- Angleterre
- Manchester City
Pep Guardiola à Manchester City jusqu’en 2027, pour quoi faire ?
Après un temps de réflexion, Pep Guardiola a décidé de prolonger son contrat avec Manchester City jusqu’en 2027. Si cette décision peut sembler logique, tant les Skyblues roulent sur la concurrence, on peut tout de même s’interroger sur ce qui pousse le technicien catalan à rempiler.
Après neuf saisons avec Pep Guardiola sur le banc de Manchester City, l’armoire à trophées déborde : 18 trophées majeurs, dont 6 titres de Premier League et une Ligue des champions. À la suite de ces travaux colossaux, il serait normal que l’entraîneur de 53 ans ait envie de souffler ou de se lancer un nouveau défi. Mais finalement non. Jeudi soir, l’Espagnol a officiellement prolongé de deux ans son aventure avec les Skyblues. Mais qu’est-ce qui motive encore Guardiola ?
L’art de partir au bon moment
Les statistiques depuis son arrivée sont déroutantes : 353 matchs remportés sur 490 dirigés, donc 72% de victoires et 1 239 buts marqués, soit une moyenne de 2,52 buts par match. Qu’importent les chiffres, le génie de Guardiola n’est plus à démontrer. Mais pour la première fois depuis qu’il a quitté ses terres catalanes, son navire a été égratigné avec 4 défaites consécutives. Le dicton dit : « C’est dans la tempête qu’on reconnaît un vrai capitaine. » Il n’en fallait pas plus pour que l’Espagnol replonge. « Depuis le début de la saison, j’ai beaucoup réfléchi. Je pensais que cette saison devait être la dernière. Mais avec les problèmes que nous avons eus le mois dernier, j’ai pensé que ce n’était pas le moment de partir, a-t-il déclaré pendant une interview réalisée par City lors de sa prolongation. J’aurais laissé tomber le club. C’est aussi simple que cela. Peut-être que les quatre défaites ont été la raison pour laquelle j’ai senti que je ne pouvais pas partir. J’ai senti que le club me voulait toujours et comme nous sommes toujours ensemble, j’ai signé. »
On peut croire que ce déclic est sincère, mais c’est un peu gros tout de même. Oui, la dynamique n’est pas bonne à City, mais difficile d’être inquiet pour un club qui n’est qu’à cinq points du leader Liverpool et qui, rappelons-le, a remporté six des sept dernières éditions de la Premier League. S’il a ironisé en assurant qu’il restait aussi pour la météo, le ton n’a pas toujours été à la rigolade ces derniers mois pour l’entraîneur de City. Outre ses sorties médiatiques où il semble à chaque fois plus agacé, Pep et son club sont embourbés dans un bras de fer juridique avec la Premier League, qui a relevé près de 115 violations présumées des règles de fair-play financier et risque même une relégation administrative. À ce sujet, Guardiola a été clair ce vendredi devant les journalistes : « Si le club est relégué, je serai là. »
The journey continues 🩵 pic.twitter.com/8aluupvQw9
— Manchester City (@ManCity) November 21, 2024
Dans les pas de Sir Alex Ferguson ?
Face à ces difficultés et malgré tous les succès accumulés, la quête des records doit être sa principale source de motivation. Ses accomplissements sont déjà impressionnants, mais cela n’est jamais assez pour ce boulimique de victoires. Finalement, il n’est « plus qu’à » 97 rencontres de battre le record de longévité de Les McDowall (coach des Skyblues entre 1950 et 1963) et à 21 trophées de faire mieux que Sir Alex Ferguson avec le rival historique Manchester United. Il est important de le comparer à ce mastodonte, puisque face à ses confrères de Premier League, son avance est indécente : il pourrait perdre ses 26 prochains matchs de championnat d’affilée et avoir toujours le ratio de points le plus élevé de tous les managers de l’histoire du championnat.
Mais à quoi bon ? Quel est le sens derrière tout cela ? Surtout que l’outrageuse domination de City commence à lasser le public, au point que des premières critiques commencent à se faire entendre sur le jeu proposé par le manager catalan. Financièrement, la soupe est forcément plutôt bonne du côté de l’Etihad Stadium (il était à 20 millions de livres par an avant la prolongation). Peut-être que la dimension humaine a joué un rôle dans cette prolongation. Bien que présenté comme quelqu’un de très spécial, voire d’obsessionnel, par les observateurs, Guardiola a fendu l’armure la saison dernière en pleurant lorsque Clive Wilton, responsable des installations du club mancunien, a annoncé être atteint d’un cancer. Les réels motifs de son choix ne seront pas connus, du moins pas dès maintenant. En tout cas, il assure être à l’écoute de ses envies : « J’ai eu le sentiment que nous devions prendre les bonnes décisions pour l’avenir. J’aime être ici. J’aime mon travail. Dès que je n’aurai plus ce sentiment, même sous contrat, j’appellerai mon président et mon directeur général pour leur dire que le mieux pour le club en ce moment, c’est que je parte. » En attendant, Manchester City peut se targuer de conserver sur son banc le meilleur entraîneur du monde jusqu’en 2027. Pour quelle réussite ? On le saura bien assez vite.
Par Thomas Morlec