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« Personne n’avait fait de compte fan d’Hervé Renard »
Megumi est japonaise, a la quarantaine et vit dans la province de Shiga au centre du pays. Il y a quelques années, elle s'est découverte une passion pour Hervé Renard. Entretien avec une fan de chemises blanches.
D’où vous vient cette passion pour Hervé Renard ?
Je l’ai vu la première fois lors de la Coupe du monde 2018, alors qu’il était encore le sélectionneur du Maroc. Au début, j’étais fascinée par sa beauté ! Mais quand je me suis intéressée à son parcours, j’ai compris que c’était un gros travailleur et qu’il aimait le football plus que tout. Sa relation avec son mentor Claude Le Roy est aussi très intéressante, et une fois que je le connaissais un peu mieux, je suis tombée amoureuse du Maroc. Lors de la CAN 2019, je m’y suis rendue et j’ai pu soutenir l’équipe nationale à la TV avec les locaux. Je lui dois d’avoir élargi ma vision du monde. Je suis pleine de respect, de gratitude et d’amour pour lui maintenant.
Vous êtes carrément allée au Maroc par passion pour lui et le pays qu’il coachait ?
C’était un tour organisé depuis le Japon, et c’était la première fois de ma vie que je sortais du pays. Je suis restée au Maroc sept jours, sans compter les heures de vol. Nous avons visité le pays, avec un bus qui partait de Casablanca. J’ai pu faire du chameau, faire mes courses dans un supermarché avec mon anglais terrible, boire du thé à la menthe servi par les locaux, voir une mosquée et des ruines antiques… Une fois, les habitants se sont rassemblés dans une station-service pour voir un des matchs du Maroc à la TV et j’ai pu participer. Tout le monde a été très gentil avec moi.
C’est donc Hervé Renard qui vous a poussée à sortir du Japon pour la première fois…
Oui ! Je voulais voir son pays bien-aimé de mes propres yeux, et je voulais voyager dans un pays où le football est bien plus important qu’au Japon. Sur les sites touristiques, il y avait des enfants avec des maillots du Maroc qui tapaient dans une balle. Un jeune homme à une boutique souvenir parlait de foot avec beaucoup d’enthousiasme, aussi. J’ai senti que tous les guides étaient très fiers de l’équipe nationale.
Comment avez-vous réagi lorsqu’il a quitté la sélection marocaine ?
J’ai tellement pleuré… C’est mon pays bien-aimé, et j’avais aussi un certain attachement pour les joueurs. Mais je savais qu’il ne serait pas au Maroc pour toujours. Je suis toujours leurs matchs, j’ai été très heureuse de leurs performances lors de la dernière Coupe du monde. J’aimerais y retourner, et y rester plus longtemps la prochaine fois. Je suis peut-être un peu égoïste, mais je suis parvenue à changer d’avis lorsqu’il est arrivé en Arabie saoudite. C’est même là que je suis allée voir un vrai match au stade pour la première fois, quand le Japon a battu les Saoudiens en février 2022 pour les qualifications au Mondial (2-0). Malheureusement, ils ont perdu. Mais j’ai été impressionnée de les voir jouer. Désormais, j’essaie de transférer mon affection pour l’Arabie saoudite à la France.
Qu’est-ce qui vous a poussée à créer ce compte Twitter (@whiteshirt930), en 2018 ?
Même si c’est un mec super cool, personne n’avait fait de compte fan. En tout cas, pas au Japon. Donc je l’ai créé.
Avant de le connaître, vous aimiez le foot ?
Jusque-là, j’y prêtais attention. Mais sans plus, je me contentais de regarder les matchs de l’équipe nationale japonaise à la TV.
C’est donc Hervé Renard qui vous a poussée à suivre le foot féminin ?
Exactement. Maintenant, je comprends également la règle du hors-jeu. (Rires.) J’étais tout de même devant ma TV lorsque le Japon a remporté la Coupe du monde en 2011, c’était un spectacle extraordinaire. Mais pour être honnête, j’ai l’impression que c’est vraiment sa nomination à la tête de l’équipe de France qui m’a ouvert la porte au foot féminin. Pour l’instant, j’apprends encore.
Avez-vous déjà essayé de le contacter ?
Je n’y avais jamais pensé ! Mais je ne parle ni français ni anglais. Pour l’instant, je suis juste heureuse de le soutenir de loin !
Avez-vous regardé certains de ses anciens matchs, quand il était l’entraîneur de Lille ou de Sochaux ?
J’ai vu certains extraits de lui s’énervant lorsqu’il était à Lille et à Sochaux, mais c’est assez compliqué de trouver un match en entier et je n’ai donc pas pu en voir un encore.
とても気を揉んでいらっしゃる… でもその表情がお美しい… pic.twitter.com/UUH8FBsO71
— エルベ・ルナール様の前髪 (@whiteshirt930) July 23, 2023
Les Japonais ont la réputation d’adorer la France, et tout ce qui y est lié. Pensez-vous que ça a joué dans votre passion pour lui, et comptez-vous voyager en France ?
Bien sûr, j’aimerais venir. Comme beaucoup de Japonais, j’adore la France. L’histoire du pays, sa culture sont toujours dans nos livres d’histoire. Avant de le connaître, j’adorais les films. Comme Le Grand Bleu de Luc Besson, ou Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. J’aimerais vraiment visiter la France, surtout Cannes où il vit et où se tient le fameux festival, et Aix-les-Bains, sa ville d’origine. J’aimerais également faire un tour à Grasse, pour les parfums. Quand les Japonais entendent « France », ils pensent à des mots comme « liberté » et « à la mode ». Peut-être avons-nous la nostalgie d’une France libre et lumineuse, plutôt que d’un Japon étriqué.
Que vous inspire ce Mondial féminin ?
Le Japon a gagné en 2011, et cette même année, une Japonaise a gagné le Ballon d’or pour la première fois (Homare Sawa, NDLR). Malgré ça, les médias n’en ont pas particulièrement parlé. Et donc, le Japon a gâché une occasion de vraiment développer le foot féminin. Je veux que la France anime le foot féminin, je ne veux pas que vous laissiez passer votre chance comme notre pays. C’est un grand entraîneur et je rêve qu’un jour, il gagne le titre avec la France. Sincèrement, je leur souhaite le succès pour ce Mondial et pour les Jeux olympiques.
Si le Japon et la France venaient à se rencontrer en finale, pour qui votre cœur balancerait ? Bien sûr, je supporterais la France ! Parce que c’est le pays où il est né, et où il a été élevé.
Propos recueillis par Léo Tourbe