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Ricard, un p’tit jaune qui fait voir rouge (et bleu)
Marseille est sur les nerfs depuis l’annonce du partenariat entre le groupe Pernod Ricard et le Paris Saint-Germain. Le maire de Marseille Benoît Payan s’est carrément emparé du sujet pour défendre l’honneur des Phocéens, ébranlés par l’idée de devoir partager « leur » marque emblématique.
Tempête dans un verre de pastaga. Le groupe Pernod Ricard s’est engagé avec le Paris Saint-Germain en tant que partenaire officiel jusqu’en 2028, se positionnant ainsi comme « le seul fournisseur de champagne et de spiritueux du club ». La nouvelle, annoncée lundi, a immédiatement mis en émoi le Vieux-Port, toujours prompt à s’enflammer dès que s’approche l’ombre du PSG. Il ne fallait pas s’attendre à autre chose dans une ville où certains refusaient de voir les inscriptions « Paris 2024 » autour du Vélodrome pendant les Jeux olympiques. Touche pas à mon Ricard !
.@Pernod_Ricard the world’s #1 premium spirits group becomes official partner of Paris Saint-Germain.
Join us in celebrating victories, sportsmanship and the spirit of human connection.
A special thank you to guest bartender @hoarauguillaume 🍾 pic.twitter.com/n8boDKC80h
— Paris Saint-Germain (@PSG_English) September 2, 2024
« Quand le business trahit ses racines, il abîme son histoire »
Le pastis est une institution à Marseille, qui a vu le local Paul Ricard fonder son entreprise en 1932. Le hashtag #bocyottPernodRicard a donc vite émergé sur les réseaux sociaux pour s’opposer à l’affront de cette association avec le rival parisien. Un supporter a même remixé le chant emblématique « 51 je t’aime », les paroles disant désormais « 51 je t’aimais, j’en buvais des tonneaux. Jusqu’à ce que tu finisses, sponsor des Parigots. »
Faites-en ce que vous voulez 🎶#BoycottPernodRicard#RicardMadeInQatar pic.twitter.com/NJ3wJErHYd
— ᑭᒪᗩᑎETOᕼEᗰE 🌐Ⓜ️ (@planetom13) September 2, 2024
Lorraine Ricard, petite-fille du fondateur du groupe Ricard, a elle-même désavoué ce partenariat sur LinkedIn : « En 2012, la bannière des supporters de l’OM, brandie au lendemain de la mort de mon père, Patrick Ricard, nous avait profondément touchés. Marseille n’oublie jamais ses enfants. Pourtant, aujourd’hui, l’entreprise semble avoir oublié cet hommage et ses origines en signant ce partenariat avec le PSG. Quand le business trahit ses racines, il abîme son histoire et prend des risques sur son futur. »
Tchin Chine !
La polémique est arrivée jusqu’à l’hôtel de ville, sans grande surprise. Un chouïa populiste, Benoît Payan n’a pas hésité à monter au créneau pour défendre l’honneur de Marseille. « On n’a pas bien compris. Je crois même que chez Ricard, tout le monde n’a pas compris ce qui était en train de se passer », a lâché le maire sur BFM, avant d’évoquer une rencontre avec Alexandre Ricard, le patron du groupe. « Je vais lui demander comment et pourquoi en est-on arrivé à aller soutenir le PSG. […] Vous savez, la famille Ricard, son fondateur, sont des gens intrinsèquement liés à ce territoire. Je leur reposerai la question du lien avec ce territoire. Parce que, pour reprendre un jeu de mots, les Marseillais rient jaune. »
Le groupe a déploré une « incompréhension » dans les colonnes de La Provence : « La marque Ricard est une marque très française et quasi exclusivement sur l’Hexagone, il n’a jamais été question de l’associer ou de la promouvoir dans le cadre de ce partenariat. » Pernod Ricard a tout de même de quoi faire puisqu’il regroupe 240 marques, brassant un large panel de boissons alcoolisées. Loi Evin oblige, ce partenariat avec le Paris Saint-Germain ne se traduira pas ostensiblement en France, mais plutôt à l’étranger, avec l’objectif affiché de toucher des marchés étrangers de plus en plus sensibles à la marque PSG, en Amérique du Nord ou en Asie. Un accord qui fait sens économiquement alors que le bénéfice net du groupe est passé de 2,26 milliards à 1,48 milliard en un an, avec un recul notable des ventes aux États-Unis et en Chine. En matière d’image, en revanche, il faudra encore ramer pour convaincre les Marseillais. Même à l’heure de l’apéro, pas question de trinquer avec le PSG.
Par Quentin Ballue