- C1
- Finale
- Man City-Chelsea (0-1)
Pep Guardiola, la dizaine inférieure
Meilleur entraîneur européen au tournant des années 2000-2010, Pep Guardiola boucle ce samedi soir, après la finale de Ligue des champions perdue par Manchester City contre Chelsea (0-1), dix ans d'échecs dans la compétition. Et pour sa première à ce niveau, le champion d'Angleterre s'est liquéfié à Porto.
C’est un moment qui résonne beaucoup plus fort depuis ce samedi soir et la victoire du Chelsea de Thomas Tuchel sur le Manchester City de Pep Guardiola, en finale de C1 (1-0) : un soir d’octobre 2014 sur une table du Schumman’s, établissement réputé du centre de Munich, les deux hommes avaient fait connaissance, autour d’une bectance et de Michael Reschke, alors que le double T sortait de son expérience à Mayence et que le Catalan venait de rafler son premier titre de champion d’Allemagne à la tête du Bayern. Un instant entre amoureux du jeu, et consacré à celui-ci, au cours duquel Tuchel avait tenu à disséquer – à l’aide de morceaux de sucre et des couverts qu’il avait sous la main – les méthodes d’un confrère qu’il avait déjà affronté à plusieurs reprises et comptait parmi ses principales influences.
Des choix et un bisou
On ne sait pas si l’ancien chef d’orchestre du Barça s’est remémoré cette entrevue, au moment de retrouver l’Allemand à Porto sur la dernière marche de la Ligue des champions. Toujours est-il que six ans et demi plus tard, c’est Tuchel qui a donné la leçon à son aîné de trois ans. 2012-2013 avec le Barça, entre 2013-2014 et 2015-2016 aux commandes du Bayern, de 2016-2017 à 2020-2021 avec City : il s’agit du neuvième échec de rang dans la compétition pour l’ancien milieu défensif, qui avait pourtant commencé sa carrière d’entraîneur en la pliant deux fois sur un intervalle de trois ans (2009 et 2011), mais n’a toujours pas réussi à réitérer la chose loin de Barcelone. L’échec est également important pour le MCFC, treize années après le passage sous pavillon émirati et le changement de dimension du club et cinq ans après sa seule apparition dans le dernier carré de la coupe aux grandes oreilles.
Cette fois, la route semblait presque tracée pour le champion d’Angleterre, qui touchait enfin son rêve du doigt après avoir coulé Dortmund (2-1, 2-1) et Paris (2-1, 2-0) précédemment. Despotique en demies contre Paname, Man City n’a rien eu du favori attendu, lors de cette finale, lui qui a l’habitude de confisquer le cuir et dicter le rythme de ses rencontres à l’accoutumée, comme face à Tottenham en finale de League Cup il y a un mois (1-0). Guardiola n’a pas vraiment remporté son ambitieux pari de plonger dans cette finale sans numéro 9 (Gabriel Jesus et Kun Agüero démarrant sur le banc) et sans numéro 6 (avec le trio Silva-Foden-Gündoğan préféré à Rodri et Fernandinho) : avec un Riyad Mahrez moins en vue que face au PSG et le guide Kevin De Bruyne perdu aux avant-postes, déchu et rapidement envoyé au tapis, le rouleau compresseur skyblue a été méconnaissable, prenant des vagues en première période, se faisant marcher dessus dans l’entrejeu et bafouillant son football au moment de forcer la décision.
Guardiola bacia la medaglia del secondo posto. Non si vede spesso. #UCLfinal pic.twitter.com/AHH4pnT2JH
— Sergio Chesi (@sechesi) May 29, 2021
Symbole de l’assurance retrouvée de ce City lors de cet exercice 2020-2021, le pur sang Rúben Dias a bien été obligé de s’incliner lorsque, aspiré par la sangsue Timo Werner sur un appel extérieur, il a vu Kai Havertz plonger dans son dos plein axe et couler les Citizens juste avant l’entracte (avec l’aide d’Oleksandr Zinchenko, il est vrai). Très à l’aise sur ses terres où la routine du championnat le laisse souvent faire sa loi, l’escouade mancunienne n’a jamais maîtrisé son sujet. Le tacticien, que l’on a vu embrasser sa médaille de deuxième, n’est pourtant pas apparu abattu au coup de sifflet final au micro de RMC : « C’est un très beau parcours pour nous, on a fait un bon match et une grande saison. Les joueurs ont tout fait, parfois ça passe, parfois pas. Je ne suis pas surpris par l’intensité qu’ils ont mis. On va apprendre, on reviendra. » En cas de besoin, il pourra toujours demander conseil à un certain Thomas Tuchel.
Par Jérémie Baron