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Pellè s’est fait un prénom
Il fait fureur auprès de la gent féminine pour son physique de latin lover, mais l’attaquant de la Nazionale déjà auteur de deux réalisations est surtout un joueur indispensable dans le dispositif de Conte.
Certains évoquaient le nom de Leonardo Pavoletti, meilleur buteur italien de la dernière Serie A avec 14 réalisations et présent dans la pré-sélection d’Antonio Conte, d’autres regrettaient que ce dernier n’ait pas pris en considération Andrea Belotti, pensionnaire du Torino qui a fini la saison en boulet de canon (11 buts lors de la phase retour). Enfin, il y avait même les irréductibles qui, devant le niveau historiquement bas des attaquants italiens, estimaient que Mario Balotelli avait tout à fait sa place dans les 23. Bref, la place de titulaire de Graziano Pellè à la pointe de l’attaque italienne n’enchantait pas grand monde malgré des statistiques tout à fait honorables avant le début de l’Euro (5 pions en 13 capes). C’était sous-estimer l’apport et le sens du sacrifice du bonhomme.
Travail de sape
« Si c’est moi qui joue, on dit que ce serait mieux qu’un autre joue, si je ne joue pas, on dit le contraire. J’ai l’habitude » , avait déclaré l’intéressé en conférence de presse après le match des coiffeurs face à l’Irlande, lors duquel le sélectionneur italien avait aligné Zaza-Immobile devant pour un rendu largement négatif. C’est à ce moment que beaucoup se sont rendu compte de l’importance de l’avant-centre de Southampton. Son mètre 94 qui permet de prendre quasiment tous les ballons aériens avec trois options, jeu en déviation pour son partenaire parfaitement complémentaire Éder, contrôle poitrine, balle au sol et ouverture sur les ailes pour Giaccherini ou Candreva, temporisation selon le scénario de la rencontre. Rien ne lui échappe, que ce soit face aux défenses belge, suédoise (un peu moins) et même espagnole composée de deux des meilleures individualités dans ce secteur, Ramos et Piqué. Ce n’est pas tout, le « pugliese » opère un travail défensif indispensable, sa grande carcasse ne le gêne pas dans ses déplacements et on le retrouve souvent le premier à presser (déjà 7 ballons récupérés), assez bas, également pour se mettre à disposition afin de venir chercher des ballons. Des prestations excellentes de par l’intensité, l’envie, le jeu en remise, la capacité à faire respirer et monter l’équipe et les quelques coups distribués en cas de nécessité. Des tâches défensives soigneusement exécutées et qui n’influent pas sur son efficacité offensive, au contraire.
Buts et pento
Pellè a été l’auteur de deux buts en trois matchs, ils sont d’ailleurs quasiment identiques (volée ou demi-volée), surtout, ils ont été inscrits dans les arrêts de jeu, ce qui prouve qu’il conserve assez de lucidité pour planter quand il le faut et tuer le match. Auteur pour le moment de 9 frappes dont 4 cadrées, Courtois puis De Gea ont dû s’employer pour aller dévier des têtes parfaitement placées (évidemment son point fort). Seule sa prestation face à la Suède a été insuffisante, comme toute l’équipe du reste, avec trop de déchets techniques et une unique tentative enlevée à l’entrée de la surface, mais le défi allemand ne lui fait pas peur et le duo Hummels-Boateng se fera aussi rentrer dedans, comme tout le monde. L’épopée Pellè, c’est donc l’histoire d’un garçon patient (il va sur ses 31 ans), dénigré en Italie et contraint de s’exiler aux Pays-Bas, puis en Angleterre pour réussir dans le métier. Lors du cycle précédent, Prandelli avait choisi de s’en passer, Conte a cerné le bonhomme et en a fait un joueur fondamental et une des belles surprises de cet Euro où tous les grands buteurs déçoivent. Lui non. Et pour celles (ou ceux) qui ne résistent pas à sa coupe au pento, son cœur est malheureusement déjà pris, et même celui de sa version poupée gonflable…
Par Valentin Pauluzzi