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Percy Prado : « Le futsal n'est pas une porte de sortie pour footballeurs en échec »

Propos recueillis par Tristan Pubert
Percy Prado : « Le futsal n’est pas une porte de sortie pour footballeurs en échec »

Formé au FC Nantes, Percy Prado porte désormais les couleurs d'un autre club phare de la cité ligérienne, le Nantes Métropole Futsal. Après une aventure dans son pays natal, le Pérou, le gamin de Malakoff est revenu dans sa ville d’adoption, bien décidé à faire ses preuves sur le parquet de la salle du Palais des sports de Beaulieu.

Tu viens d’intégrer le Nantes Métropole Futsal il y a maintenant un mois. Comment s’est passée ton arrivée ? Superbement bien ! Les gars m’ont tout de suite mis à l’aise. Actuellement, j’ai une petite blessure qui m’éloigne des terrains. Mais dans le vestiaire, l’ambiance est franchement top. J’ai intégré un groupe qui vit très bien, donc c’est forcément plus simple. J’ai la chance d’avoir un entraîneur (Fabrice Gacougnolle, NDLR) très proche de ses joueurs. Forcément, il est très exigeant et pointu sur la tactique, ce n’est pas pour rien que le club est au top niveau.

Après avoir fait du football depuis ton plus jeune âge, tu as décidé, à 27 ans, de te mettre au futsal. Ce changement de sport a-t-il été délicat ? Physiquement, je n’ai pas forcément eu de difficultés, mais c’est surtout tactiquement que c’est le moins évident. J’ai dû apprendre toutes les différentes tactiques de jeu, les placements défensifs, à quel moment il faut sortir, à quel moment il faut couper. C’est surtout cet aspect qui est un peu plus long à comprendre lorsque l’on vient du football à onze. Certes, on joue avec un ballon dans les deux disciplines, mais ce sont deux sports très différents, surtout tactiquement. Physiquement, on ne fait pas les mêmes efforts. Au futsal, ils sont très courts et surtout beaucoup plus intenses.

Pourquoi ce choix plutôt singulier ? À la base, je n’avais pas du tout envisagé ce choix, je souhaitais rester dans le football à onze. Mais après le mois d’août 2022, les choses se sont compliquées, je n’ai pas eu les propositions que j’attendais vraiment. Arrivé au mois de septembre, j’ai reçu l’appel de Christophe Benmaza (manager de Nantes Métropole Futsal, NDLR) qui m’a parlé du projet. J’ai directement été séduit lors de mes premières séances avec le groupe.

Christophe Benmaza n’est pas n’importe qui pour toi… Je l’ai connu en préformation au FC Nantes. Il nous initiait au futsal avec quelques séances. C’est une personne que je connais très bien et qui me connaît très bien. Il m’a expliqué que mon profil était adapté au futsal, on s’est dit qu’il fallait alors essayer et voir ce que ça allait donner.

Tu as rejoint une équipe de NMF performante, actuellement deuxième de D1, un club qui ne cesse de se développer. J’ai été vraiment surpris par les installations, le club est vraiment structuré comme un club de football professionnel. On a tout à disposition : le staff médical avec les soins mis en place, la salle de musculation. Pour ma part, cela fait plusieurs années que je suis de près les performances de Nantes Métropole Futsal, même à l’époque où le club s’appelait le Nantes Erdre Futsal (la fusion en 2017 avec le club du Nantes Bela Futsal a entraîné la création du NMF, NDLR). À cette époque, les infrastructures n’étaient pas les mêmes. Le club ne cesse d’évoluer à tous les niveaux et peut encore plus se développer avec des partenariats et de la visibilité. Le futsal, c’est un beau sport qui pourrait intéresser plus de monde si, justement, on mettait beaucoup plus la lumière dessus.

Quels sont tes objectifs ? S’imposer dans cette discipline ou pourquoi pas rebondir plus tard dans le football à onze ?  D’un point de vue collectif, réitérer ce qu’on a fait l’année dernière (le NMF a aussi remporté la Coupe de France en 2022, NDLR) et puis se qualifier pour les play-off. On souhaite vraiment montrer qu’à Nantes, il n’y a pas que le FC Nantes et le HBC Nantes, donner de la visibilité à ce club, et ça passe forcément par des trophées. Maintenant, d’un point de vue individuel, je ne pense pas du tout à ça pour être honnête. Mon objectif premier est de commencer la compétition avec l’équipe et d’apporter quelque chose en plus. Pour ce qui est de mon avenir, honnêtement, je préfère ne pas y penser. On réfléchira à toutes ces choses au mois de mai.

