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Pep et Mou, l’éloge de la folie

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Pep et Mou, l’éloge de la folie

José Mourinho et Pep Guardiola sont très différents. La preuve l'un est chauve, l'autre est gris. Mais ils ont un point en commun. Ces deux-là sont des bêtes de scène. Tentative de décryptage.

Mourinho et Guardiola ont fait d’un exercice imposé –la conf de presse d’avant-match– une discipline artistique dont ils sont les meilleurs interprètes. Cette semaine les deux principales écoles se sont à nouveau affrontées. D’un côté, l’école pragmatique –on me pose une question, je réponds à une autre– représentée par Mourinho. De l’autre, l’école dogmatique dont le leader spirituel est le gourou Guardiola –je réponds toujours à la même question, la mienne. Résultat, personne ne comprend plus rien. Mais l’essentiel est ailleurs. Samedi, la terre a tremblé en Espagne. Il était 14 heures, Pep et Mou sortaient de leur conférences de presse respectives. Ces types sont des génies de la communication. Ou alors ils sont fous. Ou bien les deux.

L’Ecole Mourinho base son apprentissage sur deux principes fondamentaux : 1. Détourner l’attention pour mieux appliquer le principe suivant –2. Rendre coup pour coup. Exemple : le Real doit-il recruter un troisième attaquant ? « Si tu pars à la chasse avec un chat, tu chasses moins. Si tu pars avec un chien, c’est mieux » . En deux phrases, Mourinho a répondu à trois questions: 1. Benzema n’est pas encore au niveau d’Higuain. 2. Il a besoin d’un troisième attaquant. 3. Il se décharge de la responsabilité d’une future blessure du Benz. C’était quoi la question déjà ? Autre exemple : la semaine dernière en conf, c’est sa grand-mère qui a servi à répondre aux critiques d’une bonne dizaine de ses confrères, agacés par l’omniprésence médiatique de l’hypercoach : « Ma grand-mère est morte il y a longtemps. Mais elle me disait toujours : si les gens t’envient, réjouis-toi » . Donc Mou est heureux. Pas un mot sur les errements tactiques madrilènes contre le Barça. Mission accomplie.

En face, l’Ecole Guardiola est plus subtile car elle repose sur deux principes contradictoires : 1. Se mettre au centre de tout, façon bouclier –2. Faire semblant de n’y être pour rien. Exemple : Avant le match de dimanche soir, l’équipe de Pep est au milieu d’une série d’un autre temps : 21 buts marqués en 5 matchs, 0 encaissé. En outre, ses trois meilleurs joueurs sont sur le podium du Ballon d’Or. Allez Pep dis-le, le Barça c’est la meilleure équipe du monde, non ? « Cette équipe a toujours marqué beaucoup de buts tout en cédant très peu d’occasions à ses rivaux. Pourquoi nous enchaînons trois goleadas d’affilée ? Aucune idée. Disons que c’est de la chance et gardons notre calme le jour où le ballon ne rentrera plus » . Les yeux grand ouverts, le col roulé mauve moulant et le crâne luisant, Pep est le Raël blaugrana. Peu importe ce qu’il dit, le Barça c’est lui. Après Pep, le déluge.

Quand les deux compères attrapent le mic, on a un peu de mal à suivre, car on parle de beaucoup de choses mais rarement de football. Alvés s’est moqué de Mou cette semaine : « On a l’impression qu’il a inventé le football » rigolait-il sur Cuatro. Le coach portugais lui répond en parlant d’Einstein et de Pedro Alvares Cabral : « Ce qu’a dit Alvés, c’est encore plus fort qu’Albert Einstein. Il a raison, ce n’est pas un Portugais qui a inventé le foot. Par contre, c’est un Portugais qui a découvert son pays » . Personne ne comprend, mais tout le monde rigole. Quant à Pep, il s’emmêle les crayons au moment de donner son opinion sur la Fondation du Qatar, nouveau sponsor maillot de son équipe : « Le Qatar est un pays beaucoup plus ouvert qu’on ne pense. C’est un pays très sûr. Là-bas, les gens ont toutes les libertés du monde, celles fixées par leur gouvernement. C’est vrai que les femmes et les hommes sont séparés, mais ce sont les règles fixées par leur religion » . En gros Qatar Fondation, c’est aussi classe qu’Unicef, et pis c’est tout ?

Il va falloir attendre –au plus tard– le Clasico du 16 avril pour voir les deux gourous prêcher chacun leur tour dans la même chapelle. Mais peu importe car ce soir, Pep reçoit la Real Sociedad en leader et Mou se déplace à Saragosse pour tenter de s’accrocher au derrière culé. Rien ne devrait avoir changé à la fin de cette journée. Pep ne reconnaîtra jamais la supériorité de son Barça (principe 2 : n’y être pour rien) et Mourinho préfèrera parler de son père plutôt que de sa défense centrale (principe 1 : faire diversion). Il ne restera plus qu’à s’asseoir et admirer les trésors de rhétorique et les circonvolutions d’usage. Les vraies stars, ce sont les coachs. Les vrais fous, ceux qui les croient.

Thibaud Leplat, à Madrid

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