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Père Marivin : « L’individualisme n’est pas payant »

Propos recueillis par Andrea Chazy
Père Marivin : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>L’individualisme n’est pas payant<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Curé de la cathédrale de Vannes, mais surtout ancien arbitre amateur, il n'est finalement pas étonnant de voir le Père Marivin dédier l'une de ses prières aux joueurs de Didier Deschamps. Interview d'un homme de foi pas fan de la VAR.

D’où vous est venue l’idée d’écrire cette prière pour les Bleus ?En fait, ce n’est même pas une idée récente. Il y a quatre ans, lors du Mondial au Brésil, j’avais déjà fait cette prière-là lorsque j’étais curé de Guer.

Le pire pour un joueur de foot, c’est finalement de se protéger d’un échec collectif.

C’est une prière que j’ai reprise à ma sauce et qui était totalement passée inaperçue. J’ai décidé de la ressortir, et elle me dépasse complètement.

« Nous te demandons la force de nous faire violence pour être vrais en toutes circonstances. » Il y a un message pour l’équipe de France derrière cette phrase ? Oui, parce que je crois que dans la vie comme sur un terrain de football, il faut donner le meilleur de soi et ne pas jouer perso. L’individualisme n’est pas payant sur le long terme. Il faut réussir à forcer son talent pour être au service des autres.

Comment ont réagi vos fidèles ? Beaucoup me disent que c’est bien, car c’est une façon de lier la foi et ce qui se passe dans la vie de tous les jours.

J’ai accordé un penalty à la 89e minute à Nantes tout en donnant un carton rouge à l’archevêque de Rennes. Après la rencontre, il m’a passé un savon.

Ce que j’ai voulu faire passer il y a quatre ans, et c’est toujours le cas aujourd’hui, c’est avant tout une prière dans le monde du sport et l’aspect collectif et solidaire du genre humain. Il s’avère, en plus, qu’on a une très jeune équipe lors de ce Mondial sur le terrain. Une équipe qui, parfois, et sans pour autant tomber dans le jugement, est individualiste. Donc en jouant collectif et en faisant communion, on peut aller plus loin.

C’est donc aussi et surtout une prière faite pour que les jeunes joueurs n’empruntent pas le chemin de l’individualisme…C’est ça ! Je pense qu’aujourd’hui en football, il faut prendre aussi en compte tout ce qui se trouve en périphérie. Il y a la valeur marchandise, l’argent, et c’est pour cela qu’il faut essayer de revenir au cœur de ce qui fait ce jeu. Le pire pour un joueur de foot, c’est finalement de se protéger d’un échec collectif en se disant « Bon, il y a le mercato qui arrive juste derrière… »

Vous dites dans une interview accordée au Télégramme « avoir été bercé par le football dans votre enfance à Plumelec » . Comment ça se matérialisait ? Il faut savoir que dans le Morbihan, il y a deux grands sports : le cyclisme, qui voit d’ailleurs le Tour de France souvent passer par Plumelec, et le football. Dans les années 1980, j’ai 8-9 ans et Plumelec, qui est une bourgade de 2500 habitants, est alors en DH.

J’ai beaucoup d’admiration pour les arbitres.

C’était énorme pour un club sans moyens comme celui-là. L’équipe B du Stade rennais venait jouer chez nous, il y avait aussi l’équipe C du Stade brestois avec en permanence 600 à 700 personnes qui étaient au stade. Les joueurs n’étaient quasiment pas payés et finalement, il y avait une forme d’honneur derrière cela. J’ai été bercé dans cette ambiance-là.

Et ça ne vous a pas donné envie de jouer à votre tour ? Oh non ! Même si j’aime le sport, je ne suis pas un grand sportif. Je préfère aller au stade et profiter d’une ambiance familiale.

Il paraît pourtant que vous étiez arbitre amateur…(Rires.) C’est peut-être la vocation poussée jusqu’au bout : l’amour des règles du jeu. J’ai d’ailleurs beaucoup d’admiration pour les arbitres actuellement, même si j’espère que le niveau de Ligue 1 va rapidement se hausser au niveau mondial, car parfois je vois des choses… bon. Je trouve que l’arbitrage est quelque chose de beau lorsqu’on peut être loyal, juste et vrai.

C’était aussi pour vous une possibilité de concilier votre passion et vos valeurs…Oui. Surtout qu’à mon époque, il y avait un grand besoin d’arbitres. On devait fournir deux à trois arbitres par district, sous peine de ne pas être homologué. Ça m’a d’ailleurs bien servi, parce que lorsque j’étais séminariste, on faisait des tournois intersports-interséminaires.

Être tout le temps rattaché à la loi peut aussi casser le jeu.

En 1999, j’ai arbitré un match Rennes-Nantes et j’ai accordé un penalty à la 89e minute à Nantes tout en donnant un carton rouge à l’archevêque de Rennes. Après la rencontre, il m’a passé un savon. (Rires.)

Que pensez-vous de l’utilisation de la vidéo en tant qu’ancien arbitre ? Vous auriez aimé l’avoir justement pour vos matchs interséminaires ?Il ne faut pas être nostalgique du passé révolu, c’est le curé qui vous parle ! De mon point de vue, c’est à la fois bien et pas bien. C’est positif car cela rend justice, mais c’est aussi négatif car cela casse le jeu et on va tout de suite se réfugier derrière elle. D’autant qu’il y a une interprétation humaine derrière qui ne sera pas forcément la même. Être tout le temps rattaché à la loi peut aussi casser le jeu. Il ne faut pas que ça le robotise. Il faut jouer, en sachant qu’il peut y avoir des coups de chance et de malchance.


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Propos recueillis par Andrea Chazy

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