf mentions.

À lire aussi
Articles en tendances
70
Revivez PSG-Brest (7-0)
  • C1
  • Barrages
  • PSG-Brest
Revivez PSG-Brest (7-0)

Revivez PSG-Brest (7-0)

Revivez PSG-Brest (7-0)
31
Revivez Real Madrid-Manchester City  (3-1)
  • C1
  • Barrages
Revivez Real Madrid-Manchester City (3-1)

Revivez Real Madrid-Manchester City (3-1)

Revivez Real Madrid-Manchester City (3-1)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Avez-vous compris quelque chose à la Kings League ?

Oui
Non
Fin Dans 1j
72
133

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine