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Percymad : « Razak Boukari m’a commandé trois dessins »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
6 minutes
Percymad : « Razak Boukari m’a commandé trois dessins »

Proche d’Aubameyang, exposé au sein de la galerie de Jo-Wilfried Tsonga à Saint-Ouen, Percymad fait parler de lui ces derniers mois grâce à ses dessins de footballeurs. De Zlatan à Morgan Sanson, en passant par Matuidi, tous lui ont commandé un portrait avant de l’accrocher chez eux. Alors, forcément, ce jeune Manceau a quelques histoires à raconter, sur ses différents travaux comme sur sa clientèle de luxe.

Tu as fais les Beaux-Arts, mais tu as tout plaqué pour un BTS Assurance. Qu’est-ce qui t’a fait revenir au dessin ?Je n’étais pas vraiment aux Beaux-Arts. En fait, j’avais 10-11 ans et, tous les mercredis, j’avais des cours de dessin là-bas. Mais je n’y suis allé que trois ou quatre fois. Ça ne me plaisait pas plus que ça et, comme je viens d’une famille de footballeurs, j’ai préféré remplacer ces cours par des entraînements. Ce n’est qu’une fois le BTS fini que je me suis remis au dessin.

Tu te souviens du premier dessin qui a commencé à tourner sur le web ?C’était un portrait de Black M, qu’il avait partagé sur ses différents réseaux. En une soirée, je suis passé de 400 à 4 000 abonnés, donc ça a pas mal aidé. Pareil avec Aubameyang. Il m’avait demandé de lui dessiner le tatouage qu’il a aujourd’hui dans le dos, la carte de l’Afrique avec un aigle au-dessus, et ça m’a vraiment ouvert des portes. Grâce à ces deux coups de pouce, j’ai pu commencer ma petite carrière de dessinateur.

La rencontre avec Aubameyang, elle s’est faite comment ?Il est originaire de Laval et a de la famille du côté du Mans. Quand il a su que j’avais fait un dessin de lui, il a pris contact avec moi et on a fini par bien s’entendre. Aujourd’hui, dès qu’il revient au Mans, on essaye de trouver un moment pour se voir et pour faire un petit match. Je sais que je peux compter sur lui. D’ailleurs, c’est lui qui m’a mis en contact avec son frère pour que je réalise son tatouage également.

Généralement, ce sont les footballeurs qui prennent contact avec toi ?Parfois, je les contacte directement, mais ça m’arrive aussi de recevoir les appels de footballeurs qui ont envie d’avoir leur portrait après avoir vu un de mes dessins chez leurs potes ou leurs coéquipiers. Morgan Sanson, par exemple : il avait un de mes dessins chez lui, Jonas Martin l’a vu, ça lui a plu et il a pris contact avec moi pour que je lui en réalise un.

Comment tu expliques cette fascination des footballeurs à avoir des portraits d’eux-mêmes chez eux ?Je pense que c’est quelque chose d’original qui parle un peu plus qu’une photo. Là, on voit le coup du crayon et on ressent peut-être plus facilement la démarche artistique.

Il y a quand même quelque chose de très égocentrique, un peu comme ces mecs qui ont des tableaux d’eux-mêmes avec une épée et une posture un peu royale…(Rires) C’est possible que mes dessins permettent de flatter leur ego, mais ce n’est pas mon problème. D’ailleurs, je ne réalise pas que des portraits. C’est important de le préciser. Razak Boukari, par exemple, m’a commandé trois dessins, mais c’était surtout pour en faire cadeau à sa famille.

Tes dessins, tu les vends combien ?Tous mes travaux sont vendus à partir de 85 euros. Après, tout dépend de la technique, de la taille et du nombre de personnes sur le dessin, mais je ne facture pas mes travaux plus cher aux footballeurs sous prétexte qu’ils ont de l’argent. Ce qui m’intéresse, c’est nettement plus la rencontre, le partage, même si c’est vrai aussi que cette activité me permet d’être auto-entrepreneur depuis trois ans et de gagner correctement ma vie.

Tu as rencontré Zlatan. Vous vous êtes dit quoi ?Avec Zlatan, tout a été très rapide. C’était dans le cadre de la soirée d’inauguration de sa marque, A-Z. Je lui ai donné mon dessin, on a fait la photo ensemble et quelques minutes après, c’était fini. Tout ce dont j’ai pu me rendre compte, c’est que, contrairement à ce que l’on peut penser, c’est quelqu’un de très simple et de très accessible dans son rapport aux autres. Ça en était même déstabilisant. Surtout me concernant : on se doutait tous qu’il allait quitter Paris et je savais que ça serait sans doute ma seule chance de le voir.

Tu es exposé depuis un an au Malik Sport Concept, la galerie de Tsonga. C’est là-bas que tu as rencontré des mecs comme Matuidi ou Djibril Cissé ?Ouais, avec Djibril, on a passé toute une soirée ensemble le jour de l’inauguration de la galerie, où il expose également. On a beaucoup ri. C’est quelqu’un de très accessible. Après, oui, j’ai également profité de cette expo permanente pour rencontrer plusieurs footballeurs, essentiellement des joueurs de Paris comme Rabiot, Aurier, David Luiz ou Matuidi.

À leurs côtés, tu as compris quoi ? Que, contrairement à l’avis général, ces mecs n’étaient pas aussi superficiels et bêtes qu’on veut le faire croire ?Tu sais, c’est comme dans tous les domaines. Le milieu du football renferme des gens intéressants et des gars avec qui tu n’as pas grand-chose à partager. Ma chance, c’est d’être en contact avec eux grâce à un travail qui les intéresse. Ça crée forcément une sympathie. Aussi, j’arrive à les considérer comme des gens normaux, ce qui explique peut-être pourquoi je parviens à leur parler avec autant de facilité. Contrairement à beaucoup, je ne les considère pas comme des dieux.
Comment ça se passe généralement ? Ce sont eux qui financent ton voyage ?Non, je prends tout en charge. Je pourrais probablement leur demander de financer, j’imagine qu’ils ne sont pas à ça près, mais je trouve ça plus honnête. Et puis ça me plaît de me rendre de moi-même à leur rencontre, de me plonger dans leur univers. Dernièrement, je suis parti à Londres pour voir Bakary Sako. Il m’avait invité à Londres pour regarder un match de Crystal Palace dans les loges. J’ai trouvé ça sympa, d’autant que c’était la première fois que j’assistais à un match de Premier League.

Tu as rencontré pas mal de joueurs du PSG, c’est parce que c’est ton club préféré ?Oui, j’aime plutôt cette équipe. Je suis un grand fan de Ronaldinho, donc Paris a forcément une place spéciale, mais je suis plus pour le beau jeu que pour un club en particulier. Monaco, par exemple, m’a énormément plu cette saison.

Aux États-Unis, Snoop Dogg et The Game ont repéré certains de tes dessins, comme ceux sur 2Pac et Biggie. Si ça se trouve, tu deviendras d’ici peu plus populaire que les footballeurs eux-mêmes…(Rires) Ça ne reste que du dessin. Je ne pense pas une seconde à devenir célèbre ou à regarder les gens de haut.

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