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Penneteau : « Charleroi, ça ressemble un peu au Chaudron »

Propos recueillis par Jacques Besnard
7 minutes
Penneteau : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Charleroi, ça ressemble un peu au Chaudron<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après plus de 440 matchs de Ligue 1, Nicolas Penneteau (trente-cinq ans) a traversé la frontière il y a trois ans pour terminer sa carrière au Sporting de Charleroi, là où il a pour doublure Parfait Mandanda. Le gardien corse balaye tout ce qui traîne dans sa surface de réparation : l'ambiance dans les stades belges, la chaleur du vestiaire valenciennois et Pascal Chimbonda. Entre autres.

Comment ça se passe à Charleroi ?Ça se passe bien, j’ai appris à connaître le groupe et le club qui est en train de bien se structurer avec des moyens qui sont pas énormes. Ici, j’ai retrouvé le sens des relations humaines qu’on avait perdu un peu les dernières années à Valenciennes. J’ai retrouvé ce charme-là. À Valenciennes, on avait construit quelque chose qui tenait la route pendant pas mal d’années avec Kombouaré et Montanier. Le club était dans une dynamique positive avec le stade, le centre d’entraînement… Sur les dernières années, au niveau du groupe, c’était plus difficile humainement. Certains sont arrivés avec une certaine mentalité qui ne collait pas à celle du club. Ils avaient du talent, mais pas la mentalité qu’il fallait.

Tu as failli retourner jouer en Corse après Valenciennes. Claude Makelele t’appelle, tu t’entraînes avec le club et puis finalement Bastia ne te prend pas. Pourquoi ?C’est simple. Les dirigeants de l’époque ne souhaitaient pas que je revienne. Au lieu de me le dire clairement, ils ont fait passer le message à Makelele alors que ce sont des gens que je connais, que j’ai côtoyés durant toute ma carrière et que je vais recroiser encore. On m’a laissé miroiter des choses et Makelele n’était pas au courant. Lui était content et il pensait que je pouvais relever le défi, mais il m’a dit clairement : « C’est pas mon choix, pas ma décision et je suis obligé de te l’annoncer… »

En 2006, au moment de quitter Bastia, tu as failli partir à Nantes et à l’époque, tu t’étais embrouillé avec Jean-Martin Verdi, l’ancien secrétaire général de ton club…On avait un accord. J’avais prolongé durant la saison pour avoir un bon de sortie et le club espérait un peu plus d’argent. Je savais que la proposition de Nantes n’évoluerait pas et je suis parti à Valenciennes pour la même somme qu’on a eue à Nantes. Finalement, c’était une bonne chose car Nantes est descendu l’année d’après.

Verdi était un cadre du FLNC Canal historique. Il y a un lien fort entre le foot et le nationalisme en Corse. Est-ce que ça joue sur l’équipe ?Il y a beaucoup d’amoureux de foot et beaucoup de politique, ça fait partie de la vie intégrante de l’île et je pense que les deux sont un peu liés, mais quand tu joues à Bastia, que tu es sur le terrain, tu ne ressens pas la pression politique qu’il peut y avoir derrière.
La Corse a mauvaise réputation dans les tribunes. Pascal Chimbonda avait été victime de racisme. À l’époque, tu avais expliqué qu’il n’avait pas tout fait pour s’intégrer. Tu confirmes ?Le contexte en Corse peut être compliqué. Il y a eu énormément de joueurs de couleur qui ont joué à Bastia et avec qui ça s’est très bien passé. Le problème de Pascal, c’est qu’il avait un comportement peut-être pas adapté pour notre club et notre île. Avec des qualités énormes, on le savait – il a été en équipe de France -, mais dans la mentalité, c’était très aléatoire que ce soit à l’entraînement ou en match. C’est dommage car on sentait les qualités qu’il avait et s’il n’avait pas ce côté un peu dilettante, un peu au-dessus des autres de temps en temps, il aurait pu faire une toute autre carrière. Il a été très bon, mais pas sur la durée, ça ne m’étonne pas. J’ai connu Essien et dans la mentalité, c’était différent : il était travailleur, respectueux, il voulait apprendre. Pour durer, il n’y a pas que le talent. C’est pour ça que j’ai été un peu dur avec lui.

En France, tu as disparu des papiers à la fin de ton passage à Valenciennes en 2014. Comment l’expliques-tu ?Oui et non.

Je pense que ma dernière saison a été mauvaise et on n’a retenu que ça de toute ma carrière.

