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Personne n’aime la Northern Guard, mais elle s’en fout

Par Gabriel Cnudde
Personne n’aime la Northern Guard, mais elle s’en fout

Non, le meilleur kop nord-américain ne supporte pas une franchise de la Major League Soccer, ni même de la NASL. Ce kop, la Northern Guard, a juré allégeance au Detroit City Football Club. Et chaque semaine, dans la ville du Michigan, des centaines de squelettes dansent et hurlent en jouant à Tetris.

C’est un costume dont la ville de Detroit se passerait bien aujourd’hui. Un costume moulant qu’elle s’est elle-même fabriqué dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Le costume d’une ville salle, vétuste, délabrée et violente. Celui de l’une des pires villes des États-Unis, tout simplement. Les entreprises la fuiraient comme la peste, la criminalité y pousserait aujourd’hui dans un terreau fertile d’inégalités et de misère. Les habitants la fuiraient et plus rien de bon ne s’y passerait. Ce costume, la ville de Detroit mettra sans doute énormément de temps à l’enlever. D’autant qu’elle est une des métropoles les plus touchées par la crise des subprimes et ses relents encore bien vivaces. Pire, le 18 juillet 2013, elle est même devenue la première ville américaine à faire faillite. Tout simplement. Loin de ces considérations financières, un groupe d’hommes et de femmes amoureux de leur ville tentent tout pour la faire (re)vivre, via leur amour du ballon rond. La Northern Guard, kop symbolique, renoue avec la tradition la plus pure et la plus crue des supporters anglais d’un temps aujourd’hui révolu.

Deux frères pour une armée

Lorsqu’en 2012 une nouvelle franchise de soccer voit le jour à Detroit, il est alors impossible pour les frères Gene et Ken Butcher de ne pas faire partie de l’aventure. Fanatiques du soccer depuis qu’ils ont vu papa jouer pendant des années, mais orphelins d’une équipe locale à supporter, les deux sautent sur l’occasion de créer un groupe de supporters. « Au commencement, c’était minuscule. Quelques amis, pas plus. Puis, petit à petit, on a fait passer le mot par les réseaux sociaux, puis on s’y est mis à plein régime » , expliquait Ken Butcher à World Football Supporter News. Dès le tout premier match du DCFC, la petite dizaine d’amis n’hésite pas un seul instant à déployer de gros moyens : « Pour le premier match, on avait ramené des fumigènes, des tambours, des drapeaux et des fusées. Le but, c’était de faire quelque chose de très visuel pour que les gens de tout Detroit aient envie de faire partie de notre groupe. » Et pour bien se démarquer du reste des supporters, tous arborent des masques de squelettes. « On n’arrête pas de nous dire que Detroit est une putain de ville morte. Ok, si on est morts, on sera les putains de Walking Dead » , plaisante Ken dans les colonnes du WFSN.

« Après le premier but, après avoir inhalé assez de fumée pour tuer un cheval, l’image a beaucoup circulé. On a su qu’on avait réussi. » Après cette exceptionnelle première, le groupe ne cesse de grandir. Libre d’accès, sans aucune carte de membre à acheter ni aucun abonnement à souscrire, la Northern Guard devient vite l’un des kops les plus suivis des États-Unis. Aujourd’hui, et depuis plusieurs années déjà, chaque match est précédé d’une longue marche dans Detroit, du pub de ralliement, le Harrys sports Bar, jusqu’au Cass Tech High School Stadium. Alors, tous les week-ends, Detroit vibre au rythme des « Can you hear them sing ? We don’t hear a fucking thing » et des « You’re just a shit club in a Tin Can. » Car ce qui rend ce groupe de supporters si singulier et si attirant dans un pays où les fans restent discrets, c’est qu’il ne se cache pas d’être un vrai kop. Avec tout ce que cela comporte de vulgarités, de violence, mais surtout de passion.

« On se fout royalement de la ligue dans laquelle évolue notre équipe, et on se tape encore plus de ce que vous pensez de nous » , peut-on lire sur la page d’accueil du site internet du groupe. « Outre communication contraire, partez du principe qu’on considère votre club comme de la merde et vos supporters comme des gens pitoyables » , poursuit le groupe. Être détestés, ces squelettes s’en moquent. D’où l’emprunt d’un des chants les plus connus de Manchester City : « We’re ruining the city and we don’t care. » Bref, si vous n’aimez pas la Northern Guard, sachez qu’elle s’en fout et qu’elle ne vous aime pas non plus. Elle a bien assez de traditions et de chants pour occuper des générations successives de supporters.

Korobeïniki et Alouette

Les journalistes et experts ayant vécu un match avec la Northern Guard sont unanimes : nulle part ailleurs au pays de l’Oncle Sam on ne peut retrouver autant de passion, de chants et de « f… words » . Dans la tribune du petit stade, il y a en effet de quoi s’occuper pendant 90 minutes. Une fois par mi-temps, tous les membres de la Northern Guard se prennent par les épaules et dansent sur le rythme saccadé de la Korobeïniki, chanson russe popularisée par le jeu vidéo Tetris qui reste gravée à vie dans la tête de celui ou celle qui l’écoute. À l’heure de jeu, quand l’envie leur en prend, les membres du groupe entonnent en cœur une version remaniée de la comptine pour enfants « Alouette, gentille alouette… » , le but étant à cet instant de dresser la liste des déformations physiques des supporters adverses. Mais le moment que tous attendent avec beaucoup d’impatience, c’est la 80e minute, et le très célèbre Dirty Old Town d’Ewan MacColl.

L’action de la Northern Guard ne se limite pas à se casser la voix tous les week-ends. Dès sa fondation, en 2012, le groupe décida par exemple de fonder une organisation à but non lucratif, Hooligans for Heroes, destinée à lever des fonds pour les vétérans de guerre américains. Cette saison, dans la Conférence Ouest de la National Premier Soccer League (l’équivalent de la quatrième division américaine), le DCFC est relativement bien positionné. Après douze matchs joués, le Rouge est deuxième de sa conférence. De quoi laisser entrevoir de très beaux moments à tous les enragés de la Northern Guard qui sont chaque jour de plus en plus nombreux.

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Par Gabriel Cnudde

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