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Pepe, le crève-cœur madrilène
Grand artisan de l’année 2016 merengue, le défenseur central portugais pourrait changer d’air à l’été prochain. Seul joueur en fin de contrat de la Casa Blanca, il hésite entre les offres pécuniaires de Chine et la volonté de Zidane de le conserver. Le Real, lui aussi, s’interroge sur le bien-fondé de conserver un joueur aux bientôt trente-quatre printemps.
Deux par deux. Présent au Japon bien que blessé, Pepe y complète sa série de deux breloques dorées par compétition remportée sous le maillot merengue. Ainsi, en plus de ses deux Liga, deux Ligues des champions, deux Coupes du Roi, deux Supercoupes d’Espagne et deux Supercoupes d’Europe, le défenseur central portugais compte désormais deux Mondiaux des clubs. Un palmarès qui affiche salle comble, donc, mais qui pourrait ne plus grossir en mai prochain. Car, Asie toujours, le natif de Maceio semble sur le point d’accepter une offre faramineuse venue de Chine : dix millions d’euros la saison pour un bail d’au moins deux exercices. À six mois de la fin de son contrat avec le Real Madrid, il peut d’ores et déjà commencer à préparer ses cliques et ses claques. Un départ qui serait vécu comme un camouflet pour un Zinédine Zidane – militant principal pour sa prolongation au sein de la Casa Blanca – qui se retrouve bien seul face à sa direction. C’est qu’à bientôt trente-quatre ans, Pepe n’a plus la confiance de Florentino Pérez et ses sbires qui lui préféreraient la jeunesse de Jesus Vallejo, actuellement en prêt à Francfort. Une page s’apprête à se tourner au Santiago Bernabéu.
Chien de garde de Mourinho, agneau d’Ancelotti
Ni espagnol, ni madrilène, ni formé au club, Képler Laveran Lima Ferreira n’en reste pas moins un joueur qui occupe une place particulière dans les cœurs madrilènes. Depuis bientôt une décennie, il occupe l’axe de l’arrière-garde blanche. Une longévité à faire pâlir Pavon et Woodgate pour celui qui, dès son arrivée, interroge pourtant toute la nébuleuse du Santiago-Bernabéu. Recruté contre un pactole dépassant les trente millions d’euros, il truste d’abord les unes des quotidiens pour son appartenance à un fonds d’investissements, ce qui ajoute un zeste de polémique à l’opération. Et comme un problème n’arrive jamais seul, il se distingue sur les prés par un comportement à la limite du supportable. Point d’orgue de cette mauvaise adaptation, il disjoncte lors d’une réception de Getafe et se mue en psychopathe. Un épisode qui, en plus d’une lourde suspension, lui vaut une réputation de boucher. « J’ai purgé ma peine et, à partir de là, tout le passif de cartons et d’expulsions que j’avais a disparu » , plaide-t-il, à raison, sur les ondes de la Cadena Cope.
Dès lors, le sanguin portugais entame une seconde carrière au Real Madrid qu’officialise José Mourinho lors de son départ à l’été 2013. Car chien de garde du Special One, Pepe devient l’agneau de Carlo Ancelotti. Pourtant, mis au ban lors de la fin de règne de son compatriote lusitanien, la faute à un soutien public envers Iker Casillas, il pense plier les gaules et quitter la capitale castillane. « Mais Pepe est Pepe, éclaircit l’entraîneur italien lors de son premier exercice sur le banc madrilène. Je ne me rappelle pas qu’il ait fait une erreur cette saison. Il apporte de la sécurité derrière, de la confiance et de la personnalité, surtout pour les jeunes défenseurs. Pour eux, c’est un soutien très important. » De fait, il devient le défenseur central le plus propre de l’effectif merengue, que ce soit en matière de fautes ou de cartons reçus. C’est bien simple, depuis le départ de Mourinho, Pepe n’a écopé que de vingt-six biscottes jaunes et n’a pas été expulsé la moindre fois. Plus que de tenir la comparaisons avec Sergio Ramos ou Varane, Pepe devient l’élément central de l’assise défensive madrilène.
Zidane : « Il a écrit l’histoire de ce club »
Surtout, comme l’évoque Ancelotti, Pepe tient un rôle d’éducateur avec les jeunes Varane et Nacho. Des scènes répétées à chaque séance auxquelles assiste Zinédine Zidane, alors adjoint de Don Carletto, et qu’il espère voir se répéter encore un an et demi, au moins, avec le jeune Jesus Vallejo. Révélation de la Bundesliga avec l’Eintracht Francfort, où il est prêté pour cet exercice, l’ancien de Saragosse est appelé à prendre la relève du Portugais au sein du Real Madrid. Un souhait partagé par l’entraîneur et sa direction, à la différence près que Florentino Pérez et son entourage ne souhaitent pas prolonger Pepe que pour un petit exercice. Même si le Marseillais fait le nécessaire pour draguer son poulain – « Il est ici depuis dix ans, il a écrit l’histoire de ce club et je veux qu’il continue avec nous » –, il devrait rapidement être confronté à la décision irrévocable de son président qui compte sur le quatuor Ramos-Varane-Nacho-Vallejo pour la saison prochaine. Le compte à rebours de son départ semble déjà avoir commencé. Dommage, après une décennie de succès, ce qui ne devrait empêcher l’international portugais de décupler son salaire en partant vers la Chine.
Par Robin Delorme