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- Ballon d’or 2016
Pepe, c’est toi qui le méritais
Cristiano Ronaldo ? Antoine Griezmann ? Lionel Messi ? Aucun d’eux n’arrive cette année à la cheville du défenseur portugais, qui aurait dû recevoir le trophée si la logique avait été respectée.
Pour le cerveau des footix, il reste ce rude défenseur aux pieds carrés. Ce méchant bonhomme à la tête de taulard. Ce pseudo-footballeur coupable de gestes inacceptables, symbolisés par un excès de folie un 21 avril 2009, durant lequel il martyrisa un joueur de Getafe, alors que ce dernier était au sol. Voilà à quoi Pepe, trente-trois ans, était et semble encore être réduit. Sinon, comment expliquer que le nom de l’arrière central n’ait pas accompagné celui de Cristiano Ronaldo, d’Antoine Griezmann ou de Léo Messi quand il était question du Ballon d’or 2016 ces dernières semaines ?
Képler Laveran Lima Ferreira aurait évidemment mérité ce trophée et vaut bien davantage que ce faible crédit que lui confère la masse populaire. Si pour certains, Pepe n’est né que le 21 avril 2009, sa carrière vient certainement de connaître son apogée. Forcément, les aveugles n’ont rien vu et tout le monde a préféré regarder ailleurs. Reste que le meilleur joueur de l’année 2016 était là, devant leurs yeux faussement masqués. Lorsque les larmes de Ronaldo ont ruisselé le long de ses joues une première fois le 10 juillet, date de la finale de l’Euro, aucun Portugais ne s’est inquiété. Pourquoi ? Parce que leur véritable patron officieux restait bel et bien sur la pelouse. Il se trouvait juste devant Rui Patrício et avait déjà réalisé une compétition à la hauteur de sa valeur réelle. Autrement dit exceptionnelle. Il mordit dans un crochet d’André-Pierre Gignac deux heures plus tard ? Et alors ?
Même Ronaldo a reconnu l’évidence
Avant de remporter le premier grand titre des Lusitaniens, Pepe s’était d’abord distingué en glanant la Ligue des champions, au détriment de Griezmann, encore, dans une saison où Raphaël Varane n’avait aucune chance de lui grappiller sa place de titulaire. Indispensable dans le onze type du Real sous Zinédine Zidane, José Mourinho ou Carlo Ancelotti, Pepe n’a jamais revendiqué quoi que ce soit, mais s’est toujours sacrifié pour les siens. 2016 n’a pas fait exception à la règle. « Selon moi, Pepe a été monstrueux cette année. C’est certainement sa meilleure saison. Il a sans aucune doute été le joueur portugais le plus performant et l’un des meilleurs joueurs du Real Madrid en Ligue des champions, a même admis son coéquipier Ronaldo, bien conscient aujourd’hui d’avoir volé le Ballon d’or à son compatriote et sachant pertinemment qu’il ne serait pas grand-chose sans son bouclier. Je suis ravi qu’il ait été élu dans l’équipe du tournoi de l’Euro. Pour moi, il méritait même le titre de meilleur joueur. »
Abonné aux équipes types
Une année ne représente pas une carrière, et ne suffit pas pour l’obtention du titre individuel suprême, siffleront ceux qui se croient perspicaces. C’est vite oublier qu’avant 2016, Pepe faisait aussi partie de l’équipe type de l’Euro 2012. Et de celle de l’Euro 2008. Qu’il fut champion du Portugal en 2006 et 2007. Qu’il est double champion d’Espagne. Qu’il avait déjà triomphé en Ligue des champions il y a deux ans. Qu’il avait pris place dans l’équipe type de C1 en 2012. Et dans celle de 2014. Quelqu’un a parlé de palmarès ou de longévité ? Sa réputation de mauvais garçon, pour terminer. Soumis aux projecteurs braqués sur sa personne, quasiment mis sur écoute par les arbitres, Pepe a toujours assumé. Les coups de vice à la Sergio Busquets ou Thiago Motta, très peu pour lui. Alors oui, ses gestes répréhensibles – qui n’en demeurent pas moins nécessaires à la gagne de son équipe – sont moins discrets. Oui, Pepe a parfois disjoncté. N’empêche qu’il s’est assagi. S’est purifié même. Jamais expulsé depuis la saison 2011-2012 (excepté une minuscule fois en 2014 avec le Portugal en raison d’une simulation de Thomas Müller), le natif de Maceió est désormais un défenseur propre. Même carrément sexy dans son domaine. Il est en tout cas devenu un joueur modèle, et donc plus que légitime au Ballon d’or.
Par Florian Cadu