Je pense que ma dernière saison a été mauvaise et on n’a retenu que ça de toute ma carrière. J’ai fait douze-treize ans en Ligue 1, une année en Ligue 2 avec Bastia, je pensais avoir une légitimité quand même sur la durée, j’ai toujours évolué dans des clubs qui jouaient le maintien, j’ai très souvent réussi à le décrocher, ce qui n’est pas facile quand on a des petits budgets. J’assumais ma saison difficile, mais je trouvais qu’on disait que j’étais fini alors que ce n’était pas du tout le cas.

À Charleroi, le gardien numéro 2 s’appelle Parfait Mandanda…Je suis arrivé ici avec beaucoup d’humilité. Le club cherchait quelqu’un pour épauler Parfait. Comme le club avait fait un mauvais début de saison, au bout de deux matchs, j’ai joué et je suis resté titulaire jusqu’à la fin de la saison. Il a des qualités naturelles au-dessus de la moyenne un peu dans le style de son frère. Un peu un chat, il a ce côté félin en lui. C’est un gardien très complet et qui est très performant à chaque fois qu’il a joué.

Lors du derby Charleroi-Standard l’an passé, les Liégeois t’ont lancé des pétards. Tu t’attendais à avoir des matchs aussi chauds ? (L’interview a eu lieu avant le derby du 4 décembre dernier. Match durant lequel Penneteau a reçu de nouveaux projectiles. Le match a d’ailleurs été arrêté)Charleroi-Standard, j’en avais entendu parler. Je savais que c’était chaud. Ça a été plus que chaud. Ça a été un peu à la limite. Le souci, c’est qu’on joue chez nous et que les supporters adverses étaient derrière le but. C’est rarement le cas.

En début de saison, on avait joué en Ligue Europa et j’avais pris un boulon du Beitar Jérusalem dans la tête.

En début de saison, on avait joué en Ligue Europa et dans le même but, j’avais pris un boulon du Beitar Jérusalem dans la tête. Là, il y avait quelques pétards. Il y a en a un qui a pété pas très loin de moi. Il y a toujours cette crainte, je suis dos à eux, je ne sais pas ce qui peut arriver. C’est dommage car les derbys sont chauds, ça me fait penser aux ambiances que j’ai connues en Corse quand on jouait contre l’OM, avec beaucoup de fumigènes, des tensions, c’était un peu électrique, mais ça n’allait jamais au-delà. Quand tu as la crainte au niveau physique qu’il peut t’arriver quelque chose d’important, tu y penses malgré tout. Un pétard, ça a déjà éclaté les mains d’un steward.

Charleroi, c’est un ancien bassin minier. Ça ressemble un peu à Lens, Saint-Étienne, Valenciennes… C’est ça. Beaucoup de valeurs humaines car il n’y a pas beaucoup d’argent. On sait les sacrifices que font les supporters pour s’abonner et pour pouvoir venir au match. C’est très difficile pour eux. Le seul moyen qu’on a, c’est de se donner à fond pour essayer de gagner des matchs. Ça me rappelle un peu Valenciennes, mais avec plus de ferveur ici. Franchement, ça ressemble un peu à un chaudron comme à Saint-Étienne alors qu’ils ne sont que derrière un but. On a un public exceptionnel, j’ai très rarement connu ça. J’ai le souvenir d’un match où on perdait 2-0 et les mecs, ils n’arrêtaient pas de chanter, ils ne nous ont jamais sifflés de tout le match. Avec eux, on arrive à revenir au score. Il y a vraiment une communion hyper sympa et c’est pour ça que j’ai continué à Charleroi. Je savais que c’était un championnat dur. Je suis également agréablement surpris du niveau qu’il y a ici.

Tu as trente-cinq ans. T’as déjà pensé à l’après-carrière ?J’ai déjà envie de passer mes diplômes d’entraîneur. J’ai envie de redonner ce que j’ai reçu et de transmettre ma passion. Aux jeunes ou aux plus vieux. Pourquoi pas rester ici ? Pour l’instant, je ne me vois pas arrêter ma carrière. Il me reste cette saison plus un an en option. Je me sens encore en jambes pour jouer quelques années parce que je prends du plaisir. Je me lève le matin, j’ai toujours envie d’aller à l’entraînement, d’être dans une vie de groupe, donc ça c’est positif. Le jour où ce ne sera plus le cas, j’arrêterai de moi-même.

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Propos recueillis par Jacques Besnard

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