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Perquis : « En Espagne, j’ai appris la vraie passion du football »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
7 minutes
Perquis : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En  Espagne, j&rsquo;ai appris la vraie passion du football<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Depuis fin août, Damien Perquis a troqué le froid du Doubs pour la chaleur andalouse. Malgré quelques blessures et passages sur le banc de touche, l'ancien Stéphanois s'épanouit du côté du Bétis Séville dans une Liga qu'il affectionne déjà.

Après cinq ans à Sochaux, tu as décidé de passer de l’autre côté des Pyrénées. Pourquoi avoir choisi le Betis Séville ?J’ai choisi le Betis car c’est le club qui a fait le plus d’efforts pour m’avoir, qui m’a montré le plus d’intérêt. Il y avait également d’autres clubs en Espagne, mais le Betis reste quand même un club mythique, tout du moins ici.

Six mois après ton arrivée, es-tu satisfait ?Je suis arrivé fin août, j’avais donc raté trois journées et Sochaux ne m’avait pas laissé jouer avant mon départ. Donc j’avais besoin de reprendre un travail physique personnel pendant trois semaines à l’entraînement, alors que les autres allaient jouer. J’ai quasiment perdu un mois jusqu’à fin septembre. Pour mon premier match titulaire, je prends un rouge… Les débuts étaient plutôt maudits. Après, il y a eu le mois d’octobre où tout s’est bien passé : j’ai fait de bons matchs, les gens au club et la presse étaient contents. Ça commençait à bien tourner, jusqu’à cette blessure en sélection au mois de novembre. Ce claquage derrière la cuisse m’a coûté un mois et demi d’absence et surtout la place que je m’étais faite.

Justement, depuis ta blessure, tu joues un peu moins. Envisages-tu un prêt ?Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. C’est sûr que j’ai besoin et envie de jouer, alors quand on se retrouve sur le banc ou que l’on n’est même pas convoqué, ça frustre l’égo et le joueur de football que l’on est. Parler de prêt maintenant ? Je sais que le club s’y refuse, même si certains clubs sont intéressés.

Ce sont des touches que tu as en Espagne ou ailleurs en Europe ?Pas tant en Espagne, non. Ce sont surtout des clubs français, et un club turc, qui m’ont approché pour le moment.

Depuis ton arrivée, qu’est-ce que t’as apporté le championnat espagnol ?J’ai appris ce qu’était la vraie passion du football. Ici, le sport fait partie de la vie des gens. C’est difficile à expliquer, mais c’est comme si cela les possédait. Au niveau du football en lui-même, j’ai appris beaucoup de choses. Tactiquement déjà, ça va très vite vers le but adverse, les défenses sont souvent découvertes, on va chercher très haut. J’ai dû m’adapter à cette nouvelle donne. C’était un peu compliqué au début, mais maintenant j’ai intégré les principes. Je ne regrette pas du tout mon choix.

Tous ces changements ne te font pas dire qu’il y a une grande différence de niveau avec la Ligue 1 que tu as pu connaître depuis le tout début de ta carrière ?D’une part, dans l’impact physique c’est beaucoup moins fort, et donc dans la technicité, le jeu est beaucoup plus fluide. Les enchaînements et les joueurs sont un niveau au-dessus de la Ligue 1. En France, on prend plus de temps à aller vers le but alors qu’ici, c’est plus spontané : comme un box-to-box, mais posé et technique.

Avec le Betis, vous carburez au super depuis le début de saison. Actuellement, vous êtes mêmes quatrièmes et provisoirement qualifiés pour la Ligue des champions. Ça donne des idées pour la suite ?Aujourd’hui, il ne faut pas se cacher. On a six points d’avance sur le cinquième ou le sixième, et donc un petit écart. À la base, l’objectif était tout autre. Le coach, un peu à la Guy Roux, nous dit qu’on a atteint notre premier objectif, le maintien. Il nous manque seulement quatre points. Il faut voir comment cela va évoluer, mais aujourd’hui, notre objectif est clairement l’Europe.

Paradoxalement, l’an dernier, Pepe Mel, votre entraîneur, avait déclaré que l’objectif était que « l’Europe connaisse le nouveau Betis » …
Ça peut en effet être la bonne année, mais pour l’instant, seulement avec notre première partie de saison. Il faut faire exactement la même seconde moitié pour pouvoir espérer. Il ne faut pas oublier que l’on a perdu des matchs bêtement à domicile, comme contre Grenade, Majorque ou le Rayo Vallecano, qui nous auraient permis aujourd’hui d’être devant le Real Madrid.