De nombreux jeunes, après l’échec du centre de formation, trouvent refuge dans le futsal. Est-ce que cela peut être justement une passerelle pour rebondir ensuite ? Je ne pense pas que le futsal puisse être une porte de sortie pour tout le monde. Il faut bien comprendre que ce sont deux sports bien différents, il faut savoir s’adapter au jeu. Je dirais que c’est plutôt une alternative. Mais le futsal devient de plus en plus attractif et pourrait donc l’être pour des jeunes joueurs qui sortent de centre de formation.

C’est très dur de défendre sur Steve Bendali dans les petits espaces, il faut être très attentif sur les appuis. Mbappé c’est différent, plus explosif. Quand il démarre, c’est complément autre chose.

Percy Prado

Quel souvenir gardes-tu de ton expérience au FC Nantes, où tu as été formé et évolué pendant 18 ans, avant de ne pas être conservé à l’été 2020 ? Je m’attendais à ne pas être conservé par le FC Nantes, donc je n’ai pas été déçu. J’étais en fin de contrat et, avec les nombreux talents présents au club, je savais très bien que ça allait être compliqué de prolonger à Nantes, surtout si c’était pour rester jouer avec la réserve. Mais je ne garde que des bons souvenirs de ces années passées au club, que ce soit en préformation, en formation, avec la réserve et tout le reste. J’ai grandi là-bas, j’ai mûri aussi. 

Tu as quand même disputé quatre matchs avec l’équipe première au poste de latéral, dont une première titularisation contre le PSG (1-2) à la Beaujoire en février 2020. Un match durant lequel tu as (bien) défendu sur un certain Kylian Mbappé… J’ai vécu ce match avec beaucoup d’excitation, un peu de pression, mais de la bonne pression, je savais que je n’avais rien à perdre sur ce match. Mes coéquipiers m’avaient mis à l’aise, donc je n’avais pas de raison de ne pas prendre plaisir. 

C’est plus dur de défendre sur Kylian Mbappé ou Steve Bendali, ton capitaine au NMF ? Ça n’a rien à voir ! (Rires.) C’est très dur de défendre sur Steve dans les petits espaces, il faut être très attentif sur les appuis. Mbappé c’est différent, plus explosif. Quand il démarre, c’est complément autre chose.

Tu as côtoyé des beaux noms comme Valentin Rongier, Imrân Louza, Amine Harit ou encore Randal Kolo Muani. Qui t’a le plus marqué ? Le plus talentueux, c’était Amine Harit. Je suis content pour lui, car aujourd’hui, il a mûri et il s’est imposé à Marseille, ce n’est pas rien. Il est parvenu à développer tout son potentiel. Valentin Rongier, c’était aussi magnifique d’évoluer à ses côtés. Un joueur fin techniquement, très élégant. Et Randal, c’est à part, il est parvenu à grandir lui aussi.

Wesley Moustache, Randal Kolo Muani, Abdoulaye Dabo, Baptista Mendy et Percy Prado.
Wesley Moustache, Randal Kolo Muani, Abdoulaye Dabo, Baptista Mendy et Percy Prado.

Es-tu toujours en contact avec eux ? Bien évidemment. Par exemple, j’étais super fier de voir Randal participer à la Coupe du monde avec l’équipe de France. Je lui ai envoyé des messages, pour le féliciter pour son premier but avec les Bleus et puis aussi pour le soutenir après cette défaite en finale et les critiques qu’il a pu recevoir à cause de son face-à-face manqué. 

À ton départ du FC Nantes, tu tentes l’aventure dans ton pays natal, le Pérou, au Club Sporting Cristal. Pourquoi ? Forcément, l’affectif a pesé dans la balance. J’ai pu retrouver mon pays, ma famille. C’était aussi un choix sportif. Je suis arrivé dans un très grand club (troisième club péruvien le plus titré du pays, NDLR), très certainement le mieux structuré du Pérou. Mais c’est vrai que sur les terrains, tout ne s’est pas passé comme prévu (Percy Prado ne jouera que 249 minutes avec les Cerveceros, NDLR). Ça restera une superbe expérience de vie que je n’oublierai jamais.

L’appel de Nantes a été trop fort pour ne pas revenir ensuite ? Je suis né au Pérou et je suis ensuite rapidement arrivé à Nantes. Donc je me sens nantais à 100%. J’ai grandi dans cette ville, j’ai tout fait dans cette ville, j’ai ma famille qui est dans cette ville et aussi mes amis. Je ne me voyais pas revenir ailleurs en France qu’à Nantes. C’était Nantes et rien d’autre.

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