- Français de l'Etranger
Pelé: «Stromae est à la mode en Roumanie»
Steven Pelé est le genre de mec à qui les défis ne font pas peur. Exilé en première division roumaine, à l'Universitatea Cluj, le grand frère de Yohann vit de foot, d'amour et d'eau fraîche.
Steven, tu as quand même une certaine expérience du championnat français, t’as même joué une saison en Ligue 1 avec Istres en 2005 (27 matchs) ! On a envie de te demander ce que tu fais en D1 roumaine ? Un amour particulier pour les pays de l’Est ?
Ouais, ouais (Rires)! Non, disons qu’en France, j’avais fait le tour de la Ligue 2, j’avais joué en Ligue 1, et les difficultés économiques à Strasbourg ont fait que je n’ai pas eu de proposition intéressante. Et puis avec les blessures à répétition… J’avais des opportunités à l’étranger, les contacts étaient bons, donc j’ai foncé. Et franchement maintenant, je ne regrette rien. Mais je serais quand même resté volontiers en France : l’objectif, c’était la Ligue 1 !
Tes années françaises, t’en tires quand même du positif ?
Oui oui, bien sûr ! La France reste quand même un des championnats les plus attirants, même au niveau mondial. Il y a beaucoup d’étrangers qui viennent jouer en Ligue 1, beaucoup de bons joueurs y sont passés. Même la Ligue 2 c’est pas mal, c’est une sorte de tremplin.
T’es quand même un des seuls joueurs de foot à avoir pris un quadruplé de Matt Moussilou lors d’une défaite 8-0 à Lille avec Istres…
C’était un truc de fou ! A chaque fois qu’ils tiraient, c’était but ! Je jouais milieu ce soir là, c’était dingue ! Lille était injouable. Et Moussilou, même si après ça n’a pas trop marché, cette année la, il fait quand même une bonne saison. Mais bon… pour nous… la honte.
Si tu dois évaluer le niveau du championnat roumain, tu le comparerais à la Ligue 2 française ?
Le niveau est vraiment bon ! C’est beaucoup plus technique qu’en Ligue 2, c’est la tradition des joueurs de l’Est. Ça a toujours été comme ça. En revanche, physiquement, c’est beaucoup moins dur, les duels sont moins intenses. On privilégie vraiment la technique. Franchement, ça joue bien !
Le meilleur joueur avec lequel tu as joué ?
(…) Ah ben forcément, c’est en équipe de France jeune ! Je jouais avec Mexes et Djibril Cissé. C’était les deux plus talentueux. La dernière fois, on s’est revu sur un terrain, ça faisait plaisir de se retrouver, et vu qu’on se connaît, on sait qu’il n’y aura pas de casse. On a bien rigolé.
Le quotidien en Roumanie c’est comment ?
Ben ça ne change pas vraiment du quotidien français. En tant que footballeur, c’est entraînement le matin, ensuite j’amène ma fille à l’école, un nouvel entraînement ou un décrassage, et puis je vais chercher ma fille, on rentre, je retrouve ma femme. J’ai gardé le même rythme de vie qu’avant.
Tu fais quoi de tes journées quand il n’y a pas de match ?
Je m’occupe principalement de ma fille. En fait, on part souvent au vert avec l’équipe, donc il arrive que je ne sois pas à la maison pendant une semaine. Alors quand j’y suis, j’en profite un maximum. On fait des visites, des balades, on est allé à Bucarest, une très belle ville. Des amis viennent me voir aussi, et ils sont toujours agréablement surpris par la ville. Faut pas croire tout ce que les gens disent (Rires).
Et pour t’éclater, y’a de quoi faire à Cluj ?
Pour s’éclater, il y a tout ce qu’il faut ! Pareil qu’en France, sauf que la vie est deux fois moins chère. Des boites, des bars, des pubs, des restaurants… Et il y en a pour tout le monde: rock, rap, électro, house… Et puis c’est une ville étudiante donc très jeune. Il y a une bonne ambiance dans les rues malgré les 400 000 habitants, les jeunes font tout le temps la fête ! On écoute même un peu de son français… C’est « Alors on danse » de Stromaé qui était à la mode il n’y a pas longtemps. Moi ce n’est pas trop mon truc, je suis plus hip-hop !