Justement, Pepe Mel est un entraîneur au style assez atypique. Il n’a, par exemple, jamais aligné le même onze depuis le début du championnat. Y-a-t-il une méthode Pepe Mel ?Il a une faculté à garder tous les joueurs concernés et surtout qu’on ne s’endorme pas sur nos acquis. Hormis la défense qui ne bouge plus trop, il aime bien changer les postes offensifs. Même si le match d’avant, quelqu’un a été bon, il est capable de le sortir lors de la prochaine rencontre pour justement qu’il ne s’enflamme pas trop. Il remet tout le temps les joueurs en question, et c’est très bon pour le groupe. De ce fait, à chaque entraînement, à chaque match, tout le monde donne le meilleur de lui-même.

« Beñat est de la trempe d’Iniesta »

Vous êtes donc tous des titulaires en puissance ?Aujourd’hui, comme il le dit lui-même, ça lui fait de la peine de laisser des joueurs sur le banc ou dans les tribunes. Il nous avoue que tout le monde mérite d’avoir sa place à la vue des entraînements que l’on produit. Et c’est vrai qu’à l’entraînement, le niveau est très élevé.

Il y a tout de même deux joueurs qui font figure d’intouchables depuis le début de saison : Beñat et Rubén Castro. Sont-ils vraiment au-dessus du lot ?Beñat est vraiment un joueur qui s’inspire et qui entre dans la trempe d’Iniesta et Xavi. Il est petit, technique, très habile avec le ballon et a cette faculté à garder le ballon malgré le contact. Rubén Castro, c’est sans doute le meilleur attaquant avec qui j’ai pu évoluer devant le but. On parle beaucoup d’eux, mais on assiste également à l’éclosion d’un très grand gardien avec Adrian.

En dehors du terrain, comment s’est passé ton intégration dans la vie sévillane et plus largement espagnole ?Extraordinairement bien, je dirais. C’est ce qui m’a permis de bien me sentir dans le groupe et d’être performant lors de mes matchs. La langue, je la parlais déjà un peu grâce aux cours que l’on a pu avoir au collège et au lycée, j’ai juste dû y ajouter quelques mots de vocabulaire attrapés par-ci par-là. Après, la ville de Séville est à la fois très tranquille, mais très grande. Les gens sont très agréables. Malgré la rivalité qui existe avec le FC Séville, il n’y a pas de méchanceté. C’est plutôt très agréable à vivre : dans la rue, on te reconnaît, mais c’est toujours avec beaucoup de gentillesse. La seule chose à laquelle il faut faire attention, c’est la bouffe. Le jamon, le queso, c’est traître parce que c’est tellement bon qu’on ne peut pas refuser.

Le côté un petit peu moins drôle de l’Andalousie est que c’est l’une des régions les plus durement frappées par la crise. Tu peux la ressentir dans la vie de tous les jours ?D’où j’habite, pas vraiment, car il y a beaucoup de résidences sécurisées, des lotissements privés. Par contre, lorsque l’on va à l’entraînement et que l’on voit des sortes de bidonvilles dans les champs, que l’on va faire ses courses, ou que l’on se rend à l’église et que l’on aperçoit des mendiants, ça fait mal au cœur. Ici, le problème est qu’il y a une très grosse économie souterraine qui se développe avec plein de petits boulots.

Niveau climat, tu vis par contre le grand écart par rapport à Troyes, Saint-Étienne, Sochaux et la sélection polonaise…En ce moment, je m’amuse à envoyer des messages ou à poster des statuts en demandant à mes potes de Sochaux combien il fait à Montbelliard. Plus sérieusement, il fait vraiment bon ici, tu oublies les bonnets et les doudounes pour enfiler des vestes le matin. L’été, c’est même caniculaire : je préfère limite cette période-là que la saison estivale… Lorsque je suis arrivé fin août, j’ai fait mon premier entraînement sous 47 degrés, et il était cinq heures. À un moment donné, ça cogne vraiment. Pepe Mel venait même me voir pour me demander comment j’allais, car il voyait que je tirais la langue.

Pour finir, comment ça se passe actuellement avec la sélection polonaise ?Bien, si l’on veut… C’est sûr que sans la sélection, je ne serais pas là où je suis actuellement… Maintenant, on a un nouveau coach, et j’ai perdu ma place en sélection du fait que je n’ai pas enchaîné les matchs depuis le début de saison et que j’ai dû m’acclimater à mon nouveau club. Il y a également eu un changement de président à la tête de la Fédération qui souhaite que tous les joueurs parlent polonais. C’est logique, certes, mais pour les joueurs naturalisés, ça complique la tâche. Il faut que je m’impose de nouveau au Betis, et tout roulera. Surtout qu’il y a les éliminatoires pour la Coupe du monde 2014…

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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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