« Je suis content pour le PSG »
L’adaptation n’a pas été trop dure ?
J’ai eu de la chance, ça a été plus simple pour moi car il y avait déjà deux Français au club qui m’aidaient pour la traduction. Bon après j’ai pris quelques cours et c’est venu tout seul. Pour l’adaptation il n’y a pas mieux. Et puis il y avait une bonne ambiance dans le groupe donc l’intégration s’est faite naturellement. En plus, l’hiver, on part souvent en stage intensif en Turquie, pendant 1 mois. Il y a beaucoup d’équipes de l’Est qui viennent se préparer là bas du coup on organise des tournois. L’ambiance est détendue, on apprend à mieux se connaître, c’est super sympa ! Et pour le reste, je vous dis, c’est quasiment pareil qu’en France, on n’est pas vraiment dépaysé.
L’autre club de Cluj joue régulièrement la coupe d’Europe. Vous souffrez de la domination de l’autre club de la ville ?
C’est tout le contraire ! Notre Cluj à nous, c’est le plus populaire. Et de loin. On vient d’avoir un nouveau stade de 30 000 places, il sera plein à chaque fois. Le CFR Cluj, même s’il joue parfois la Ligue des Champions, n’est pas ancré dans la ville comme on peut l’être. Ils n’ont que 2 000 supporters au stade, ça ne fait pas rêver ! Non, je suis vraiment bien tombé.
Ton meilleur souvenir en tant que footballeur ?
En fait il y en a 4. Il y a eu deux montées en Ligue 1 avec Istres et une au Mans. Sans oublier le titre de champion d’Europe des moins de 19 ans, en 2000, avec Méxes, Cissé, Roudet, Benoit Cheyou, Bernard Mendy, Givet, etc… On avait vraiment une belle équipe !
Tu manges quoi ? Français, roumain, italien, boites de conserve ?
(Rires) Globalement, c’est plutôt français et italien. Même au club, on mange comme en France : pâtes, poisson, poulet, crudités, etc. Après bien sûr, il y a des spécialités locales, souvent à base de soupe et de viande, mais bon… On va dire que je préfère manger italien !
En France, les Roumains connaissent quelques problèmes d’image… En Roumanie, ils sont vu comment les Français ?
Honnêtement, on ne fait aucune différence ici. Beaucoup de Roumains aiment la France, et beaucoup de Français vivent en Roumanie. Il y a énormément d’étudiants français à Cluj. On a une école de médecine et un consulat pour les étudiants en droit. Du coup, quand je me balade, ça résonne souvent français. Même les Roumains parlent un peu notre langue !
Y aura-t-il un après Cluj ?
Pour l’instant, l’idée, c’est de faire encore quelques années à l’étranger. Je suis en contrat jusqu’en 2013, pourquoi pas continuer en Roumanie vu que tout se passe bien ici. Après ça dépend du projet, de ce qu’on me propose, tant sur le plan sportif que sur le plan financier. Le rêve, bien sûr, c’est les Etats-Unis, pour le mode de vie. J’ai eu quelques contacts, on a parlé salaire et ça m’a un peu refroidi, même si le projet était intéressant. Financièrement c’est moins avantageux qu’ici… Sauf pour les stars !
Tu arrives un peu à suivre la Ligue 1 d’où tu es ? Tu penses quoi de ce début de saison ?
Ouais, je peux tout suivre, c’est facile ici, j’ai mon antenne et c’est bon ! Mis à part l’OM qui fait un début de saison incompréhensible, les gros sont au rendez-vous. Lyon, Paris, Lille. Je suis content pour le PSG, ils ont une belle équipe, devant ça fait très mal ! Mais ce sera serré jusqu’au bout, comme d’habitude.
Enfin on sait que tu es le grand frère de Yohann, actuellement à Toulouse et blessé. Il doit revenir bientôt. Une petit mot sur lui ?
Euh… Je l’ai au téléphone régulièrement, il devrait revenir à la mi-octobre, on verra ce que disent les médecins, donc … Bon courage quoi !
Propos recueillis par Samuel Paillet
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